MAISONS-LAFFITE (78) : cimetière

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Le cimetière de Maisons-Laffitte remplaça plusieurs nécropoles : l’ancien cimetière servit jusqu’en 1828 et se trouvait sur l’actuelle place de la vieille église. Il fut remplacé par un second qui ferma ses portes en 1852, puis par un troisième au lieu-dit le Parc. Le quatrième, l’actuel, fut édifié en 1880 à l’orée de la forêt de Saint-Germain. Il fut agrandi plusieurs fois entre 1922 et 1986. Hormis la forêt proche, le site à peu d’intérêt : totalement plat, il recèle peu de monuments singuliers. Néanmoins, un certain nombre de personnalités plus ou moins connues s’y sont faites inhumer. Notons au passage qu’à l’exception de Lysiane Rey et de Claude Lamirault, tous se trouvent dans les quatre premières divisions (carré A à D). Dans cette ville sacrée « ville du cheval », on remarquera que plusieurs célébrités lui sont liées de manière plus ou moins directe. Saluons enfin l’amabilité et la disponibilité de la conservatrice.
Curiosités
C’est la règle dans plusieurs cimetières de la région, et nous ne nous en plaindrons pas : l’existence à l’entrée d’un plan panoramique présentant les principales curiosités du lieu.
Au centre du cimetière, le monument aux Morts dû à l’architecte Carle est orné d’un réaliste gisant de bronze par Charles Pourquet.
La chapelle Maurice, de facture néogothique, est ornée d’animaux fabuleux à la manière des gargouilles.
Célébrités : les incontournables…
Aucune
… mais aussi
Pierre-François AUDRY de PUYRAVEAU (1773-1852) :
député de la Charente Inférieure de 1822 à 1837, il fut l’un des opposants les plus actifs au gouvernement de la Seconde Restauration et l’un des protagonistes de la Révolution de 1830 : Il fit partie de ceux qui firent tomber le ministère Polignac, et sa détermination face aux atermoiements d’autres parlementaires permit la montée de Louis-Philippe sur le trône. En 1832, il participa, comme membre du comité directeur, à la fondation de la Société des Droits de l’Homme, société républicaine destinée à entretenir les sentiments révolutionnaires. Il fut en 1834 le défenseur à l’Assemblée des insurgés de Lyon. Il abandonna la politique en 1837 pour remettre en ordre ses affaires, mises à mal par son activité parlementaire, mais reparut sur la scène politique après la Révolution de 1848 en étant élu représentant du peuple à l’Assemblée de 1848. Sa tombe a été refaite, mais le sablage un peu trop violent l’a rendu quasiment illisible (carré B).
Jules BRASSEUR (Jules Dumont : 1829-1890) : comédien
et chanteur français, il fit partie de la troupe du Palais-Royal de 1852 à 1877, où il créa de nombreux rôles. Il excellait dans les types grotesques et dans l’art de la métamorphose. En 1878, il quitta le Palais-Royal pour fonder le théâtre des Nouveautés, dont il garda la direction jusqu’à son décès. Il fut ainsi le fondateur de la célèbre dynastie de comédiens des Brasseur : avec lui repose son fils, Albert BRASSEUR (1862-1932), qui joua souvent à ses
cotés, et qui fut lui-même membre de la troupe des Nouveautés, puis de celle des Variétés. Il joua quasiment jusqu’à sa mort. Il avait épousé la comédienne Germaine BRASSEUR, qui eut avec le comédien Pierre-Albert Espinasse un fils, le futur comédien Pierre Brasseur (de son vrai nom Espinasse, il reprit le nom Brasseur bien qu’il n’en descende pas directement). On sait que Pierre Brasseur est inhumé au Père-Lachaise et qu’il fut le père, avec la comédienne Odette Joyeux, de l’acteur Claude Brasseur, lui-même père d’Alexandre Brasseur, soit la cinquième génération de comédiens depuis Jules. La chapelle Brasseur-Dumont du cimetière de Maisons Lafitte fut frappé par la foudre : elle était en très mauvais état et faillit être reprise, mais elle fut sauvée et restaurée grâce aux soins de la conservatrice (double ligne entre le carré D et le carré F).
Le docteur Emile BROU (1794-1867), qui fut le premier Vénérable de la Loge maçonnique « les Amis écossais » fondée en 1843 (carré D).
