NANTES : la médiatisation du patrimoine funéraire
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Il faudra que je retourne dans les cimetières nantais : ils sont très riches et j’avais peu de temps la fois où je m’y suis rendu. A défaut d’avoir pour l’instant rédigé les articles de fond sur ces cimetières, j’ai décidé de mettre en avant une ville qui par son site internet, relayé par la presse locale, sait valoriser son patrimoine funéraire. Dans ce domaine, Eric Lhomeau et Karen Roberts sont auteurs de trois ouvrages sur les cimetières de Nantes : deux sur la Miséricorde et un sur la Bouteillerie. Seul petit bémol : en dehors des librairies locales, il semble bien difficile de se les procurer !!!
Suivent ici plusieurs articles faisant la promotion des dits ouvrages, mais donnant surtout pas mal d’informations sur un patrimoine funéraire riche.
Article d’Ouest France du 15 septembre 2010 :
Éric Lhomeau exhume des noms oubliés - Nantes
Le second tome du guide du cimetière Miséricorde vient de paraître. Quarante figures nantaises enterrées dans le Père Lachaise nantais y sont mises en exergue. Y sont enterrées quelques personnalités nantaises des siècles passés. Certaines demeurent célèbres ; d’autres sont totalement oubliées. Dans leur tome II du guide du cimetière Miséricorde qui vient de sortir, les Nantais Eric Lhomeau et Karen Roberts exhument de l’oubli éternel quelques figures.
Comme dans le premier tome, Eric Lhomeau écrit la petite histoire des Nantais. Son opuscule contient près de 40 noms : des illustrateurs et décorateurs, sculpteurs, architectes, compositeurs et musiciens, militaires, écrivains, des naturalistes aussi. À chaque fois, par le texte et la photo, il rappelle leurs faits d’armes et brosse leur profil, à grands traits en citant moult archives et écrits.
- Eric Lhomeau devant la tombe de Pierre Garnier.
De ces 40 noms, nous avons extrait trois personnes qui ont eu des destinées hors du commun. Pierre Garnier (1756-1827) fut baron impérial. Il participa en particulier le 10 août 1792 à l’assaut des Tuileries, où la famille royale s’était réfugiée. Ce Marseillais de naissance est donc enterré à Nantes où il vécut ses dernières années. Sa sépulture à Miséricorde se remarque de loin. C’est une colonne ornée d’une boule.
Le naturaliste Lieutenant de vaisseau Antoine Heirisson (1776-1834), lui, a donné son nom, à des îles australiennes, « des petites îles bases », découvertes lors d’un voyage en Terres Australes.
Troisième personnage que nous avons choisi d’extraire du livre d’Eric Lhomeau, Mathurin-Julien Groleau (1734-1806) est un Nantais bon teint ; dont l’intervention a peut-être permis de sauver la cathédrale de Nantes de la destruction. Rien de moins... En fait le 9 messidor an IV, le citoyen Fleury aîné et ses associés adressèrent aux administrateurs du département de la Loire-inférieure une pétition tendant à obtenir « l’église de la ci-devant Cathédrale de Nantes pour la démolir », dans le but « de prolonger la rue du Département (rue Royale) jusqu’au Château ». Mathurin Julien Grolleau, ingénieur de la voirie, fut chargé d’examiner les prétentions des pétitionnaires. En homme sage il opposa des réserves techniques et fit valoir que la cathédrale avec ses deux tours, constituait un observatoire astronomique et planisphère fantastique et aussi « dans cette guerre » (sous entendu contre les royalistes), un donjon pour surveiller l’ennemi « dont l’utilité a déjà été reconnue. »
Voici donc trois exemples de personnages qu’Eric Lhomeau et Karen Roberts font connaître. Les deux auteurs rappellent ainsi à notre mémoire que les cimetières sont des lieux d’histoires et que l’on peut s’y promener un guide à la main.
