STRASBOURG (67) : cimetière Saint-Gall
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Le cimetière Saint-Gall – connu localement sous l’appellation « S’Gallemaettel » – est l’un des plus anciens cimetières de Strasbourg. D’une superficie de 2,50 hectares, il est situé sur le plateau de Koenigshoffen, à l’ouest de la ville.
Des découvertes archéologiques attestent de la présence d’une zone de nécropole dès l’époque romaine dans le secteur de l’actuelle avenue du Cimetière. En 1282, le chevalier Gösselin Kurnagel dédie une chapelle à saint Gall et crée une fondation pour y dire une messe quotidienne. Des inhumations semblent signalées dès 1522 dans ce secteur connu sous le nom de "S’Gallemaettel". La création du cimetière actuel, qui est contemporain des cimetières Saint-Urbain et Sainte-Hélène, remonte toutefois à l’ordonnance de 1527, qui interdit d’inhumer des défunts à l’intérieur de la ville. Cette nécropole abrite de nombreux monuments d’artistes et de personnalités strasbourgeois.
Curiosités
Dans un enclos donnant sur le chemin à gauche du cimetière se trouve un petit cimetière privé des Familles Lauth, Schweighaeuser, Gruber, Schmitten, Stoeber, Pfaehler, Osterrieth, et Ubersaal. On y trouve notamment la chapelle néo-gothique de la famille Schweighaeuser et la tombe d’Ernest Lauth, ancien maire (1871-1873) puis élu député au Reichtag en 18745. Ce cimetière privé n’est pas visitable
- Le monument funéraire de Louis Charles Henri Knoderer est l’œuvre d’André Friederich. Il s’agit du cénotaphe d’un enfant.
- Tombe de Gerhard Veil (+1914), soldat mort au combat. Un bas-relief montre les adieux du jeune homme, revêtu de l’uniforme, à sa sœur.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Le poète Jean-Georges ARNOLD (1780-1829), considéré comme le « père du théâtre dialectal alsacien » et, plus largement, de la littérature en dialecte alsacien. La statue qui orne sa tombe est de André Friederich.
Le peintre paysagiste Jean-Frédéric ARNOLD (1815-1854).
Friedrich BERGMANN (1812-1887), professeur de littérature et de philologie, il fut l’ami et exécuteur testamentaire de Proudhon.
Le pasteur Jean-Laurent BLESSIG (1747-1816), qui fut professeur de théologie protestante et prédicateur.
Jacques Frédéric BRACKENHOFFER (1759-1838) : maire de Strasbourg de 1810 à 1815, il fut un député de Gauche du département de 1815 à 1819.
Le chimiste Emile David BRONNERT (1868-1928), nommé par l’empereur à la chambre du Landtag d’Alsace-Lorraine entre 1911 et 1916.
Le sculpteur sur bois Ernest BUCKENMEYER (1906-1989), qui fut également peintre et poète de langue allemande.
Le pasteur Frédéric Adolphe BUHLMANN (1828-1887).
Nicolas DELSOR (1847-1927) : prêtre et prédicateur, il s’engagea en politique et rejoignit le mouvement protestataire, qui militait contre la domination allemande. Il fonda un quotidien, le Volksfreund, et se montra un polémiste redoutable. Élu au Landtag d’Alsace-Lorraine, il entra en 1898 au Reichstag, où il fut député protestataire. Il fut sénateur du Bas-Rhin de 1920 à sa mort en 1927, s’investissant beaucoup à la commission de l’enseignement.
Le compositeur et organiste Marie-Joseph ERB (1858-1944), qui fut l’élève de Camille Saint-Saëns, Gabriel Fauré, Charles-Marie Widor et l’organiste Eugène Gigout. En 1884, il succéda à son père en devenant titulaire de l’orgue de l’église Saint-Jean à Strasbourg. Le médaillon qui orne sa tombe est de René Hetzel.
Charles FREY (1888-1955) : chef du Parti républicain démocrate en 1919, il fut élu à quatre reprises député du Bas-Rhin à l’Assemblée nationale où il siégea plus de 17 ans. Il fut également trois fois sous-secrétaire d’État au Commerce et à l’Industrie entre 1931 et 1932. Maire de Strasbourg en 1935, il eut le pénible devoir de superviser l’évacuation de sa ville, où il demeura jusqu’à la veille de l’arrivée de la Wehrmacht, avant de rejoindre Périgueux où il fut le « maire des réfugiés ». De retour dès la libération de Strasbourg en novembre 1944, il fut réélu maire en 1945 : il demeura en fonction jusqu’à sa mort en 1955, gérant la reconstruction de la ville.
