NOAILLES (de) Anna (1876-1933)
par
Aristocrate descendante des familles de boyards Bibescu de Roumanie, elle mena une vie privilégiée au sein de l’aristocratie européenne et l’élite littéraire de son temps ; entre l’hiver à Paris et le reste de l’année dans sa propriété, la Villa Bessaraba à Amphion, près d’Évian sur la rive sud du lac Léman, lieu qu’elle affectionnât particulièrement. Au début du XXe siècle, son salon de l’avenue Hoche attira l’élite intellectuelle, littéraire et artistique de l’époque. Son mariage avec Matthieu de Noailles la fit comtesse.
En 1904, avec d’autres femmes, parmi lesquelles Jane Dieulafoy, Julia Daudet, Daniel Lesueur, Séverine et Judith Gautier, elle créa le prix « Vie Heureuse », issu de la revue La Vie heureuse, qui devint en 1922 le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie. Elle en fut la présidente la première année. Elle fut la première femme commandeur de la Légion d’honneur ; la première femme reçue à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique (au fauteuil 33 ; où lui succéda son amie Colette). Elle fut une source d’inspiration pour de nombreux auteurs, pour de nombreux peintres qui la représentèrent, ou encore de sculpteur (Rodin).
Elle fut l’auteure de trois romans, d’une autobiographie et d’un grand nombre de poèmes au lyrisme passionné exaltant les thèmes de l’amour, de la nature et de la mort.
Morte à Paris, elle fut inhumée dans le vaste mausolée de la famille Bibesco dans la 28ème division du Père Lachaise. Pendant longtemps, une photographie enrichie de cette phrase autographe extraite des Eblouissements : Hélas, je n’étais pas faite pour être morte lui tenait lieu d’épitaphe. Cette tombe, à la vaste crypte ouverte jadis à tous les vents, fut profanée en 1984.
Près du lac Léman, dans son domaine d’Amphion à Publier, un jardin votif lui rend hommage dans une partie de l’ancien parc de sa propriété : conçu par Emilio Terry, un monument en forme de rotonde dans laquelle se dresse une stèle commémorative sur laquelle sont gravés les vers du premier quatrain de l’un de ses poèmes, les Forces Eternelles :
Etranger qui viendras, lorsque je serai morte,Contempler mon lac genevois,Laisse que ma ferveur dès à présent t’exhorteA bien aimer ce que je vois.
Ce n’est cependant pas dans ce monument, contrairement à ce qu’on peut lire trop souvent, en particulier sur sa fiche Wikipédia, que repose son cœur, mais au sein du petit cimetière communal de Publier, dans un enclos de buis (74).
Merci à Simon Tiron pour les photos du jardin votif
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