Le peintre et affichiste italien Luigi CASTIGLIONI (1936-
2003), qui travailla comme décorateur à Rome dans les studios de Cinecittà, puis qui s’installa vers 1960 à Paris où il fit plusieurs expositions en collaborant avec la presse, notamment Daniel Filipacchi. Luigi Castiglioni devint mondialement connu, pour ses dessins et ses peintures, ses expositions, ses affiches sportives comme le Mundial de 1982, ou culturelles, comme celles pour Lucianno Pavarotti… Dans les années 70, il illustra de nombreuses pochettes de disques. Sa tombe est ornée par une statue d’ange (carré B).
Le peintre Jean-Maxime CLAUDE (1823-1904), qui fut l’un des fondateurs de la Société des aquarellistes. Il se spécialisa dans les scènes de chasse et de peintures de chevaux (allée K).
Athanase-Philippe CUCHEVAL-CLARIGNY (1821-1895) : économiste, archiviste paléographe de l’École des Chartes en 1846, il fut rédacteur puis rédacteur en chef du Constitutionnel entre 1845 et 1856, bibliothécaire à l’École normale supérieure à partir de 1846 et conservateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève à partir de 1851. Il ne parvint pas à se faire élire député à l’Assemblée de 1848. Il fut en outre directeur de La Presse de 1864 à 1870. Il appartenait à l’Académie des sciences morales et politiques en 1886 (carré B).
James DARMESTETER (1849-1894) : linguiste français, il enseigna l’iranien ancien à l’École des hautes études en sciences sociales en 1877 et poursuivit ses recherches, dont il publia les résultats dans Études iraniennes (1883). Nommé professeur au Collège de France en 1885, il se rendit en Inde l’année suivante. À son retour, il publia une traduction de chansons afghanes ainsi qu’un essai remarquable sur la langue et la littérature afghanes. L’identité de son épouse, la femme de lettres Mary Robinson figure sur sa tombe, mais en réalité n’y repose pas : veuve à 38 ans, elle se remaria avec le biologiste Emile Duclaux et tous deux sont inhumés au cimetière Massigoux d’Aurillac (15) (carré D).
Emile DEHELLY (1871-1969) : acteur français de films muets, il était sociétaire de la Comédie française et en tant que tel comédien de théâtre. Avec lui repose sa fille Janine DEHELLY (1906-1986), qui fut également comédienne au Français (bordure du carré A).
Le Compagnon de la Libération Gilbert GARACHE (1918-2005).
Refusant l’armistice, il passa en Palestine où il intégra le 1er Bataillon d’infanterie de marine (1er BIM) nouvellement formé, constituant pour les Britanniques, le premier élément des Free French (Français libres) et la première unité FFL à reprendre le combat. Il participa à la campagne de Libye contre les Italiens dès septembre 1940 puis aux opérations de Syrie en juin 1941. Ce furent ensuite la seconde campagne de Libye puis à celle d’Egypte (El-Alamein) et aux opérations de Tunisie en mai 1943. Il débarqua en Italie, puis en France et prit part à toutes les actions offensives de l’unité lors des opérations sur Toulon avant de remonter sur les Vosges. Démobilisé, Gilbert Garache devint administrateur de la France d’Outre-mer en 1946 et servit pendant treize ans au Tchad. Préfet au Tchad en 1965, il fut en poste au secrétariat général de la Régie Renault de 1966 à 1983.
Pierre-Louis GIFFARD (1853-1922) : homme de lettres et
grand reporter, il fut un précurseur du journalisme moderne et un pionnier de la presse sportive. Il avait le don de vulgariser et de promouvoir les inventions nouvelles à une époque où elles étaient nombreuses : téléphone, phonographe, automobile… Grand reporter, il se rendit en personne rendre compte des événements de l’actualité, parfois dans des contextes dangereux. Il collabora plus de dix ans au Petit Journal. C’est à cette époque qu’il créa plusieurs manifestations sportives devenues mythiques : course cycliste « Paris-Brest-Paris », course à pied Paris-Belfort, course automobile « Paris-Rouen » ou encore le « Marathon de Paris » en 1896. Alors qu’il était rédacteur en chef du quotidien sportif Le Vélo, son opposition avec le comte de Dion, sur fond d’affaire Dreyfus, fut à l’origine de la naissance d’un quotidien sportif concurrent, L’Auto-Vélo, dont le directeur, Henri Desgrange, créa en 1903 le « Tour de France ». A titre anecdotique, c’est lui qui créa pour la bicyclette le terme de « petite reine ». C’est également à Maisons-Laffitte qu’il demanda à son pâtissier de créer un gâteau en forme de roue, donnant ainsi naissance au « Paris-Brest ». Dans sa sépulture repose également Gabriel AMAND (1875-1937), qui fut secrétaire général de l’Exposition coloniale de 1937 (bordure du carré C).