Guide du cimetière Miséricorde de Nantes, tome II. Eric Lhomeau et Karen Roberts. 13 €. En vente dans les principales librairies de la ville.
Article de PresseOcean.fr du 15 septembre 2010 :
Miséricorde : illustres oubliés
Eric Lhomeau publie cette semaine le deuxième tome du guide du cimetière Miséricorde. Créé au XVIIIe siècle, le cimetière Miséricorde permet au promeneur qui s’y intéresse une plongée dans le Panthéon des artistes et hommes illustres de Nantes.
- La stèle de George Barbier.
Passionné d’histoire, le Nantais Eric Lhomeau déjà auteur d’un guide du cimetière de la Bouteillerie et d’un autre du cimetière Miséricorde vient de sortir un deuxième tome consacré à ce Père Lachaise nantais. Il s’est plus particulièrement attaché, cette fois, aux artistes. Et de citer parmi les plus prestigieux George Barbier (1882-1932) considéré comme l’un des grands illustrateurs du mouvement Art déco ou l’architecte lithographe Alfred Guesdon (1808-1876) passé maître dans l’art de la reproduction des villes en vue cavalière. Ces deux Nantais célèbres côtoient d’autres compatriotes non moins illustres à l’exemple du compositeur Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910), des sculpteurs Amédée Ménard (1806-1879), Georges Bareau (1866-1931) à qui l’on doit une oeuvre alégorique à la gloire de Victor Hugo, la Vision du poète visible au Petit Palais, ou encore Jorj Robin (1904-1928). Mais cette nouvelle approche historique ne s’arrête pas aux seuls artistes. Elle s’aventure également dans le domaine de personnalités marquantes, comme celle du zouave Guérin (1838-1860).
Guide du cimetière Miséricorde (tome II), Eric Lhomeau et Karen Roberts, Le Veilleur de Nuit. 90 pages. 13 €.
Article de maville.com du 12 mai 2010 :
La tombe d’un négrier suisse
Le Nantais Eric Lhomeau a retrouvé la piste de ce « Riedy » qui a notamment armé le bateau « L’Affriquain » en 1783.
Il s’appelait Jean Georges Riedy et vivait à Nantes. Il a participé à la déportation de 3 000 Africains.
Inlassable arpenteur du cimetière Miséricorde à Nantes, Eric Lhomeau a mis la main sur une tombe peu commune, celle d’un armateur négrier de nationalité suisse. Un certain Jean Georges Riedy. La Suisse a longtemps nié avoir participé à l’esclavage. C’était encore, en 2001, la position officielle que le Conseil fédéral (exécutif suisse) avait prise. Quatre ans plus tard, un historien Bouda Etemad et un livre « La Suisse et l’esclavage des Noirs » révélaient que des ressortissants helvétiques avaient officié armateurs ou comme intéressés. Les Suisses ont ainsi participé à près d’une centaine d’expéditions, entraînant la déportation de 18 000 à 25 000 personnes de 1773 à 1830.
« L’Affriquain » en 1783
À Nantes, Eric Lhomeau a retrouvé la piste de ce « Riedy » qui a notamment armé le bateau « L’Affriquain » en 1783, « Le Georges (de 1787 à 1790) puis « Le Georgette » avec son associé Thurninger de 1788 à 1791, « Le Jeune Auguste » (1790), « Le Passe Partout » (1790) et « L’Espiègle » la même année.
Sur internet, un site parle du « Passe-Partout, brigantin nantais, commandé par le capitaine Villeneuve et armé par Reedy (l’orthographe diffère ici, Ndlr) et Thurninger. Il fut pris dans un coup de vent de sud-ouest, à son départ le 28 novembre 1790 pour les côtes d’Angola ».
