LE MANS (72) : cimetière Sainte-Croix
par
Un accord fut conclu en 1847 entre la municipalité et la congrégation de Sainte-Croix : cette dernière accorda 50 ares pour y installer le cimetière communal.
C’est un tout petit cimetière, mais la visite en est cependant assez longue, car pas mal de sépultures attireront le taphophile, soit par leur intérêt esthétique, soit par les personnalités qui y reposent.
Curiosités
Un vaste enclos appartient aux religieuses des Marianites de Sainte-Croix.
On y trouve une chapelle, construite en 1848, qui servit de premier lieu de sépulture au Bienheureux Basile Moreau (1799-1873), qui repose désormais depuis 1938 dans l’église Sainte-Croix toute proche. Y repose toujours Léocadie GASCOIN (1818-1900), cofondatrice, et première supérieure générale de la congrégation des sœurs Marianites de Sainte-Croix, créée en 1841 en France avec le père Basile Moreau pour la prière, l’enseignement et les soins aux malades.Sous le nom de Mère Marie des Sept-Douleurs, elle contribua largement à l’expansion internationale de cette branche féminine, qui connut dans la seconde moitié du XIXe siècle une forte expansion aux États-Unis, au Canada et au Bengale.
Dans ce même enclos repose René FONTENELLE (1894-1957), prêtre de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, camérier d’honneur du pape et chanoine de Saint-Pierre de Rome, qui devint en 1955 évêque titulaire in partibus de Theudalis.
D’autres enclos d’ordres religieux existent dans le cimetière.
Deux tantes paternelles de Saint-Exupery reposent dans une sépulture dégradée.
Quelques médaillons.
Célébrités : les incontournables...
Stricto-censu, pas d’incontournables même si tous les amoureux de l’automobile connaissent les Bollée.
... mais aussi
Le peintre naturaliste Jacques BARCAT (1877-1955), formé à Paris mais installé au Mans dans les années 20. Ses portraits étaient appréciés.
Le vice-amiral Robert BATTET (1893-1950), qui fit une carrière brillante dans la marine (il fut chef d’Etat-Major de la Marine). En mai 1940, il transporta à bord de l’Emile Bertin, les réserves d’or de la banque de France à la Martinique, après un passage mouvementé par le port d’Halifax.
La famille BOLLÉE est dispersée en trois tombeaux :
- Ernest BOLLÉE (1814-1891) : fondeur de cloches itinérant (affaire
de famille depuis 1715), il s’installa au Mans en 1842. Il fut l’inventeur, entre-autres, de l’éolienne Bollée qui servait au pompage de l’eau.
- L’éolienne Bollée
Il délégua progressivement la marche de ses affaires à ses trois fils. Il décéda mortellement blessé par un tramway à cheval !
- Amédée BOLLÉE père (1844-1917), son fils, était fondeur de
cloches également, et fut un inventeur français, spécialisé dans le domaine de l’automobile. Il est considéré comme étant le premier constructeur à avoir commercialisé des automobiles. Il fabriqua sa première voiture en 1873, appelée l’Obéissante. C’était un véhicule à vapeur, remarquable par son silence de fonctionnement, sa maniabilité, et disposant déjà de la plupart des solutions mécaniques de l’automobile du futur : quatre roues, une direction à double pivots, une propulsion par les roues arrière, et une
- L’obéissante
suspension à quatre roues indépendantes. Il est d’usage de la considérer comme le premier véhicule automobile pour particuliers. En 1875, il accomplit le premier voyage Le Mans-Paris, en dix-huit heures. En 1878, il conçut et commercialisa « la Mancelle », encore à moteur à vapeur, situé à l’avant, avec une boîte de vitesses et un différentiel. Cette voiture est considérée comme la première voiture construite en série : une petite cinquantaine d’exemplaires ont été fabriqués et vendus. Il repose avec son père dans la même sépulture.