Idel IANCHELIVICI (1909-1994) : dessinateur et
sculpteur d’origine roumaine, il s’installa en Belgique où il réalisa le pavillon roumain pour l’Exposition internationale universelle de Bruxelles de 1935. Il organisa de nombreuses expositions avant de s’installer en 1950 à Maisons-laffitte. Il fut l’auteur du buste de son épouse qui orne leur tombe (carré A).
Luigi LABLACHE (1795-1858) : basse franco-italienne, il
était doté d’une présence colossale, aussi bien physique que vocale. Il fut le professeur de chant de la reine Victoria et interpréta le Requiem de Mozart aux obsèques de Beethoven. Pour l’anecdote, il fut le bisaïeul de l’acteur américain Stewart Granger (bordure du mur face au carré A).
Charles LAFITTE (1804-1875) : neveu du célèbre banquier Jacques Laffitte qui fut à l’origine de Maisons-Laffitte, il fut un des promoteurs de la construction du chemin de fer Paris-Rouen entre 1841 et 1843. conseiller municipal de la commune de Maisons-Laffitte à partir de 1859, grand amateur de sport hippique, il fut également un des membres fondateurs du Jockey Club. Il fut en outre député de l’Eure de 1844 à 1848, au sein de la majorité gouvernementale (bordure du mur face au carré A).
Claude LAMIRAULT (1918-1945) : entré en 1940 dans la
Résistance, il créa un réseau de renseignements militaires dans les deux zones, le réseau Jade Fitzroy. Arrêté, il fut déporté à Dachau. Il mourut de retour de captivité dans un accident de voiture. Il fut fait Compagnon de la Libération. Précisons que sa tombe est mal localisée sur le plan panoramique de l’entrée : il se trouve en réalité en bordure du carré F).
Pierre LARQUEY (1884-1962) : second rôle au cinéma des
années 30 aux années 50 au sein d’une filmographie impressionnante, ses interprétations les plus connues sont celles du docteur Vorzet dans Le Corbeau et celui de Monsieur Colin dans L’assassin habite au 21, deux films réalisés par Henri-Georges Clouzot. Il était conseiller municipal de Maisons-Laffitte (bordure du carré B).
François MARTIN (1823-1896) : ferronnier d’art, on doit à ses ateliers fondés en 1840 les grilles des hippodromes de Maisons-Laffitte, de Saint-Cloud et d’Enghien, ainsi que le remarquable ouvrage de ferronnerie qui entoure sa tombe (bordure du carré B).
Daniel MERLE (1947-1976) : jockey, il mourut accidentellement et donna son nom à un concours des sports hippiques (carré B).
PRINCE RIGADIN (Charles Petitdemange : 1872-1933) :
acteur, réalisateur et scénariste, il se fit connaître sous divers pseudonyme (dont celui de Charles Prince) dans une filmographie considérable à l’époque du muet. Après une brillante carrière au théâtre et à l’opérette, il tourna effectivement dans plus de 600 films avant de reprendre le chemin du théâtre. La série des Rigadin, qu’il tourna à partir de 1909 et qui lui donna son nom, en fit l’un des premiers grands comiques de l’écran. La guerre et la concurrence de Charlot, personnage beaucoup plus subtil, mirent un terme à son succès cinématographique. Bien oublié aujourd’hui, sa tombe fut reprise et ses restes reposent désormais à l’ossuaire du cimetière.
Raoul le Boucher (Raoul Musson : 1883-1907) : lutteur professionnel, il connut un franc succès dans les cabarets où il se produisit. Il mourut jeune, assassiné à Nice par des marchands ambulants. Sa tombe est orné d’un étonnant médaillon en bronze par C. Massa (près de l’entrée, carré A).
Lysiane REY (Jacqueline Leharanger : 1922-1975) :
ancien petit rat au Théâtre du Chatelet et interprète à la Comédie française, elle suivit au Conservatoire des cours de Louis Jouvet puis commença sa carrière dans l’opérette (No No Nanette, Phi-Phi). Elle tourna au cinéma finalement assez peu, quelques films entre 1941 et 1965. Marié à l’acteur Albert Préjean, elle fut la mère du comédien Patrick Préjean (carré H).
Le jockey et entraîneur de chevaux de course américain James WINKFIELD (1882-
1974).
Merci à Olivier Camus pour la photo Winkfield et à Didier Brunet pour la photo Garache.
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