OUISTREHAM (14) : cimetière
par
Cimetière non traité de manière exhaustive
Le cimetière de Ouistreham est intimement lié au débarquement, le 6 juin1944, des 177 Français des commandos Kieffer. C’est là, sur la plage de Riva-Bella, dans le secteur anglo-canadien de Sword, que s’illustrèrent les fameux bérets verts. En souvenir de cet événement durant lesquels 10 d’entre eux moururent dans les heures qui suivirent leur arrivée sur la plage, certains voulurent reposer ensemble dans l’une des allées du cimetière.
On y trouve ainsi, cote-à-cote, les tombes de :
Albert ARCHIERI (1921-2007)
Louis LANTERNIER (1914-1986)
Maurice LE FLOCH (1918-1989)
Jean MOREL (1922-2019)
Robert PIAUGÉ (1920-1998)
Georges SCHERER (1919-2002)
Otto ZIVOHLAVA (1922-2010)
On y trouve également la première tombe de Michel VINCENT (1923-2003), par la suite déplacé au cimetière de Manneville-La-Goupil (76).
Le dernier survivant des 177 était Léon GAUTIER (1922-2023). Résidant à Ouistreham, à proximité de l’endroit où il avait débarqué, il géra jusqu’à sa mort le musée du No. 4 Commando et fut président de l’Amicale des anciens du Commando Kieffer. Il s’attacha notamment à raconter son vécu de marin de la France libre et à entretenir le devoir de mémoire, notamment auprès de la jeunesse. A sa mort, centenaire, en juillet 2023, une cérémonie d’honneurs militaires eut lieu à Ouistreham, présidée par le président de la République, Emmanuel Macron.
Signalons pour être complet que l’un des 177, André ROELANDT (1919-1989), fut crématisé et ses cendres dispersées au large de cette même plage de Ouistreham.
Dans un tout autre domaine, c’est ici que repose le psychiatre et psychothérapeute français d’origine arménienne Edouard ZARIFIAN (1941-2007).
Il étudia la question de la psychopharmacologie et des traitements biologiques de la maladie mentale, avec des recherches faisant autorité dans le domaine. En poste à Clermont-Ferrand, puis nommé à Caen en 1984 comme professeur et chef de service, il dressa publiquement, à partir de 1988, le constat d’insuffisance d’une psychiatrie qui ne serait basée que sur des traitements médicamenteux, et ferait l’impasse sur les autres dimensions de l’homme. Il promut alors le modèle biopsychosocial pour prendre en compte toutes les dimensions humaines, en particulier la dimension psychologique.
Zarifian fut nommé par le ministère de la Santé pour diriger un rapport de 1996 sur la consommation de psychotropes en France, attirant déjà l’attention sur la surconsommation française de psychotropes, en particulier des antidépresseurs et des benzodiazépines, après la mise sur le marché du Prozac et son immense succès comme pilule du bonheur. Cette attitude publique, lui a attiré des inimitiés dans le corps médical, soupçonné de sur prescription en collusion tacite avec l’industrie pharmaceutique. Il a publié de très nombreux articles scientifiques, et un certain nombre d’ouvrages accessibles au grand public, témoignant d’une approche critique des traitements actuels des troubles mentaux, avec une grande sensibilité à la souffrance des malades et de leurs familles.
Merci à Nicolas Badin pour les photos.
Commentaires