Mort du capitaine
Le capitaine décidera de mouiller sous l’île de Groix mais une lame jettera le navire sur les roches à la côte. Il périra noyé ainsi que le pilote et deux hommes. « Je cherchai les traces du passé négrier de la ville », indique Eric Lhomeau, « quand je suis tombé dessus. J’avais lu son nom dans un livre sur la traite. Petit à petit, j’ai recueilli des éléments, j’ai appris qu’il avait participé à la déportation d’envrion 3 000 africains ». Sur la pierre tombale qu’il a dépoussiérée, au beau milieu du cimetière Miséricorde et dont personne ne soupçonnait l’existence, on peut lire cette inscription : « À la mémoire de Jean Georges Riedy, négociant, décédé le 19 janvier 1815 et de dame Alaret Riedy le 17 juillet 1834 ».
Article de PresseOcéan.fr du 19 avril 2010 :
Parution d’un guide de la Bouteillerie
Humer l’air du temps dans un cimetière, pourquoi pas ? Petite promenade sur la trace de nos ancêtres.
Avant d’être un cimetière, ce lieu appartenait aux Chartreux, « ces religieux possédaient par-delà le futur cimetière, le couvent des Ursulines et la ruelle des Trois-Pendus, avec fuie et refuge à pigeons », indiquent Eric Lhomeau et Karen Roberts, auteurs de ce guide nantais (*). La bénédiction du cimetière de la Bouteillerie eut lieu le 25 octobre 1774 et le premier corps inhumé fut celui d’un jeune homme, René Jannequin, âgé de 13 ans. Le second, Guillaume Grou (1698-1774), était l’un des plus importants armateurs négriers. Détail, sa tombe est toujours introuvable et les deux auteurs ne désespèrent. Si d’aventure un Nantais la dénicherait, à bon entendeur...
Decré et Mellinet
Les amateurs de vieilles célébrités en seront pour leur promenade, de François-Marie Bonaventure Dufou, maire de Nantes de 1815 à 1816 à Darbefeuille, chirurgien en chef d’Hôtel-Dieu en 1793, on croise Théodore Dubigeon (1803-1875), maire de Chantenay, Jules César Decré (1834-1921), le baron Olivier de Wismes (1814-1887), historien, Camille Mellinet (1795-1843), fils du général, imprimeur et écrivain. Plus insolite, l’une des soeurs Papin, Léa (1911-2001), qui défraya la chronique en 1933 en tuant leurs patronnes, est aussi enterrée là.
Le poète
L’anarchosyndicaliste et affichiste de talent, Jules Granjouan (1875-1968), repose également au cimetière la Bouteillerie. Ce révolutionnaire dans l’âme a écrit « Nantes la grise » et les « 28 ponts de Nantes », ouvrages toujours très prisés des collectionneurs. Le poète René Guy Cadou (1920-1951), mort si jeune d’un cancer, dort non loin. L’oeuvre de l’ami de Max Jacob et de Reverdy n’a jamais été aussi présente et renaît aujourd’hui à travers un hors série de la revue 303 et des cahiers Cadou, publiés par les éditions du Petit-Véhicule.
Résistance
Yves Even (1921-1944) était professeur d’Anglais à l’école Livet. Résistant, il se préparait à faire sauter les docks de Basse-Indre quand il a été arrêté. Il a été fusillé par les nazis le 17 mai 1944. D’autres résistants mais aussi un émouvant carré des Poilus se détache des lieux par son uniformité de croix blanche.
(*) Guide du cimetière de la Bouteillerie. Eric Lhomeau et Karen Roberts. 13 €.
Autre petit article :
Grâce à ce guide écrit par Éric Lhomeau et Karen Roberts, on peut désormais déambuler et découvrir l’histoire de Nantes à travers les allées du cimetière de la rue Gambetta. Et partir à la recherche des illustres personnalités nantaises qui y ont, depuis sa bénédiction le 25 octobre 1774 établi leur demeure perpétuelle. Jusqu’à la récente sépulture d’Armel de Wismes (1922-2009), les auteurs propose un précis d’histoire de la nécropole nantaise (du commerçant Charles Haveloose au poète René-Guy Cadou).
