MASSY (91) : cimetière des Sablons
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D’un simple coup d’oeil, on remarque que l’excentricité n’est pas de mise dans ce cimetière aux allées impeccablement rectilignes. Aucun monument insolite, aucune oeuvre d’art ne viennent casser la monotonie des concessions.
Le monument aux morts central possède néanmoins une plaque commémorative qui n’est pas banale : il y est mentionné que lors d’une "soirée de la séance permanente de la Convention du 1er septembre 1792", sous la présidence de Hérault de Séchelles, "la municipalité de Massy composée de deux cents citoyens actifs vient d’armer et équiper quarante cinq hommes qui partiront pour se rendre dans une de nos armées aux frontières". L’Assemblée "ordonne qu’il sera fait mention du patriotisme de cette commune".
Sur la partie droite du cimetière, à proximité de l’entrée, se trouve la tombe simple de l’historien Numa-Denys FUSTEL de COULANGES (1830-1889).
Issu d’une famille de Bretagne installée à Paris, les leçons de Guizot sur la Civilisation en France eurent une forte influence sur son avenir d’historien. Il soutint en 1858 une thèse sur l’historien grec Polybe et une thèse sur les Vesta, à un moment où les questions touchant les origines indo-européennes étaient très discutées. En 1860, il fut nommé professeur d’histoire à l’université de Strasbourg, où il mit en forme ses notes de cours qui feront la matière de La Cité Antique, où il démontra l’importance de la religion et des institutions familiales dans la formation des sociétés grecque et romaine. Obligé de quitter Strasbourg du fait de l’annexion de l’Alsace-Lorraine par les Allemands en 1870, il fut nommé maître de Conférences en 1870 à l’École Normale Supérieure, dont il fut le directeur en 1883. En 1875, il obtint une chaire de professeur à la Sorbonne et fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques.
Après l’Antiquité, il se tourna vers l’histoire médiévale, d’une part pour montrer combien les institutions françaises n’ont pas grand chose en commun avec le droit germanique (la France est alors en plein conflit avec l’Allemagne) et d’autre part pour asseoir un certain nombre de ses intuitions méthodologiques. Dans l’Histoire des institutions de l’ancienne France (publiée à compter de 1874), qui couvre les périodes allant de la Gaule romaine jusqu’aux rois carolingiens, il s’est penché sur l’avènement du système féodal, principe fondamental de la génèse de l’Europe médiévale. Il fut le maître de l’historien Camille Jullian.
On classe Fustel de Coulanges, non seulement parmi les historiens majeurs du XIXe siècle, mais aussi parmi les meilleurs représentants de la littérature française de cette époque.
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