Le brasseur Jean FREYSZ (1844-1880), qui transféra en 1875 ses activités dans le faubourg de Koenigshoffen, où ils transforma en brasserie des locaux artisanaux préexistants. Les découvertes de Pasteur sur la fermentation microbienne et l’invention de la machine à fabriquer de la glace permirent de passer au stade industriel à une époque d’accroissement démographique et de développement économique de la ville. Son épouse Caroline reprit l’affaire à sa mort et développa considérablement la brasserie familiale pour rendre, en 1895, à son fils Jules, une entreprise importante connue pour la qualité de ses produits.
Paul-Edouard GLOXIN (1804-1870) : négociant à Strasbourg, il fut député du Bas- Rhin de 1848 à 1849, siégeant à gauche.
David GRUBER (1825-1880) : chimiste et pharmacien de formation, il expérimenta de nouvelles techniques de brassage et de maltage et fonda vers 1855 à Koenigshoffen – un quartier de Strasbourg – la Brasserie qui porte son nom. De ce fait, il fut l’un des principaux initiateurs du passage de la brasserie strasbourgeoise au stade industriel. Il fut l’inventeur d’une bière blonde et pâle qui eut du succès.
Guillaume GUNZERT (1834-1911) : avocat, il fut député du Bas-Rhin de 1879 à sa mort.
Le physicien, mathématicien, astronome et météorologue Jean-Louis-Alexandre HERRENSHNEIDER (1760-1843).
Le musicien et pédagogue François Léonzi HONAUER (1731-1788).
La traductrice Madeleine HORST (1892-1987), qui fut rédactrice en chef des Cahiers Albert Schweitzer.
Le marinier Johan Jacob JUNG (1796-1838), qui s’est rendu célèbre pour avoir assuré en 1836 avec ses péniches « Louis Philippe » et « Neptune » la première liaison par voie d’eau entre Strasbourg et Paris par le canal du Rhône au Rhin, le Doubs, la Saône, le canal de Bourgogne, l’Yonne et la Seine.
Armand JUNG (1950-2019), qui fut député du Bas-Rhin de 1997 à 2016.
Frédéric KASTNER (1852-1882), physicien, chimiste et musicien, il fut l’inventeur du pyrophone ou « orgue à gaz ». Il repose auprès de sa mère Léonie KASTNER-BOURSAULT (1820-1888), qui fut une amie et une admiratrice d’Henry Dunant, fondateur de la Croix-Rouge internationale. Leur tombe fut rénovée en 1997.
Fritz KIEFFER (1854-1933) : imprimeur et directeur de journal alsacien, francophile engagé, il dirigea l’Imprimerie alsacienne et s’engagea activement dans la vie associative locale, notamment musicale. Grand collectionneur d’uniformes et d’armes, il publia de nombreuses planches de soldats français et créa un petit musée militaire à Strasbourg.
Ernst LAAS (1837-1885) : professeur de philosophie positiviste. Son médaillon est une œuvre de Ernst Herter.
Le banquier Ernest LAUTH (1827-1902), qui fut maire de Strasbourg de 1871 à 1873, puis député protestataire au Reichstag à partir de 1874.
Les poètes Adolphe (1874-1944) et Albert (1874-1930) MATTHIS, deux frères jumeaux qui usaient du dialecte strasbourgeois de leur enfance. Un premier monument, confié au sculpteur L. Helfer, avait été inauguré en 1931 peu après le décès d’Albert Matthis La stèle, en grès rose, portait alors un médaillon circulaire du poète disparu. Des extraits des poèmes les plus célèbres étaient gravés sur les faces latérales du monument. L’un d’eux est encore visible aujourd’hui : En owe uff d’r Fischerinsel (« Un soir sur l’île des Pêcheurs »). Le monument fut ensuite modifié après le décès de Adolphe Matthis : le médaillon fut remplacé par une plaque en bronze ornée des portraits jumelés des deux poètes, due au ciseau du sculpteur René Hetzel.
Camille MAYRAN (Henriette Saint-René Taillandier : 1889-1989), femme de lettres, petite-nièce d’Hippolyte Taine et la petite-fille de l’historien et écrivain Saint-René Taillandier, elle obtint en 1918, à l’âge de 28 ans, le Grand Prix du Roman de l’Académie pour Histoire de Gotton Connixloo.
Le peintre Marcel MÉNÉGOZ (1882-1922).
Curt MÜNDEL (1852-1906), président d’honneur du Club Vosgien, auteur d’un fameux Guide des Vosges à l’intention des randonneurs.
Le chimiste Frédéric MUSCULUS (1829-1888), qui travailla sur la fermentation.
Le compositeur franco-allemand Victor NESSLER (1841-1890). Son opéra Der Trompeter von Säckingen lui apporta une popularité de longue durée en Allemagne.