Article d’Ouest France du 15 septembre 2009 :
Les célébrités du cimetière Miséricorde - Nantes
Eric Lhomeau et Karen Robert, viennent de publier un guide du cimetière Miséricorde. Au sommaire, 52 tombeaux d’hommes et de femmes qui ont fait l’histoire de Nantes, en particulier au XIX e siècle.
Ils ont fait l’histoire de Nantes...
Eric Lhomeau ne compte plus ses multiples promenades dans le cimetière Miséricorde, la tête penchée pour décrypter les inscriptions d’une tombe apparemment abandonnée. De ces longues promenades, il vient de tirer un guide. Il invite le lecteur à découvrir, par le texte et la photo, 52 tombes ou tombeaux d’hommes et de femmes illustres. La plupart de ces personnages ont fait l’histoire de Nantes.
Les industriels....
Il y a les capitaines d’industrie : le pâtissier Lefèbvre utile, (inventeur du fameux petit biscuit Lu) : le fondeur Vorutz dont les plaques d’égouts ont fait la fortune ; Lotz, le fabricant de machines à vapeur et notamment du premier véhicule de transports en commun ; le constructeur de navire Dubigeon ou encore le raffineur Say. Le notaire Louis Pommeraye eut moins de chance dans ses affaires. Il mourut dans la misère après avoir créé le passage qui fait toujours la gloire du patrimoine nantais.
Les politiques, les militaires
Il y a les politiques, les maires René-Waldeck Rousseau, Paul Bellamy, Gabriel Guisth’au (qui fut aussi député et ministre) ou encore le député Babin-Chevaye etc... Il y a les militaires, des généraux Mellinet, Cambronne, Bréa au capitaine aventureux Charles-François François, surnommé le « dromadaire d’Égypte » en passant par le garde national Pierre Haudaudine.
Et tous les autres...
Il y a aussi tous ceux, (artistes, résistants, syndicalistes, etc.), un peu moins connus du grand public, dont l’action n’en a pas moins été remarquable. Évoquons juste le Dr des pauvres, Camille Berruyer ou la femme médecin Yvonne Pouzin, spécialisée dans le traitement de la tuberculose.
Bien entendu, Eric Lhomeau et Karen Roberts ont fait des choix... Mais leur opuscule donne envie d’aller voir de plus près. Le livre guide est jalonné de petits plans qui permettront aux visiteurs de se repérer et de trouver plus facilement la tombe recherchée.
Miséricorde, un condensé de Nantes
Au fil de la promenade, c’est l’histoire de Nantes qui se dessine, et aussi dans les pas d’Eric Lhomeau, la petite histoire du cimetière et des sculpteurs qui ont orné les monuments. Le lieu fut ouvert à la toute fin du XVIII e siècle, en 1793. Il était destiné à remplacer les trois cimetières qui se trouvaient autour des églises Saint-Nicolas, Saint-Similien et Notre-Dame. Ce cimetière, aujourd’hui, a vieilli et les tombeaux qu’il renferme aussi. Or, plusieurs sont des concessions perpétuelles, c’est-à-dire qu’ils appartiennent à des familles qui les entretiennent plus ou moins, ou pas du tout. C’est ainsi qu’un patrimoine risque de tomber en ruine.
La ville en a pris conscience. Désireuse de faire de Miséricorde, le Père Lachaise nantais, elle a décidé, avec la participation des propriétaires et de la fondation du patrimoine, de remettre en état quelques tombeaux remarquables. C’est ainsi que la rénovation de la tombe de Joseph Chenantais (1809-1869), architecte et commandant des sapeurs-pompiers est quasiment terminée. Quatre autres rénovations devraient être entreprises dans un premier temps.
Guide du cimetière Miséricorde de Nantes, d’Eric Lhomeau et Karen Roberts, 13 €.
