SAMOIS-SUR-SEINE (77) : cimetière
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C’est évidemment d’abord en raison de la présence de Django Reinhardt que le taphophile se rendra dans le cimetière de Samois, mais très rapidement, il découvrira que non seulement le cadre de la petite nécropole est agréable, mais qu’elle recèle également d’autres tombeaux dignes d’intérêt.
L’emplacement actuel du cimetière date de 1832 (auparavant le vieux cimetière se trouvait à l’emplacement de l’actuel presbytère).
Curiosités
Dans ce cimetière se trouve plusieurs tombeaux aristocratiques russes : ceux de la famille Troubetzkoï-Orloff, apparentée à la famille impériale de Russie, qui résidait au Château de Bellefontaine. Parmi eux, le prince Nicolas Troubetskoï (1807-1874) qui, pendant la guerre de 1870, joua un rôle de médiateur avec les Prussiens pour éviter réquisitions et exécutions d’otages samoisiens et contribua aux dépenses de l’invasion. Y repose également le prince Nicolas ORLOFF (1827-1885), son gendre, qui fut ambassadeur de Russie en Belgique (1859-1869), dans l’Empire austro-hongrois (1869-1870), ambassadeur à Londres, puis à Paris. En 1875, il œuvra pour la paix auprès du Kaiser menaçant d’une reprise de la guerre [1]. Il participa à la constitution de l’Alliance franco-russe. S’y trouve enfin le prince Wladimir Nicolas ORLOFF (1869-1927), chef de la Chancellerie de campagne du Tsar, conseiller et ami de Nicolas II.
Quelques œuvres d’art :
- Bas-relief en bronze signé M. Binet sur la tombe d’A. Joly, ancien maire de la commune.
- Une statue par Henri Allouard, réplique exacte de celle qui se trouve sur la tombe de l’artiste au Père Lachaise, sur la tombe de la famille Sugg.
- Une tête en bronze sur la tombe Peroz.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Auguste ANDRIEUX (1829-1880) : peintre franco-belge qui se spécialisa dans les scènes de bataille.
Le peintre de mœurs Auguste BIARD (1799-1882). Il prit part à une expédition au Spitzberg et en Laponie avec sa femme l’écrivaine Léonie d’Aunet qui fut plus tard la maîtresse de Victor Hugo de 1843 à 1850 et qui fut emprisonnée deux mois pour flagrant délit d’adultère alors que son amant, en qualité de pair de France, était protégé.
Pierre BOURGEOIS (1904-1976) : industriel, dirigeant d’entreprise, producteur de télévision et de musique français, il eut un rôle important dans l’essor de l’industrie phonographique et de la télévision des années 1930 à 1970. Il fut en particulier PDG de Pathé-Marconi de 1949 à 1959.
Le peintre paysagiste et graveur Jules Edmond CUISINIER (1857-1917).
L’historien Paul FEYEL (1870-1942), qui fut directeur de l’Institut français de Varsovie.
Le peintre Léon Ambroise GAUTHIER (1822-1901). Il a peint la fresque du chœur de l’église de Samois en prenant des samoisiens pour modèles.
Edouard GUERBER (1870-1922) dit également Jean Thogorma (nom d’écriture donné par Moréas) : inspecteur des services vétérinaires de la Seine, il fut l’auteur d’essais littéraires et de poésies.
Auguste Emile HENNEQUIN (1838-1902) : rédacteur du journal Le Temps et auteur reconnu de critiques littéraires, il se noya à Samois alors qu’il se baignait en compagnie d’Odilon Redon.
Le peintre paysagiste Eugène JUMEAU (+1920).
Le guitariste Maurice LEGUIDCOQ (1928-1997).
Giuseppe LO DUCA (1910-2004) : écrivain, journaliste, critique d’art, il fut co-fondateur des Cahiers du Cinéma et l’auteur d’une Histoire du cinéma.
Le carrossier devenu industriel Gaston REVERCHON (1901-1982) qui transféra de Gentilly à Samois, à la fin des années 50, son atelier de fabrication d’autos tamponneuses et développa d’autres types de manèges dont le succès permit d’employer dans les années 70 jusqu’à 270 employés, fabriquant plus de 2000 voitures et une cinquantaine de manèges par an.
Le juriste Emile SCHAFFHAUSER (1900-1991) qui participa, avec le bâtonnier Labori, connu pour son implication dans la défense du capitaine Dreyfus, à la préparation de la loi votée par le parlement le 14 avril 1915 « autorisant pour les mobilisés le mariage par procuration ».
Alfred TATTET (1809-1856), propriétaire du château de la Madeleine à Samois, qui fut l’ami de toujours d’Alfred de Musset qu’il reçut souvent en ce lieu et quelquefois sans doute en compagnie de Georges Sand. Il repose dans un coin du cimetière, dans un enclos séparé du reste de la nécropole par un muret en briques, dans un tombeau familial surmonté d’une grande croix. Y repose également son gendre, le général Adolphe Jules TILLIARD (1816-1870), qui fut tué à la bataille de Sedan.
Entre le jazz et la noblesse au cimetière de Samois-sur-Seine
Sources :
On consultera également l’article d’un lecteur du site, Jean-Michel Saincierge, qui constitue un très bon complément à cet article, en particulier concernant des personnalités à la renommée plus locale : Entre le jazz et la noblesse au cimetière de Samois-sur-Seine
[1] Son père était celui à qui le cuisinier français Urbain Dubois dédia sa recette du « veau Orloff ».
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