Le cimetière de Bakhia, sanctuaire des compagnons du Prophète
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Le cimetière de Bakhia est l’un des lieux les plus visités par les pèlerins durant l’étape de Médine. Nous avons fait un tour dans ce sanctuaire où reposent de nombreux compagnons de Mahomet ainsi que des membres de sa famille.
Au cimetière de Bakhia, une nuée de pigeons vous accueille dès que vous franchissez l’une des portes d’entrée. Le lieu est en permanence pris d’assaut par des centaines de milliers de pèlerins qui se bousculent aux entrées, dès la fin de la prière de Takoussane, vers 16 heures. En cet après-midi de jeudi, un vent léger balaie l’endroit et fait soulever quelques nuages de poussière. L’immense sanctuaire de plusieurs hectares fait partie des lieux à visiter durant le séjour à Madinah Al Mounawarah. Il se trouve juste devant la Grande Mosquée du Prophète Mohamad, un peu à l’est du mausolée où il repose. Des membres de la sécurité du Royaume saoudien sont postés devant chaque porte. Pas question de gravir les rampes qui mènent vers le cimetière tant que la prière n’est pas terminée.
Ceux qui veulent visiter le cimetière de Bakhia doivent être patients car aucun pèlerin ne voudrait quitter la ville sainte sans aller se recueillir devant les milliers de tombeaux dont bon nombre sont ceux des compagnons du Prophète et des membres de sa famille. « Dans ce cimetière, le plus célèbre de la ville de Médinah, reposent près de dix mille Saaba (compagnons) du Prophète. C’est là également où reposent toutes ses épouses, exceptée Khadidja qui a été enterrée à La Mecque ». C’est ici où est enterré Ousmane Ibn Afane, l’un des plus fidèles Saaba et troisième khalife après Aboubakr et Omar Ibn Khatab. « Ici, repose aussi Hassan Ibn Ali (le fils de Ali, quatrième khalife) qui a été tué par son épouse qui l’a empoisonné un jour de Tamkharite ».
Même si la visite de Bakhia n’est pas une recommandation divine et ne fait pas partie du pèlerinage, le fait de s’y rendre est considéré comme bénéfique. En effet, le Prophète visitait régulièrement ce cimetière et faisait des prières pour tous ceux qui y étaient enterrés. Cependant, il interdisait aux fidèles de demander aux morts d’exaucer leurs prières. Ce qui est recommandé est plutôt de prier pour que Dieu couvre ces disparus de bienfaits. « Je sais que je vous rejoindrai là où vous êtes », disait d’ailleurs le Prophète lorsqu’il s’adressait à ceux qui reposent à Bakhia. Le lieu est pris d’assaut par des milliers de pèlerins. Seuls les hommes peuvent accéder à ce sanctuaire. Les femmes, venues nombreuses, se contentent de contempler les stèles de loin, à travers les énormes grilles hautes de plusieurs mètres. D’autres femmes, toutes nationalités confondues, achètent des graines qu’elles jettent aux nuées de pigeons qui peuplent les lieux. Dès qu’un groupe de pèlerins s’approche d’eux, les oiseaux s’envolent en groupe et s’empressent de revenir pour picorer.
Ce qui frappe lorsqu’on visite le cimetière de Bakhia, c’est l’absence d’identification sur les tombeaux. Celui de Ousmane Ibn Afane est l’un des rares à être authentifié, mais sans aucune inscription dessus. Il est reconnaissable entre tous car il se trouve dans un caveau assez grand et devant lequel sont postés des vigiles en djellabah et foulard rouge-blanc. Dès qu’on leur pose la question, ils confirment que c’est bien ici que repose le troisième khalife de l’Islam. Des centaines de fidèles s’agglutinent autour de ce lieu et s’y attardent pour prier. Les milliers d’autres tombeaux aux alentours sont bien alignés, avec juste une pierre dessus pour les matérialiser. Ni stèles en marbre, ni murs carrelés ou inscriptions dorées. La simplicité est de rigueur dans ce vaste sanctuaire situé au cœur de la cité bénite, faisant face à la Grande Mosquée du Prophète et entouré de grands immeubles.
Parmi les personnalités célèbres de l’Islam qui reposent à Bakhia, se distingue Fatima, fille du Prophète et épouse de Ali, le quatrième khalife. « Il y a aussi Annas Ibn Malick qui fut Imam de la Grande Mosquée de Médinah durant trente ans, sans compter ces compagnons qui ont rapporté la plupart des Hadiths de Mahomet. Le Prophète disait que quiconque est enterré à Bakhia est assuré d’aller au Paradis ».
Les autorités saoudiennes sont bien conscientes de l’importance de ce cimetière qui est bien conservé et restauré, avec ses immenses murs qui se dressent au milieu d’une forêt d’immeubles. Le silence qui règne à Bakhia contraste avec l’effervescence qui s’empare de la ville de Médinah dès le lever du jour. Au loin, des centaines de voitures empruntent, avec une vitesse ahurissante, les avenues Omar Ben Khatab, King Abdoul Aziz et Faysal. Et lorsqu’on s’isole dans le silence de Bakhia, on se rend compte que la vie ici-bas n’est qu’un passage éphémère...
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