Article de PresseOcean.fr du 15 septembre 2009 :
Nos ancêtres les Nantais
Restauré, le buste de l’architecte nantais Chenantais doit retrouver son emplacement cette semaine (septembre 2009).
Condensé de l’histoire de Nantes, la petite comme la grande, le cimetière Miséricorde abrite un véritable patrimoine méconnu de la population. Des figures pittoresques de la rue à Gabriel Guisth’au, maire de Nantes, la mort a parfois l’élégance de bannir les classes sociales. Ici, les auteurs ont notamment réuni les statuaires. Ceux qui, comme Charles Lebourg (fontaine Wallace) ou Guillaume Grootaers (fontaine de place Royale), ont réalisé des sculptures pour les tombes de célébrités nantaises telles Mellinet, Livet, Mangin ou Bréa.
Juifs et protestants
La plus étonnante découverte ? « Pour moi, cela reste la tombe juive dans le carré protestant, confie Éric Lhomeau. Jusqu’aux environs des années 1870, les sépultures des Israélites étaient enclavées dans le terrain réservé aux protestants ». La tombe en question est celle de Godefroy Goldstein (1794-1844), chocolatier, « la seule qui reste de nos jours » dans l’ancien cimetière israélite.
Le « Dromadaire d’Egypte »
« Laurence d’Arabie peut aller se rhabiller » poursuit Éric Lhomeau en citant le nom de Charles-François François. Surnommé « Le Dromadaire d’Égypte », ce soldat fit partie du corps d’élite, monté à dos de dromadaire, que créa Bonaparte en décembre 1798. Charles-François François fut aussi « chef des marins de la Garde nationale ». Dernier détail, le buste de l’architecte Chenantais (Notre-Dame-de-Bon-Port), tout juste restauré, sera visible lors des Journées du patrimoine ce week-end.
Article de maville.com du 06 décembre 2008 :
La fontaine Wallace : l’oeuvre universelle d’un Nantais oublié
Il reste à Nantes 5 fontaines Wallace. Éric Lhomeau pose ici près de celle du cour Cambronne.
Les fontaines Wallace sont passées à la postérité sous le nom de leur mécène, au détriment de leur créateur : le sculpteur nantais Charles-Auguste Lebourg. Un auteur nantais leur consacre un livre.
Rares sont les villes qui peuvent s’enorgueillir d’avoir donné naissance à un artiste dont l’oeuvre est visible dans le monde entier, plus d’un siècle après sa création. Nantes est de celles-là. Peut-être sans le savoir. Car le souvenir de Charles-Auguste Lebourg, sculpteur mort dans la misère en 1906 à Paris à l’âge de 74 ans, est tombé depuis longtemps dans les oubliettes de l’histoire. Et pourtant, c’est lui qui a dessiné les fontaines Wallace. Ces fontaines en fonte imaginées en 1872 par un philanthrope richissime, Richard Wallace, qui voulait offrir à la Ville de Paris une cinquantaine de fontaines d’eau potable destinées aux populations les plus indigentes.
Un vrai personnage nantais
Éric Lhomeau, insatiable fouineur d’histoires locales, a décidé de redorer le blason de cet artiste oublié en consacrant un livre à ces fontaines et à leur créateur. « C’est l’artiste français dont l’oeuvre est la plus diffusée dans le monde. C’est un vrai personnage nantais, autant que le Petit-beurre LU. Les grands auteurs la citent. Doisneau l’a photographiée, Cabu l’a dessinée ».