- Amédée BOLLÉE fils (1867-1926) : encouragé par son père à expérimenter les moteurs à combustion interne, il mit au point, entre autres, le carburateur à gicleur noyé. Il devint un des meilleurs ingénieurs du domaine de l’automobile : En 1896, il fabriqua sa première voiture à essence, puis, en 1898, pour la course Paris-Amsterdam-Paris, il construisit la première voiture aérodynamique, dont la carrosserie était en aluminium. Ses voitures atteignirent 90 km/h sur les routes empierrées de cette époque. De 1900 à 1923, il construisit des voitures haut de gamme, en petite série. Il continua également ses recherches et partir de 1923, il se spécialisa dans la fabrication de segments pour les pistons. Sa société existe toujours, ce qui en fait la plus ancienne société spécialisée dans l’automobile du monde.
- Léon BOLLÉE (1870-1913) : frère du précédent, il fut un inventeur précoce qui conçut, à 19 ans, une machine à calculer mécanique révolutionnaire, dite à multiplication directe, qui reçut un premier prix à l’Exposition universelle de 1889. Chercheur et ingénieur de génie, il réalisa le premier moteur français de voiture et expérimenta avec Wright les premiers moteurs d’avion. En 1903, il produisit sa première grosse voiture. Réputée pour sa qualité, la marque connut rapidement le succès. Après sa mort en 1913, sa veuve continua la production d’automobiles et d’armements. La marque fut finalement rachetée en 1922 par la firme anglaise Morris, pour devenir Morris-Léon Bollée, installée au Mans. La production s’arrêta en 1928 et Morris ferma l’usine définitivement en 1931. Léon Bollée donna son nom au stade municipal du Mans. Il repose sous repose sous une magnifique allégorie de la Mécanique réalisée par Raoul Verlet. Un médaillon en bronze par André Allar complète la composition.
L’intérieur de la chapelle est ornée de majestueuses mosaïques, mais l’ensemble, abandonnée, est en mauvais état.
Le maître de forges Alexandre BOURDON du ROCHER (1777-1852), qui fut député royaliste de la Sarthe de 1827 à 1830. Sa tombe, un petit obélisque quasiment illisible, est sans doute l’une des plus anciennes du cimetière.
L’ingénieur des Ponts-et-chaussées André FERTRÉ (1885-1971), qui fut également peintre et graveur sur bois.
Le sculpteur manceau Auguste GAULLIER (1825-1909).
L’historien et numismate Eugène HUCHER (1814-1889), qui fut directeur du Musée Archéologique du Mans de 1863 à 1889.
Jean-Marie LELIÈVRE (1836-1914) : avoué à Mamers, il fonda en 1883 une société mutuelle d’assurances appelée à devenir célèbre : la Mutuelle Générale Française. Avec lui repose son petit-fils, Jean-Marie LELIÈVRE (1900-1976), qui devint le directeur de la MGF en 1931 (il le resta jusqu’en 1966). Résistant, il fut aussi un défenseur passionné des 24 Heures du Mans.
L’écrivain Henri MONGAULT (1884-1941), qui fut également un traducteur de la littérature russe.
L’abbé architecte Magloire TOURNESAC (1805-1875).
L’homme de lettres autodidacte Roger VERDIER (1899-1995), qui laissa une oeuvre importante sur la connaissance du parler local, du folklore, de l’histoire locale ou encore de l’archéologie de la région du Mans. La tombe qu’il occupe est une niche dans laquelle se trouve sculptées son épouse et sa fille, morte en bas-âge.
Merci à Jean-François Husson pour le complément de photos pour la tombe Léon Bollée.
Même si on n’y trouve pas de localisations précises, il existe un excellent guide sur les cimetières de la Sarthe qui permet de faire le repérage de tout ce qui peut-être intéressant dans les nécropoles du département, dans une optique qui est assez similaire à celle de ce site : anecdotes, aspects esthétiques, historiques, petites notices biographiques. Il s’agit de : BERTIN Serge (dir), Le Territoire partagé - Guide des cimetières de la Sarthe, éditions Cénomane, 2009
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