BUZANCY (08) : cimetière
par
Petit enclos rural, le cimetière de Buzancy réserve bien des surprises au taphophile.
Y reposent effectivement :
Alfred CHANZY (1823-1883) : engagé dans la Marine, il obliqua vers l’artillerie. Il rejoignit les zouaves et servit en Algérie. En 1859, il participa à la campagne d’Italie, en particulier aux batailles de Magenta et Solférino. Il partit l’année suivante avec le corps expéditionnaire en Syrie, où il fut commandant du QG chargé des affaires politiques, grâce à sa connaissance de l’arabe. Il participa à la guerre de 1870 au sein de l’Armée de la Loire. Élu député des Ardennes en 1871, sans même avoir fait acte de candidature, il rejoignit le gouvernement à Bordeaux, où il prôna la poursuite de la résistance. Retourné à Paris, arrêté par les Communards, il fut menacé d’exécution, puis libéré. À Versailles, il se rangea avec les républicains modérés, fut élu député des Ardennes et siégea au centre gauche de 1871 à 1876. Nommé sénateur inamovible en 1875, il fut élu président du conseil général des Ardennes mais il resta en résidence à Alger. Sur proposition du maréchal de Mac Mahon, il devint gouverneur de l’Algérie, fonction qu’il occupa de 1873 à 1879. Sous son administration la colonie connut des troubles et il fut contraint de mettre Alger en état de siège. Responsable, avec d’autres, d’une certaine modernisation de la colonie, avec la construction de lignes de chemins de fer et d’autres ouvrages civils, il inaugura une « exposition algérienne » en 1876. Après la démission de Mac Mahon, bien que n’étant pas candidat, il obtint 14,8 % des voix contre Jules Grévy à l’élection présidentielle de 1879. Cette même année, il fut nommé ambassadeur en Russie. Son nom a été donné à de très nombreuses villes de France, en particulier dans la Meuse. Il repose dans un imposant mausolée, à cheval entre le cimetière et son ancienne propriété. A l’intérieur se trouve un gisant en bronze par Aristide Croisy.
- Ce que l’on aperçoit du gisant.
Le général Eugène FÉRAUD (1862-1941), gendre du général Chanzy, repose dans une sépulture d’influence arabo-musulmane qui s’explique par son parcours : né à Constantine, il vécut une grande partie de sa carrière militaire en Algérie. Il fut l’un des principaux lieutenants du général Lyautey, et à ce titre participa activement à la pacification du Maroc. Sa tombe est à proximité de celle de son beau-père. Y repose également son père, Laurent Charles FÉRAUD (1829-1888), interprète principal de l’armée d’Afrique employé auprès du gouverneur général de l’Algérie à Alger, il fut consul général de France en Libye de 1879 à 1884, puis ministre plénipotentiaire à Tanger. Aquarelliste de talent, il fut le témoin, par ses dessins, de la conquête de l’Algérie. Il fut également l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire algérienne.
Le médecin Nicolas Augustin GILBERT (1858-1927), qui exerça à Paris, à l’hôpital Tenon, puis à l’hôpital Broussais. Professeur de clinique médicale à l’hôtel-Dieu, il fut membre de l’Académie de médecine. Spécialiste des maladies du foie, il décrivit la maladie ou syndrome de Gilbert.
Gustave GOBRON (1846-1911) : député radical des Ardennes en 1885, il se lança dans l’industrie automobile naissance, en créant avec l’ingénieur Eugène Brillié la société des automobiles Gobron-Brillié. Président du conseil général des Ardennes à partir de 1904 et sénateur des Ardennes de 1907 à sa mort, il était, par son épouse née Suzanne Scheurer-Kestner, cousin par alliance de Jules Ferry.
Jean GOBRON (1885-1945) : fils du précédent, il s’associa avec son père, puis reprit l’entreprise de fabrication de moteurs à explosion. Gobron-Brillié se lança vers 1900 dans l’automobile. La marque gagna en 1903 le record de vitesse avec 134,328 km/h et fut la première à franchir le kilomètre lancé, en 1904, à 166 km/h. Jean Gobron participa alors à des courses automobiles sous sa marque. En 1909, il passa aussi le septième brevet de pilote d’aéroplane et parvint à faire voler, la même année, un moteur à cylindres en X, en achetant aux frères Voisin un biplan cellulaire du type classique sur lequel il a monté un moteur d’aviation Gobron. Il fut ainsi le quatrième homme au monde à voler plus d’un quart d’heure. En 1914, il reconvertit l’entreprise en fabrique d’obus puis fit faillite. Il fut en 1921 maire de Buzancy, fonction qu’il occupa jusqu’à sa mort en juillet 1945 dans un accident automobile. Il ne repose pas dans le caveau familial mais dans une tombe très modeste au centre du cimetière.
Le géologue Edmond NIVOIT (1839-1920), qui se préoccupa de mettre en valeur les richesses des Ardennes. Il mit en évidence les gisements de phosphate de chaux des Ardennes et de la Meuse et contribua ainsi à la réalisation d’une carte agronomique du département des Ardennes. Il fut chargé de la chaire de minéralogie et de géologie de l’École des Ponts-et-Chaussées, poste qu’il occupa de 1880 à 1907, puis assuma la direction de l’École supérieure des Mines, jusqu’à sa retraite en 1909. Il fut le père de l’épouse du président de la République Albert Lebrun.
Commentaires