La rencontre entre Lebourg et Éric Lhomeau s’est faite au détour d’une tombe, dans le cimetière de la Miséricorde. « Il a réalisé de nombreux médaillons pour les tombes de ses contemporains. Je m’y suis intéressé comme ça ». Du cimetière, Éric Lhomeau est passé au musée des Beaux-arts. Dans le hall trône une superbe sculpture de Charles-Auguste Lebourg, la Prétresse d’Euleusis dont la nudité empêchera son créateur d’obtenir la médaille des Arts et Lettres. Les réserves aussi gardent en leur sein une vingtaine de bustes. On lui doit encore la statue de Jeanne d’Arc devant l’église Saint-Donatien et l’un des fantassins du monument aux vétérans de 1870 (en haut des marches du cours Saint-Pierre). Mais son oeuvre la plus remarquable reste la fontaine Wallace.
La simplicité, la bonté, la sobriété et la charité
« Wallace s’est adressé à lui car il avait déjà réalisé un buste de sa femme. À l’époque Charles Lebourg naviguait entre Nantes et Paris » explique Éric Lhomeau. L’artiste s’est inspiré du monument du coeur d’Henri II de Germain Pilon (1561) dont il a repris l’idée des cariatides. Sur la fontaine, elles sont au nombre de quatre et représentent la simplicité, la bonté, la sobriété et la charité. À l’origine, la fontaine disposait d’un gobelet en fer-blanc, supprimé par mesure d’hygiène en 1952.
Aujourd’hui, Nantes compte cinq fontaines Wallace (une cours Cambronne, deux au jardin des plantes, une au parc de la Gaudinière et une place de la Bourse) contre 88 à Paris. Plus de cent ans après leur création, elles inspirent toujours le respect. « Même les Allemands ne les ont pas fondues pendant la guerre » note Éric Lhomeau qui rêve de monter une exposition Charles Lebourg. « Franchement, un mobilier urbain nécessaire et joli, il y en a quand même très peu ».
Les fontaines Wallace, Éric Lhomeau et Karen Roberts. 13 €. Disponible à la librairie Coiffard et à la Fnac.
Article de maville.com du 19 avril 2008 :
La stèle funéraire de Pierre Gaulay entre au Musée de Nantes
Ses obsèques le 17 juin 1903 avaient rassemblé des milliers de personnes dans les rues de Nantes. Le militant socialiste Pierre Gaulay, tué lors d’une manifestation à Nantes, entre enfin dans l’histoire. La stèle funéraire de Pierre Gaulay, militant libre penseur de 73 ans, tué le 14 juin1903 à Nantes lors d’un affrontement entre socialistes et catholiques, a rejoint depuis peu les collections du Musée d’histoire de Nantes, au château des ducs de Bretagne.
« Victime de l’intolérance religieuse »
Réalisée en pierre de Nozay, la stèle est intéressante à plus d’un titre. À elle seule, l’épitaphe gravée dans l’ardoise donne toute sa valeur au monument : « Au citoyen Gaulay - victime de l’intolérance religieuse - 1903 ». Une belle illustration des tensions d’une époque marquée par une série de lois portant sur l’exercice du culte religieux, l’enseignement et les rapports entre l’Église et l’État.
Installée au cimetière de la Miséricorde où Pierre Gaulay avait été inhumé en présence de milliers de personnes, la stèle avait été démontée à la demande de la famille et stockée chez un marbrier de Saint-Herblain, Lerain, à l’Orvasserie. C’est là qu’Eric Lhomeau l’a retrouvée. Ce Nantais, passionné d’histoire, l’avait vue quelque temps auparavant à Miséricorde, alors qu’il faisait des recherches sur la famille nantaise de Jacques Prévert. « Je suis retourné au cimetière cet automne. Et là, stupeur, la tombe avait disparu ». Pugnace, Eric Lhomeau a finalement retrouvé sa trace à Saint-Herblain. Le marbrier l’avait mise de côté car, avait-il alors confié à Presse Océan, « c’est un très beau travail ».
« Une pièce extrêmement précieuse »
Alertée par Eric Lhomeau et Presse Océan, la conservation du château des ducs de Bretagne a pris contact avec la marbrerie, puis avec les descendants de Pierre Gaulay pour savoir s’ils étaient prêts à faire don de la stèle au Musée d’histoire de Nantes. Les mois ont passé, et la famille a dit oui.
