Pierre Mendès-France au Panthéon ?
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Jacques Chirac y a fait entrer André Malraux et Alexandre Dumas, Nicolas Sarkozy y a honoré la mémoire d’Aimé Césaire. Quel grand homme de la République François Hollande fera-t-il entrer au Panthéon ? Pierre Mendès-France, figure tutélaire de la gauche anti-colonialiste sous la IVe République, fait désormais office de favori. A l’occasion d’une cérémonie pour le trentième anniversaire de sa mort, le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, s’est en effet prononcé ce mercredi 31 octobre en faveur de l’entrée de Pierre Mendès France au Panthéon.
"Je soutiens, au nom du Parti socialiste, l’entrée au Panthéon de Pierre Mendès France", a écrit Harlem Désir dans une déclaration transmise à la presse.
Le nouveau patron du parti majoritaire ne précise pas si l’entrée au Panthéon de cette référence de la gauche est d’ores et déjà à l’étude à l’Elysée. "Il appartiendra au Président de prendre cette décision, mais je crois qu’elle donnerait du sens, de l’éthique, des valeurs, dans la profonde crise économique et civique que traverse notre pays. Ce serait le symbole fort d’une gauche qui à la fois dit la vérité et réforme la société", a estimant l’eurodéputé, en relevant que son parti était favorable à un "hommage national" à Pierre Mendès France.
"PMF", un modèle pour la gauche modérée
Trente ans après sa mort, le 18 octobre 1982, Pierre Mendès-France reste une figure emblématique de la gauche, tout particulièrement chez les Radicaux et les socialistes modérés qui louent sa dignité morale ou encore son engagement en faveur de la décolonisation. Seul son vieux rival, François Mitterrand, premier socialiste à avoir été élu président de la République, bénéficie aujourd’hui d’un prestige comparable. "Il fut une part de notre honneur, il fut une part de notre histoire, le temps s’en souviendra", avait déclaré Mitterrand lors de l’hommage national rendu à "PMF" dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale.
Encore tout récemment, le premier ministre Jean-Marc Ayrault citait l’éphémère président du Conseil en exemple. Interrogé sur ses modèles en politique, le chef du gouvernement répondait ceci aux lecteurs du Parisien : "J’en ai beaucoup, mais surtout Pierre Mendès-France, qui disait : Gouverner, c’est choisir. Ce genre de référence me donne du courage et de la force. Moi, je prends des coups tous les jours, mais cela ne me fera pas détourner de l’essentiel".
"L’éthique de Pierre Mendès France est absolument nécessaire au 21e siècle pour recréer de la confiance et redonner toute sa noblesse à la politique", a-t-il ajouté. "Nous n’honorons pas seulement une grande figure de gauche mais aussi un très grand Français (...) La Nation doit lui être reconnaissante : pour son rôle dans la Résistance, dans la reconstruction du pays, dans la décolonisation, pour son engagement républicain et européen, et surtout pour son éthique démocratique", estime encore Harlem Désir.
En 1998, plusieurs personnalités à gauche avaient déjà soutenu le transfert de sa dépouille au Panthéon. Jacques Chirac n’y avait pas donné suite.
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