OIGNIES (62) : cimetière
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Oignies est une commune du bassin minier du Pas-de-Calais. Son cimetière reflète la culture populaire inhérente à ce type de lieu : symbolique minière, militantisme socialiste, attachement au football et au cyclisme...
- Intrigante stèle anonyme.
Du 25 au 27 mai 1940, la bataille d’Oignies vit s’affronter les troupes d’invasion allemande et de maigres troupes françaises et anglaises. Les Allemands finalement vainqueurs, voulurent faire payer à la ville d’Oignies et à ses habitants cette résistance inattendue. Le 28 mai, des troupes S.S. perpétuèrent un carnage qui valut à Oignies le titre de première cité martyre de la campagne de France. En 1947, le Président de la République Vincent Auriol inaugura le mausolée élevé dans le cimetière communal pour rendre hommage aux martyrs de la guerre et particulièrement du massacre du 28 mai 1940.
Tombes et monuments notables :
Henriette de CLERCQ (1812-1878) : issue d’une famille de la haute bourgeoisie, elle épousa à 21 ans, selon les volontés de ses parents, Louis François-Xavier de Clercq, banquier belge âgé d’une soixantaine d’années. Le couple posséda à côté de sa résidence parisienne (l’hôtel de Masseran), des biens fonciers importants dans le Nord-Pas-de-Calais. À cause de son rapide veuvage, Mme de Clercq délaissa sa propriété parisienne pour s’installer à Oignies. C’est en cherchant à alimenter en eau sa propriété et en faisant creuser un puits artésien que fut découvert inopinément un gisement de charbon encore inconnu, une discontinuité dans la veine carbonifère en exploitation dans le Nord. À l’époque, cela fait un siècle qu’on cherchait en vain à découvrir, à l’ouest de Douai, le prolongement du bassin minier du Nord, exploité depuis 1757. Dans le Pas-de-Calais, les couches géologiques ont une orientation différente, ce qu’on ignorait à ce moment-là. La découverte ne fut divulguée qu’en 1852, date à laquelle Madame de Clercq obtint les droits de concessions de la mine de Dourges. Les revenus d’exploitation permirent à Mme de Clercq de compléter son œuvre de modernisation de la ville : équipements collectifs et urbains (on lui doit l’arrivée du gaz dans la ville), assistance, moyen de communication, distractions (salle des fêtes, harmonie municipale) ; 670 hectares de ses terres furent également défrichés et rendus cultivables pour être confiés à 550 familles vivant dans le besoin, la vaste église Saint-Barthélémy... Quand elle mourut, le village était devenu une petite ville et les habitants la firent désigner comme « bienfaitrice » du village. Elle repose dans la plus vaste chapelle du cimetière. S’y trouve également son fils, Louis de CLERCQ (1837-1901), qui reprit la direction de la mine. Maire d’Oignies de 1871 jusqu’à son décès, il fut élu député du Pas-de-Calais à l’Assemblée nationale en 1871. Siégeant à droite avec la majorité conservatrice et monarchiste, catholique fervent, il se rangea parmi les adversaires les plus ardents de la forme républicaine et tenta dans les années 1870-1880 d’enrayer l’implantation de ce régime dans le Pas-de-Calais. Il fut battu en 1889 par son rival Émile Basly. Cette défaite porta une symbolique forte : le « député-mineur » battait le grand propriétaire conservateur, héritier de la fondatrice de l’exploitation minière dans le département. Cette même année, il commença le catalogue de sa remarquable collection d’objets d’art, constituée particulièrement d’antiquités orientales provenant de Chaldée, d’Assyrie, de l’île de Chypre, qui se trouve désormais au Louvre et au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale.
L’ingénieur des mines Victor FUMAT (1842-1907), qui fut un grand innovateur dans l’extraction de la houille, notamment en faveur du remblayage des galeries et du "roulage à la cale", c’est-à-dire pour un transport par gravité au fond de la mine qui dispensait de l’emploi des chevaux. Il fut l’un des organisateurs du sauvetage des mineurs victimes de la catastrophe de Courrières. Il est surtout connu pour avoir été l’inventeur d’un modèle de lampe de sûreté contre les coups de grisou qui porte son nom. En service jusqu’en 1937, elle servit de bases à cinq modèles différents.
André PANTIGNY (1900-1944) : militant socialiste dans le Pas-de-Calais, il devint en 1929 secrétaire général de la fédération du Pas-de-Calais de la SFIO et, au congrès de 1934, il imposa véritablement sa ligne dans le parti, obtenant la majorité sur le scrutin proportionnel et le vote des femmes. En 1938, il mena jusqu’à Barcelone un convoi de cinq camions de vivres et de médicaments pour venir en aide aux républicains espagnols. Entré dans la Résistance, il fut arrêté en 1943, torturé, puis déporté au camp de concentration de Gross-Rosen où il mourut. Son cénotaphe est orné d’un buste en bronze par G. Sylvestre.
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