ROTTINGDEAN (Royaume-Uni) : churchyard of Ste Margaret
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Rottingdean est un village côtier qui était à l’origine rural et modeste, jusqu’à ce que la mode de Brighton, commune limitrophe, n’attire ici des artistes et des notables désireux d’un cadre moins urbain, tout en profitant des loisirs de la station balnéaire. De ce fait, et plus encore au XIXe siècle, à partir de l’installation du peintre Burne-Jones et de son neveu Rudyard Kipling, Rottingdean devint une « banlieue » rurale chic de Brighton. Comme nous le verrons, cette réalité apparaît clairement dans les résidents du cimetière.
Le cimetière est divisée en plusieurs enclaves, au fur-et-à-mesure des agrandissements. Les parterres devant les murs sont autant de zones d’inhumation d’urnes funéraires : de nombreuses plaques rappellent les mémoires des défunts.
A l’horizon se dessine le moulin-à-vent en bois qui est l’édifice le plus identitaire de la ville.
L’église Sainte Margaret date du XIIIe siècle dans ses parties les plus anciennes. C’est une église typique (Le cimetière Forest Lawn de Glendale, en Californie, voulu à ce titre la racheter, la démonter pierres par pierres puis la reconstruire dans la nécropole : devant le refus, une réplique fut construite dans ce cimetière) par laquelle on pénètre par un lychgate [1] tout aussi typique. L’église contient des vitraux fameux réalisés par le peintre Burne-Jones, la célébrité la plus fameuse qui repose ici.
Edward BURNE-JONES (1833-1898) fut un peintre et une figure majeure du préraphaélisme. Élève de Rossetti, ses sources d’inspiration furent surtout littéraires, mais une dimension fantastique anima toutes ses œuvres. Malgré une certaine froideur et un réalisme très scrupuleux dans la mise en scène qui confèrent à ses toiles un esthétisme artificiel, son art recèle un charme désuet et un sens décoratif prononcé. S’il triompha à partir de la fin des années 70, son oeuvre connut au XXe siècle une période de désamour. Il est désormais estimé à nouveau, dans le sillage des autres peintres préraphaélites.
L’église de Rottingdean est ornée de vitraux qu’il réalisa.
Sa plaque funéraire, discrète, est encastrée dans le mur extérieur de l’église.
La promenade dans le cimetière permet de retrouver un grand nombre de personnalités. La plupart sont totalement inconnues en France. Sont donc inhumés dans ce cimetière :
La romancière et dramaturge Enid BAGNOLD (1889-1981), notamment connue pour son roman National Velvet qui a donné lieu à un film en 1944 avec Elizabeth Taylor. Son arrière-petite-fille est l’épouse de l’ancien Premier ministre David Cameron.
Le général Ralph Alger BAGNOLD (1896-1990), qui fut scientifique physicien et géomorphologue. Il fut un grand spécialiste du désert.
L’artiste de music-hall Harry BANFORD (1883-1973) et son épouse, Lal CLIFF (Alice Banford : 1884-1902), danseuse morte prématurément.
Le romancier William BLACK (1841-1898).
Le chanteur folklorique Bob COOPER (1915-2004).
Le chanteur et danseur G.H. ELLIOTT (1882-1962), connu sous le nom de Chocolate Coloured Coon parce qu’il apparaissait dans un costume blanc, le visage recouvert de cirage noir. Sa tombe représente le rideau de sa dernière scène (comme l’indique son épitaphe).
Le guitariste et chanteur nord-irlandais Gary MOORE (1952-2011), mondialement connu pour sa chanson Parisienne Walkways (si, si, vous connaissez !!).
John NATHAN-TURNER (1947-2002), qui fut le producteur de la série Doctor Who, qui fut très populaire outre-Manche dans les années 80. Sur sa plaque est indiquée l’identité de son compagnon, Gary DOWNIE (1940-2006), également producteur de la série.
L’architecte Nimrod PING (1947-2006), qui fut un politicien engagé et un activiste gay.
La romancière Angela THIRKEL (1890-1961), petite-fille de Burne-Jones, dont la tombe, simple pan de bois, semble avoir disparu (ce qui était son intention).
[1] Un lychgate (ou lych gate), de l’ancien anglais lic, signifiant cadavre, est un porche d’entrée dans un cimetière recouvert d’un toit. Généralement, il repose sur plusieurs piliers de bois. Typique de l’Angleterre et du Pays de Galles, on en trouve également dans d’autres parties du monde saxon, tel la Scandinavie. Sa fonction était à la fois pratique et symbolique : symboliquement, elle marquait le passage du corps vivant au dépositoire du corps mort. Plus pragmatiquement, à des époques où la plupart des gens étaient enterrés non dans des cercueils mais dans des linceuls, cette opération était effectuée sur un catafalque provisoire placé sous le lychgate.
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