Par courrier en date du 14 février, le député-maire de Nantes en a informé Eric Lhomeau, précisant que « cette pièce extrêmement précieuse pour l’histoire de notre ville sera donc versée aux archives du Musée d’histoire de Nantes ».
Dernièrement, des agents municipaux sont venus chercher la stèle à la marbrerie Lerain. Eric Lhomeau l’a appris par hasard. Personne n’ayant songé à le prévenir !
Article sur nantes.fr :
Le cimetière de la Miséricorde
Autrefois sis hors de murs de la cité, le cimetière de la Miséricorde est un haut lieu de mémoire. Un véritable "Père-Lachaise" nantais à visiter.
Passé le portail monumental, ses chimères et guirlandes sculptées dans le tuffeau, on entre par la rue du Bourget dans un sanctuaire. Le Christ gisant face à la conciergerie dans un parterre de buis et houx, rappelle aux mortels qu’ils sont dans un lieu de recueillement, cadre de la communion durable entre vivants et défunts.
C’est sur la paroisse Saint-Similien que fut édifiée une chapelle en souvenir de trois chevaliers miséricordieux, vainqueurs d’un dragon qui, selon la légende, hantait la proche forêt de Sautron. La chapelle disparue a laissé, depuis novembre 1791, place au cimetière général et à sa majestueuse allée bordée de tilleuls et de cyprès où s’aligne une soixantaine de mausolées au style néo-gothique construits en l’honneur de grandes familles nantaises : Cassegrain, Dubigeon, Decré, Grandjouan, Say, Lefèvre-Utile...
Près de 16000 tombeaux, si on regarde les registres, sont réunis depuis la première inhumation, celle du sieur Jean Clouet, faite le 3 mai 1793.
Planté de fresnes, de camélias, cèdres, aubépines, érables, lauriers et d’un unique palmier, le lieu de sépultures fleuries de gerbes et couronnes a dû être agrandi à quatre reprises pour atteindre neuf hectares.
La sépulture de Henri Gosse. A gauche de l’entrée principale, la partie la plus ancienne, composée des cimetières juif et protestant que borde le cimetière particulier de la famille Durand-Gasselin (première concession créée le 28 mars 1822), est celle où reposent le plus de personnalités nantaises.
Traverser les allées donne l’occasion d’évoquer le souvenir de quelques illustres hommes politiques : Normand, Guist’hau, Sibylle, Leloup...d’industriels : Gengembre, Babin-Chevaye, Bureau... de bienfaiteurs : Garnier de Silly, Berruyer... d’urbanistes : Ceineray, Chenantais, Orieux... d’artistes : Delaunay, Le Roux...
Là, élevée en hommage à dix martyrs de la Révolution, sur son socle de granit, la colonne du 30 juillet 1830, un monument commémoratif coiffé d’une coupole, d’une urne sculptés par Suc rappelle aux générations présentes le courage des défenseurs de nos libertés.
D’autres anonymes et martyrs d’épidémies ou de guerres ont depuis rejoint ce jardin terrestre tel Léon Jost et Alexandre Fourny fusillés parmi les cinquante otages le 22 octobre 1941.
La sépulture de Frère Camille de Jésus
Plus loin à droite, au milieu d’autres tombes, la sépulture de Henri Gosse, en religion Frère Camille de Jésus, est la plus visitée.
Depuis sa mort le 5 février 1915, sa modeste pierre tombale devenue un lieu de culte, couverte de fleurs et de remerciements apportés par des pèlerins venu demander quelques grâces spirituelles et temporelles.
Médailles polis, bustes de bronze, stèles ouvragées, effigies mortuaires, sépulcres de Livet, Bouhier, Mellinet, Cambronne, Mangin, Bellamy... Ce sont ces Nantais d’hier qui constituent la mémoire de la ville.
