MELUN (77) : cimetière nord
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Le premier cimetière aménagé sur la rive droite remonte au Bas-Empire : des tombes ont été découvertes en 1992 lors de l’aménagement du parking du boulevard Gambetta. Cette nécropole fut déplacée plus à l’est, près de l’église Saint-Liesne, vers le milieu du VIe siècle. A l’époque mérovingienne, trois cimetières sont attestés sur la rive droite. Leur nombre augmenta encore dans le courant du Moyen Age : outre les deux cimetières paroissiaux de Saint-Aspais (au nord de l’église) et de Saint-Liesne, de nombreuses institutions religieuses disposaient alors de leur propre enclos funéraire (l’hôtel-Dieu Saint-Jacques, l’abbaye Saint-Père, le couvent des Carmes). Dès 1466, le cimetière paroissial de Saint-Aspais fut saturé et dut être transféré au-delà de la Porte de Paris, hors des fortifications. Il en fut de même pour le cimetière de l’hôtel-Dieu Saint-Jacques, qui fut transféré entre 1532 et 1542 le long de la rue Saint-Germain (actuelle rue Despatys). Dès lors, les inhumations se firent toutes extra muros. En 1564, le cimetière Saint-Aspais bénéficia du don d’un terrain à usage de charnier par Claude de Maizières, bourgeois de Melun, mais il fut détruit pendant les guerres de religion (de même, peut-être, que le cimetière de Saint-Jacques, dont il n’est plus fait mention après 1580). Le cimetière Saint-Aspais fut alors déplacé sur la chaussée de Bourgogne, au-dessus du moulin de Poignet (sur le site de l’actuelle école Jeanne d’Arc) : le nouvel enclos fut béni le 17 mai 1598 par Hiérosme de Clausse, évêque de Châlons. Au XVIIe siècle, aux cimetières déjà existants sur la rive droite, vinrent s’ajouter ceux des nouveaux couvents : Capucins et Récollets. A la Révolution, tous ces lieux d’inhumation furent fermés, à l’exception de l’ancien cimetière de la paroisse Saint-Aspais. Ce dernier atteint rapidement la saturation, et il fut vendu comme bien national le 13 pluviose an III. De 1797 à 1810, les inhumations ne se firent plus que sur la rive gauche, dans le cimetière Saint-Ambroise. En 1810, un nouveau cimetière fut ouvert pour la rive droite, au faubourg des Carmes, au lieu-dit la Bourdette. En 1841, ce nouveau cimetière fut à son tour fermé au profit du cimetière nord actuel, proche de la route de Meaux, au lieu-dit les Hauts-Mézereaux.
La première inhumation dans ce dernier site remonte au 4 mai 1841. En 1842, on ré-inhuma dans le nouveau cimetière les restes exhumés dans l’ancien cimetière nord, dont le terrain fut vendu par la Ville en 1850. Des agrandissements furent faits en 1863, 1932 et 1966. Le cimetière nord s’étend sur un terrain en pente, à l’est de la route de Meaux. Il comprend une zone réservée aux tombes militaires. Les tombes les plus anciennes se trouvent dans le secteur sud.
Curiosités
Une petite pyramide marque l’emplacement où furent déposées les restes de l’ancien cimetière nord de la ville.
Le tombeau de Camille Louis Ludmann, décédé en 1879, qui œuvra à la promotion de la sténographie en Seine-et-Marne. Sa tombe porte un décor à base d’inscriptions sténographiques stylisées.
La tombe d’Alfred Malpel, qui fut maire de Batna en Algérie.
On trouve toujours dans ce cimetière les belles stèles des grands-parents de Jean Cocteau.
La tombe du pharmacien Georges Allard, mort en 1920 "des suites d’intoxication par les gazs".
Ca ne s’invente pas : la tombe de M. Bouclet "président de la société des coiffeurs de Melun" !
Quelques oeuvres d’art, dont certaines signées :
- Médaillon en bronze d’ernest Bancel.
- Médecin et maire de Melun. Cette oeuvre est signée Maximilien Bourgeois.
- Médaillon de Paul Gaudon.
- Architecte en chef du département du Nord. Signé d’un artiste lillois (Declercq ?).
- Médaillon de Charles Gay.
- Bienfaiteur de la ville. Signé Léon R. Bardelle.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Le mamelouk Abdalla d’ASBONNE (Hasboun) (1776-1859) : né en Syrie d’une
famille d’origine grecque orthodoxe, il fut engagé par Napoléon en qualité de
guide-interprète au moment de la guerre de Syrie et d’Egypte. Quand Napoléon rentra en France, il prit du service dans la garde impériale et arriva
ainsi à Melun à la caserne Augereau comme instructeur des mamelouks. Il reprit du service en 1830, comme interprète de l’Etat Major du Corps
Expéditionnaire en Algérie et participa aux négociations en Algérie avec Abd El-Kader. En 1834, Louis-Philippe le nomma Consul de France à Mascara auprès de ce dernier.
Le peintre, aquarelliste et lithographe Armand CASSAGNE (1823-1907), qui fut le "peintre de la forêt de Fontainebleau" et un petit maître de Barbizon. Il fut inhumé sous un monumental rocher de Fontainebleau.
L’aviateur acrobate Pierre CHANTELOUP (1890-1976), qui travailla chez les frères Caudron, dont je n’ai pas retrouvé la tombe.
Le peintre et graveur à l’eau forte Emile DAUMONT (1834-1921). Il repose avec son épouse, également graveure, Cécile CHEVALIER (1835-1914).
Le sculpteur Emile GAULARD (1842-1924), auteur du bas relief qui orne sa tombe et qui le représente avec son épouse. Les deux portraits combinent réalisme de la représentation, notamment dans les vêtements (voir par exemple le voile de dentelle sur la tête de Marie Gaulard), et imitation des médailles de la Renaissance italienne.
Etienne GILSON (1884-1978) : philosophe et historien médiéviste, ses ouvrages furent des apports majeurs dans l’analyse historique de la philosophie. Professeur à la Sorbonne, à Harvard, à Toronto et au Collège de France, il fut élu à l’Académie française en 1946. Il fut l’un des conseillers techniques de la délégation française à la Conférence de San Francisco (du 25 avril au 26 juin 1945), instituant les Nations unies. Il fut brièvement sénateur nommé sous la IVe République (du 28 mars 1947 au 7 novembre 1948). Sur l’échiquier politique, il était proche du MRP.
Le sculpteur et céramiste Olivier PETTIT (1918-1979), qui séjourna plusieurs étés à Vallauris et qui travailla avec des artistes locaux. Il réalisa plusieurs panneaux décoratifs muraux dont une commande pour le Ministère des Finances à Paris, des tables, des luminaires et de nombreux objets décoratifs.
L’industriel Alfred SOMMIER (1835-1908), qui fit fortune dans les sucreries : il dynamisa l’entreprise qui devint leader du marché français devant Say et Lebaudy, maison que la famille Sommier racheta. Il acheta également au comte de Choiseul-Praslin le château de Vaux-le-Vicomte qu’il restaura. S’il fut bien inhumé dans ce cimetière, j’ignore s’il se trouve sous le tombeau d’inspiration néo-byzantine de son épouse, née Jeanne Brugières de Barante (1853-1932). Son identité n’y est dans tous les cas pas portée.
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