SAINT-SALVADOUR (19) : cimetière
par
Saint-Salvadour posséda son "facteur Cheval" : Antoine PAUCARD (1886-1980). poète et sculpteur autodidacte, tour à tour cultivateur, maçon, révolutionnaire et voyageur, il fut également un créateur de chansons « limousinantes » (il dédia une chanson à chacune des maisons qu’il construisit). Personnage atypique : en 1931, il répondit à l’appel du gouvernement français qui cherchait une famille pour aller s’installer sur l’îlot désert de Clipperton, mais sa candidature ne fut pas retenue. Bien qu’il n’ait pas été membre du parti communiste, il fut choisi par les communistes corréziens pour effectuer un voyage en URSS en 1933, en raison de ses talents d’écriture. L’année suivante, en 1934,
il publia un ouvrage, Un mois en Russie, par un paysan de la Corrèze, qui s’enthousiasma pour le collectivisme agricole soviétique. Après la guerre, il fut un éphémère maire de Saint-Salvadour. Les sculptures qu’il laissa, pour l’essentiel réalisées en granit, sont présentées dans un petit musée qu’il a lui-même aménagé dans son village et qui se visite toujours (gratuit). Relevant de l’art brut, elles figurent des personnages emblématiques (Richelieu, Napoléon, Charlemagne, Vercingétorix et la mère de l’artiste...) ou illustrent des symboles ou aphorismes (La femme de demain : le grand espoir du genre humain, Jean qui pleure et Jean qui rit, Fécondité, Ève, notre mère à tous...). Il fut assez naturellement l’artisan de son propre tombeau dans le cimetière, beaucoup plus vaste que ne le laisse présager son aspect extérieur.
Derrière sa tombe, c’est lui qui réalisa également le monument funéraire d’un résistant géorgien qui avait rejoint le maquis en Corrèze, Datiko Verouatchwilli, mort carbonisé avec plusieurs de ses camarades dans ce qu’il est convenu d’appeler la tragédie du ravin de la Servantie (un camp de résistants éliminé de nuit par les Allemands). Il fut l’auteur de l’épitaphe qu’il grava sur la tombe : La commune de Saint-Salvadour, à tous ceux qui ont souffert et qui sont morts pour le pays. A son soldat inconnu d’hier et de demain. Mais au valeureux enfant de la lointaine Tiflis tombé en combattant, ici même, à la Servantie, le 3 mai 1944. Puisqu’il repose auprès de nous, sa place est bien là dans ce modeste mausolée du Soldat Inconnu. 0, notre brave Datiko Verouatchwilli, à jamais on sera fier de toi, repose en paix.
Au fond du cimetière se trouve la chapelle Tixier-Pouget, où repose Georges Tixier (1881-1975), un pharmacien parisien qui créa une fondation à Saint-Salvadour où des religieuses soignent bénévolement les nécessiteux, gérée désormais par la commune.
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