C’est une partie de l’histoire nantaise qui se lit sur les tombes du cimetière de la Miséricorde.
Un dépliant pour les visites est disponible l’accueil du cimetière.
Article sur nantes.fr :
Le cimetière Saint-Donatien et sa chapelle Sainte-Etienne
Dans l’enclos du cimetière de Saint-Donatien, proche de l’ancienne route de Paris, se cache à l’ombre orientale de la basilique Saint-Donatien et Saint Rogatien, la chapelle Saint-Étienne anciennement connu sous le vocable de "Saint-Georges" ou de "Saint Agapit". A juste titre, c’est le plus ancien édifice religieux du diocèse, sans doute un des lieux constitutifs de l’histoire de la cité. Sa mise à l’écart lors de l’alignement de la route de Paris entre 1832 et 1869, a sans doute contribué à sa sauvegarde.
D’après des récits hagiographiques d’Albert le Grand, elle date du début du VIe siècle. Elle aurait été construite par l’évêque Épiphane, Epiphanius Epigonius grec d’origine, qui occupe, selon Travers, le siège épiscopal de 502 à 518, et l’aurait édifiée pour abriter une relique du premier martyr chrétien rapportée au plus tard en 506 de Jérusalem : à savoir sa mandibule supérieure avec, nous précise-t-on, "les dents y enchâssez". Faisant partie des sept premiers diacres nommés par Saint-Pierre, Epiphane d’après Albert de Morlaix "fit le voyage de Jérusalem" d’où il rapporta des reliques insignes de Saint-Etienne, reliques d’abord déposées à la Cathédrale de Nantes puis déplacées selon sa volonté sur un domaine déjà sanctifié depuis deux siècles, par le martyre des Enfants Nantais.
Au Ve siècle, après la découverte en 415 des reliques du premier des diacres, la coutume était d’élever des chapelles spéciales pour abriter les prélévements reliquaires du saint et particulièrement dans les cimetières d’édifier un monument en l’honneur de Saint-Étienne (tout chrétien voulait reposer dans le voisinage d’un saint, tout particulièrement du premier de tous, devenu pour cause le saint des cimetières).
Rectangle de 17,5 mètres de long par 7,5 mètres de large, couverte d’un toit à deux rampants ou versants dont le faîte atteint à peine huit mètres, cette chapelle a été modifiée au cours des siècles sans pour autant avoir perdue ses dimensions d’origine. La façade a été remaniée dans un style néoclassique. Des baies ou fenêtres de plein-cintre et une porte à linteau horizontal du XVIIIe percent les murs latéraux. Le mur du chevet porte le tracé d’une vaste baie en arc brisé, ou s’inscrit une seconde baie de forme rectangulaire.
Le mur occidental, le plus ancien, présente un appareil typique de l’antiquité dit en "Opus Vittatum Mixtum". On retrouve sur le mur gouttereau, haut de quatre mètres environ, l’appareil en petite pierre cubiques, mal équarries, rangées parallèlement, et soulignées de distance en distance par des cordons et des assises doubles de briques rouges, liées de ciment un peu rosé de l’époque gallo-romaine.
C’est l’appareil romain, tel qu’on le voit sur la muraille d’enceinte gallo-romaine. Dubuisson-Aubenay, voyageur archéologue qui vit ce mur en 1636, indique dans son itinéraire de Bretagne "C’est sans contredit la plus ancienne muraille d’église qui soit à Nantes debout, voire l’une des plus ancienne qui soient en France".
Centre de pèlerinage, un puits "traditionnel" aujourd’hui disparu était creusé à l’extérieur, juste devant la chapelle, pour permettre aux fidèles pélerins de se laver les mains avant de pénétrer dans le sanctuaire - ce puits, visible encore il y a quelques années, était pour Léon Maître une preuve de plus de l’antiquité du monument.
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