Saint-Benoît-la Forêt (37) : La tombe retrouvée d’une actrice célèbre
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L’information vient d’être donnée sur le site de Bertrand Beyern : à mon tour, je médiatise cette bonne surprise.
Étonnante histoire que celle d’Esma Cannon, une vedette du septième art anglais. Sa tombe en déshérence vient d’être retrouvée à Saint-Benoît-la-Forêt.
C’est totalement par hasard qu’une habitante de Saint-Benoît-la-Forêt vient de résoudre une énigme concernant la fin de vie d’une célèbre actrice britannique. En arpentant, il y a quelques semaines, les allées du cimetière de sa commune, le regard de la Bénédictine fut attiré par une pierre tombale, toute simple. Une pierre blanche, sans autre monument funéraire, avec pour seule inscription un prénom et deux noms : Esma Cannon épouse Littmann. Aucune date, pas de marbre, pas de fleurs. Mais, juste un petit panneau planté à proximité avec comme mention : « Toute personne susceptible de donner des renseignements sur cette concession abandonnée est priée de s’adresser à la mairie ».
L’habitante curieuse s’est demandée qui pouvait bien être cette femme portant un nom à la consonance peu tourangelle ? D’où l’idée de chercher sur Internet, où après quelques clics, elle découvrit que c’était une grande actrice britannique, née à Sydney en Australie en décembre 1905, et morte le 18 octobre 1972. Sauf que les sites en question la disaient décédée en Angleterre.
« C’était trop étonnant », et notre Bénédictine rechercha des renseignements auprès de la mairie, où l’on retrouva bien un acte de décès en bonne et due forme. Prenant alors contact avec les sites de cinéphiles anglais, dont www.ritawebb.co.uk, où le créateur du site, Aaron Smith, confirma à son interlocutrice qu’il ignorait que l’actrice avait passé ses dernières années en Chinonais. Un téléfilm retraçant la vie d’Esma avait d’ailleurs été tourné, il y a quelques années, et laissait planer le mystère sur sa disparition, nul ne sachant alors où elle était enterrée. Inutile de dire que la nouvelle a comblé de joie Aaron Smith, ainsi que Karl Roberts, un producteur qui travaille sur la conception d’un film de cinéma sur Esma Cannon, et se trouve d’ailleurs en Australie, où il recherche des traces de la jeunesse de l’actrice qui retournait régulièrement à une époque sur sa terre natale.
Le producteur a promis de venir au printemps à Saint-Benoît-la-Forêt, pour les besoins de son film. Et, lui comme Aaron Smith, ont surtout demandé à leur interlocutrice de prévenir son maire pour que la concession abandonnée ne soit pas détruite. Etonné à son tour, Didier Guilbault a promis que la sépulture de l’actrice serait conservée. Si Yul Brynner repose au cimetière de Luzé, mais au vu et au su de tous, Esma Cannon pourra peut-être garder sa tombe, et la voir honorée comme il se doit, à Saint-Benoît.
Esma Cannon aura donc eu, jusqu’après sa mort, une destinée hors du commun. Née en Australie, elle avait tenu là-bas des petits rôles dès son enfance dans des films muets en noir et blanc. C’est dans les années 30 qu’elle s’installe en Angleterre, et aura une carrière qui dura jusqu’en 1963.
On la trouve au générique de 67 films de cinéma, d’une quarantaine de téléfilms et autres séries, sans oublier ses rôles dans une quarantaine de pièces de théâtre. Jouant souvent des personnages comiques, mais parfois tragiques également, Esma fait partie de ces acteurs plutôt cantonnés dans des seconds rôles, mais que tout le monde connaît. Un de ses admirateurs anglais disait à son interlocutrice bénédictine : « Esma, c’était la plus connue des inconnues ».
Étonnamment donc, après une carrière aussi remplie, Esma a disparu de la scène, venant s’installer avec son mari, Ernst Littmann, dans une petite maison de Saint-Benoît-la-Forêt, où même leurs proches n’ont jamais su qu’elle était une actrice célèbre. Au lieu-dit Le Chatelier, leurs voisins, Pierrot Gasné, sa femme Micheline et leur fille Christine, se souviennent un peu d’eux, des gens discrets, sans histoire, dont lui qui se promenait souvent. Après la mort d’Esma, sa femme, Ernst est resté quelque temps au Chatelier, puis il est reparti. Quelques années plus tard, Michael, leur fils, serait revenu déposer les cendres de son père sur la tombe d’Esma. Là encore, sans rien dire.
Jamais, ces voisins ne se sont douté qu’Esma, ce petit bout de femme joviale, avait été actrice. A ce jour, la petite maison que les époux Littmann louaient est entretenue par Gérard Coudray et sa femme, étonnés également d’apprendre la nouvelle. Peut-être que cet article et la prochaine venue du producteur anglais feront remonter des souvenirs à d’autres habitants de l’époque. Ils seront évidemment les bienvenus.
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