SAINT-GOBAIN (02) : cimetière
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Lorsqu’on songe à Saint-Gobain, on pense assez exclusivement à la Manufacture royale des glaces fondée par Colbert dans cette petite ville de l’Aisne, qui fonctionna jusqu’en 1995, à l’origine du groupe industriel qui porte ce nom. Nous verrons que plus d’une personnalité du lieu à un lien, proche ou lointain, avec cette activité.
Le cimetière est de taille modeste, et assez humble. Pas de statuaire, peu de chapelles... La partie conservant le plus de tombes anciennes, au fond à droite, se caractérise par un grand nombre de concessions ruinées difficilement lisibles. C’est pourtant là-bas que nous irons chercher l’essentiel des personnalités qui reposent en ce lieu.
Lors de ma visite, impromptue comme toujours, j’ai eu la chance de tomber sur une opération « porte-ouverte » menée en particulier par Fabienne Bliaux, adhérente de l’Association historique et première adjointe de la commune. Cette passionnée connaît son cimetière comme sa poche, et m’a fait part de ses trouvailles. En parallèle fut menée en cette Toussaint 2015 une exposition à la chapelle de la Manufacture, intitulée « Inconnus, méconnus, reconnus : les sépultures racontent l’histoire de Saint-Gobain »... Bref, voilà une petite ville qui a prit en charge son patrimoine funéraire et sa médiatisation. Bravo à cette équipe, et plus particulièrement à l’aide de Fabienne Bliaux, qui m’a fait parvenir une documentation passionnante sur les liens généalogiques unissant les personnalités du lieu.
Curiosités
Assez rare pour être mentionnée : la tombe d’un maire de Saint-Gobain (de 1837 à 1871), François Quevastre, mort en 1883 à.. 101 ans ! C’est d’ailleurs sous son mandat que fut aménagé ce cimetière. Les centenaires, de plus en plus nombreux, étaient rares à l’orée du XXe siècle !
Célébrités : les incontournables...
Aucun
... mais aussi
Il existe dans la partie ancienne un enclos familial (appelé « enclos Biver ») constitué de tombeaux assez ruinés. C’est paradoxalement à cet endroit que reposent les notabilités principales, à savoir :
- la famille BIVER, originaire du Luxembourg. On trouve ainsi la présence du médecin André Mathias BIVER (1794-1878), qui fut l’un des 28 fondateurs du royaume de Belgique, et celle de ses fils Hector Antonin (1823-1908), qui fut directeur de la Manufacture de Saint-Gobain (1852-1872) puis directeur général des Glaceries, et Alfred Mathias (1842-1903), qui fut directeur de la Manufacture des glaces (1872-1883), et qui épousa la fille de Camille Rousset (voir plus loin). Leur tombe est difficilement lisible.
- Camille ROUSSET (1821-1892), professeur, historien, historiographe du Ministère de la Guerre, conservateur de la bibliothèque de ce ministère, de 1864 à 1876, il fut élu à l’Académie française en 1871. Un de la multitude de ces immortels que tout le monde a oublié ! Sa dalle est à cette image : illisible ! Sa fille épousa Alfred Biver.
- L’aliéniste Louis Victor MARCÉ (1828-1864), qui fut médecin à Bicêtre. Il donna des cours à l’École pratique de la Faculté de médecine de Paris, lesquels attirent un grand nombre d’auditeurs. Auteur d’un Traité des maladies mentales, il dénonça l’abus des formes de contention, camisoles et entraves. Il mit fin à ses jours. Il avait épousé la fille du chimiste Théophile Pelouze, et la soeur de cette dernière était l’épouse de Hector Antonin Biver, ce qui explique sa présence dans cet enclos.
Le verrier Jules HENRIVAUX (1847-1913), qui fut directeur de la Manufacture (1883- 1901) et l’auteur de nombreuses publications sur son métier. Il fut à l’origine de nombreuses inventions, tels les verres grillagés pour les verrières, marquises et vitraux qu’il a mis en pratique à Saint-Gobain. Sa tombe est désormais quasiment totalement illisible.
Jean-François Henri de la MORINIÈRE (1791-1878) qui fut directeur de la Manufacture (1834-1836). Cet ingénieur associa son nom à la conception de la famille des goélette représentée par la « Jacinthe ». Repose également ici sa fille, Cécile Zélica de La MORINIERE- FEVRE (1824-1908), qui fut peintre.
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