MARVILLE (55) : cimetière Saint-Hilaire
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Le village de Marville en Lorraine, un temps fief espagnol, se caractérise par une architecture particulière composée de façades Renaissance. Au XVIème siècle, le village était prospère et comptait 2000 habitants, de nombreuses familles nobles, bourgeoises ou commerçantes vinrent s’y installer. Ancienne cité prospère, dépendant à la fois des comtes du Luxembourg et de Bar, Marville s’est tout doucement endormie au point de passer du stade d’une ville médiévale importante à celui d’un village perdu.
A 2 km du village se trouve l’église romane de Saint-Hilaire : église primitive du bourg, abandonnée au profit d’une église construite dans le village dans la première moitié du XIIIe siècle, elle date du XIIe siècle mais fut très remaniée à l’époque gothique. Elle est entourée de son cimetière unique en France, car il offre encore aujourd’hui une grande quantité de pierres tombales des XVe-XVIIIe siècles. Dans les années 1875, les tombeaux de plein air les plus intéressants et les plus anciens ont été mis en sécurité à l’intérieur de la chapelle à la demande d’un inspecteur des monuments historiques. En 1931, le cimetière avec son mur de clôture, la chapelle Saint-Hilaire, l’ossuaire, la maison du gardien de cimetière, et l’ensemble des tombeaux, des bénitiers et des morceaux ou débris de sculpture conservés dans le cimetière ont été classés M.H. au titre des monuments ; plusieurs tombeaux encore dans le cimetière au moment de l’enquête en 1974 ont été déposés dans la chapelle au cours des dernières années.
Caractéristique notable du lieu : la présence de son ossuaire, datant de la fin du XVème siècle. Il fut « rangé » vers 1890 par Constant Motsch (1934-1902), gardien du cimetière, qui repose à son tour en ce lieu. Il abrite environ 40 000 crânes et os longs. Certains crânes sont enchâssés dans des « boites à crânes » en bois, en forme de tête d’horloge : il y en a 29, qui renferment les crânes d’hommes et de femmes de Marville décédés entre les années 1780 et 1860. A l’intérieur de l’ossuaire, des pancartes modernes proclament l’imprécation classique : « Nous avons été comme vous, Vous serez comme nous, Priez Dieu pour nous ».
C’est dans ce cimetière que furent enterrés depuis des siècles les gens du pays ainsi que les lépreux du diocèse de Trêve dont la maladrerie de Marville constituait l’avant-dernière demeure (juste avant le cimetière). Le « Christ des Lépreux » qui garde l’entrée des lieux est là pour en témoigner, tout comme la « Vierge des Lépreux » nichée non loin de là.
Le lieu est admirable : le grand nombre de stèles réalisées en calcaire jaune lui donnant des airs de Renaissance méridionale.
Le cimetière possède un grand nombre de sculptures religieuses. Deux des plus notables sont un Christ aux Liens du XVIe siècle attribué à l’école de Ligier Richer, ainsi qu’un ensemble de 4 stèles du début du XVe siècle dressées devant l’édicule du Jugement dernier, représentant les apôtres, à l’exception de Judas dont la place est restée vide ; elles servent de monuments à des dalles anépigraphes du 16e siècle, dont deux sont datées 1561 ou 1567 ; il est difficile de savoir si cette disposition est d’origine ou si ces stèles ne constitueraient pas plutôt les éléments d’un ensemble non identifié ; instruments de métier gravés sur les dalles.
Plus récemment, Marville, base aérienne de l’OTAN, fut occupée par des militaires canadiens de 1954 à 1967. Quarante et un membres de familles de militaires canadiens ont été enterrés à Marville – certains dans la section historique. Les pierres tombales, en forme de croix, étaient en mauvais état et devaient donc être réparées ou remplacées. Certaines pierres tombales avaient disparu. En 2003, le Canada a négocié un bail de 50 ans avec la Commune de Marville pour la location de lots du cimetière. Les croix ont été remplacées, les autres pierres tombales, nettoyées, et un monument commémoratif a été érigé, où sont gravés les noms de ceux dont la pierre tombale n’a pas été retrouvée. Une cérémonie d’inauguration a eu lieu en août 2003.
28 tombes du cimetière de Marville furent profanées en avril 2008, a priori par un groupe de jeunes gothiques néerlandais.
Merci à Robin pour cette série de très belles photos.
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