Jacques PEIROTES (1869-1935) : maire socialiste de Strasbourg de 1919 à 1929, il fut député du Bas-Rhin de 1924 à 1932. Le bas-relief qui orne sa tombe est une œuvre de Alfred Marzolff.
Rodolphe PETER (1916-1987), qui fut historien du protestantisme et professeur à la faculté de théologie protestante de Strasbourg.
Le juriste Robert REDSLOB (1882-1962), spécialiste de droit constitutionnel et de droit international public. Sa théorie sur le système de gouvernement parlementaire eut une influence considérable quand fut élaborée la Constitution de Weimar.
Le philologue August REIFFERSCHEID (1835-1887).
Le compositeur morave François Xavier RICHTER (1709-1789), qui fut l’un des représentants importants de l’École de Mannheim. Il fut maître de chapelle de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, où il eut comme assistant Ignace Pleyel, le célèbre élève de Joseph Haydn qui allait lui succéder.
Adolphe RIFF ( 1890-1971) : créateur du Musée Historique de Strasbourg, il fut conservateur du Musée alsacien pendant plus d’un demi-siècle. Dans la même sépulture repose son près, Gustave-Adolphe RIFF (1850-1929), qui fut député de Strasbourg au Reichstag de 1898 à 1907.
L’architecte Edmond RŒDERER (1877-1922), et son frère également architecte Gustave Adolphe Edouard RŒDERER (1882-1954), auteur de la Bibliothèque Universitaire de Strasbourg.
L’architecte Charles-Emile SALOMON (1833-1913), qui réalisa de nombreux immeubles et églises dans sa ville natale, notamment l’église du Temple Neuf. Le médaillon qui orne sa tombe est une œuvre de Alfred Marzolff.
Le peintre et dessinateur Théophile SCHULER (1821-1878). Fortement ancré dans la tradition alsacienne, ses illustrations de plusieurs œuvres de Jules Verne, Victor Hugo ou Erckmann-Chatrian, entre autres, ont contribué à sa notoriété bien au-delà de sa région natale.
L’archéologue Jean Geoffroy SCHWEIGHAEUSER (1776-1844) [petit cimetière privé en contrebas]
Friedrich Gustave SPACH (1809-1895), secrétaire général de la ville de Strasbourg de 1842 à 1883, traversant quatre régimes politiques successifs. Sans héritier direct, il institua la Ville de Strasbourg sa légataire universelle, à charge pour elle d’administrer le legs comme une fondation. L’objectif de cette fondation était de secourir les anciens employés municipaux ou leur famille dans le besoin. Ainsi naquit à Strasbourg la « Cité Spach », constituée de logements ouvriers.
Louis-Adolphe SPACH (1800-1879), frère du précédent, archiviste de la ville pendant 39 ans. Il fut l’auteur de nombreuses publications érudites.
Franz STOCKHAUSEN (1839-1926) : pianiste et chef de chœur, il fut directeur du Conservatoire de Strasbourg.
Le poète Ehrenfried STŒBER (1779-1835) qui chanta l’Alsace. Son monument funéraire est l’œuvre d’André Friederich.
L’aviateur Ernst STOEFFLER (1889-1962).
L’architecte Frédéric-Auguste STUBER (1803-1893).
Le peintre miniaturiste Gustave Adolphe STULZ (1865-1931), qui mourut d’une intoxication au plomb utilisée dans ses peintures. Avec lui repose sa fille, Nelly (1892-1969), également peintre.
Le maître horloger Théodore UNGERER (1894-1935), qui a notamment entretenu la troisième horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg.
Tomi UNGERER (Jean-Thomas Ungerer : 1931-2019), fils du précédent mais reposant dans une tombe distincte. Considéré comme un des plus brillants dessinateurs de sa génération, il a mené à partir de 1957 une carrière internationale dans de nombreux domaines des arts graphiques. Parmi ses livres pour enfants, plusieurs ont connu un succès international, comme Les Trois Brigands (1961) ou Jean de la Lune (1966). Célèbre aussi par ses affiches contre la guerre du Viêt Nam et la ségrégation raciale aux États-Unis. Un musée lui est consacré à Strasbourg. Une moitié des cendres de Tomi Ungerer fut dispersée à Goleen, village de Cork en Irlande.
L’architecte et historien d’art Robert WILL (1910-1998), qui dirigea à partir de 1958 le Service d’architecture de la Ville de Strasbourg, et prit en charge plusieurs reconstructions ou restaurations de bâtiments significatifs.
Le peintre et graveur Paul WELSCH (1889-1954), qui reçut l’enseignement de Maurice Denis et de Paul Sérusier. Il fut également un illustrateur, dans un esprit proche de Hansi. Cézanne fut l’un de ses grands inspirateurs.
Crédit photos : Geneanet, Thibaut McDowell, Wikipedia.
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