ANZIN (59) : cimetière du centre
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Anzin, dans la banlieue de Valenciennes, est connue pour être le premier site du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais où la houille fut exploitée, et réputée pour la longue grève des mineurs de 1884 dont Émile Zola s’inspira pour écrire Germinal. Le mouvement aboutit à la promulgation de la loi Waldeck-Rousseau qui autorise les syndicats.
Son cimetière, créé en 1860, abrite un assez grand nombre de tombes dignes d’intérêt qui justifieront pour le taphophile le voyage. Le site plat est quelconque, assez triste, peu arboré et donc très minéral. La partie la plus ancienne, où se concentre l’intérêt, est sur la gauche.
Curiosités
La ville d’Anzin offrit pendant longtemps des bourses aux jeunes Anzinois manifestant des dispositions pour les arts, afin de leur donner la possibilité d’étudier à l’école des Beaux Arts de Valenciennes, riche d’une tradition de qualité. La ville compta ainsi dans ses natifs plusieurs prix de Rome (sculpture, gravure...) qui laissèrent des œuvres (ou furent inhumés) dans ce cimetière. Anzin apparaît donc comme un « petit Valenciennes » des artistes dans le domaine funéraire.
Parmi ces témoignages, signalons :
- le médaillon du docteur Quinet par Paul Theunissen.
- le médaillon Laurent-Dieu-Herniaux par Corneille Theunissen.
- le petit médaillon Fayola par Maurice Faure.
- le médaillon Caron par Maurice Faure.
- le bas-relief en bronze sur la tombe du Dr Guisez par Félix Desruelles.
- un médaillon sur une tombe illisible par Jules Louis Mabille.
Dans le fond du cimetière figure encore l’ancienne morgue et sa salle d’autopsie.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Le sculpteur Robert BARILLOT (1921-2001), deux fois Second grand prix de Rome, qui fut élève, puis professeur aux Académies de Valenciennes. Il aima représenter les nus féminins.
Le soldat Jules BEAULIEUX (1913-1940), dont l’histoire est passablement étonnante : il mourut le 24 mai 1940 à Fresnes-sur-Escaut (Nord) au Pont du Sarteau, où il s’était distingué en résistant seul face à une division de panzer, durant 24 heures, enfermé dans une tourelle blindée armée d’une mitrailleuse. Les Allemands ne purent franchir le canal de l’Escaut qu’après l’avoir tué. A Vieux Condé, commune voisine, on peut encore voir cette tourelle et les trois impacts d’obus qui le tuèrent dans ce qui est devenu un square commémoratif. A l’époque, les Allemands avaient pris le temps de l’enterrer près de la tourelle et lui avaient rendu les honneurs militaire ,étonnés qu’un seul homme leur ait infligé tant de pertes (une centaine de morts et blessés et également la mise hors d’état de trois chars).
Le statuaire Aimé BLAISE (1877-1961), premier Grand Prix de Rome en 1906 et professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Lille dans les années 30. Il travailla pour le funéraire et plusieurs tombeaux des cimetières de Lille et d’Haubourdin sont ornées de ses réalisations. Le buste qui orne sa tombe est de lui.
La tombe de la famille Castiau, où furent inhumés plusieurs directeurs des Mines d’Anzin, Fresnes, Vieux-Condé. Y repose en particulier Paul CASTIAU (1782-1853), directeur des Travaux du Jour de la Compagnie des Mines d’’Anzin qui fut à l’origine de l’installation du chemin de fer Anzin-Abscon en 1833-1835, et de la constructeur des premières locomotives françaises en 1837-1838. Un pionnier dans ce domaine, indéniablement ! La tombe est surmontée d’un buste en mauvais état.
Pierre Joseph FONTAINE (1810-1877) : technicien de la Compagnie des mines d’Anzin, il fut l’inventeur d’un parachute destiné à freiner la chute des cages de mine (une cause d’accident mortel dans les mines était la chute des cages servant à la descente des mineurs dans la fosse, en cas de rupture des câbles). Quatorze fosses de la compagnie furent équipées de l’invention de Fontaine. De 1851 à 1859, dix-neuf ruptures de câble s’y sont produites, sans coût humain, grâce au bon fonctionnement du système de sécurité. Le système équipa ensuite les mines dans toute l’Europe.
Le jeune peintre Léon JACQUET (1887-1912), représentant de l’école de Wissant, immortalisé dans le bronze par Paul Theunissen.
Georges MALISSARD (1877-1942) : sculpteur animalier, il est surtout connu pour ses nombreuses statues équestres de personnalités de l’époque.
L’architecte Constant MOYAUX (1835-1911), grand Prix de Rome en 1861 et membre de l’Académie des beaux-arts, à qui l’on doit en particulier la transformation du Château-Neuf de Meudon en Observatoire, et le bâtiment de la cour des comptes à Paris. Il repose dans une tombe ornée d’un médaillon en bronze par Corneille Theunissen.
La commune a eut l’excellente idée de faire paraître un plan et un itinéraire de découverte de ce cimetière. Vous les découvrirez ici.
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