MENIER chocolatiers
par
1ère génération
Jean-Antoine Brutus MENIER (1795-1853) était à l’origine un pharmacien, mais il fonda, en 1816, l’entreprise chocolatière Menier rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie à Paris. Vendant, à l’origine, des produits pharmaceutiques, il mit en vente des médicaments à base de chocolat, ce dernier servant à masquer l’amertume des pastilles. Pour broyer la fève de cacao, il utilisa d’abord un moulin à bras, puis des manèges à chevaux, pour avoir enfin recours à l’énergie hydraulique. Il loua pour une durée de 15 ans l’ancien moulin à eau seigneurial du village de Noisiel, qui ne comptait alors qu’à peine plus d’une centaine d’habitants, ainsi que le terrain environnant d’environ 3 hectares. Il fit transformer le moulin pour les besoins de son entreprise et finit par l’acquérir au terme de son contrat de location. Il créa, en 1836, en France le concept de la tablette de chocolat (plaquette composée de six barres semi-cylindriques enveloppées de papier jaune) que développa en 1847 en Angleterre Francis Fry qui créa la véritable plaquette de chocolat, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Industriel doué, il fut aussi commerçant talentueux et commença à lancer des campagnes de publicité pour son chocolat, mais ce furent ses successeurs qui portèrent la marque à un niveau européen.
L’époque était favorable aux innovations et aux créations d’entreprise, car en 1826, à Serrières, Philippe Suchard créa la première fabrique de chocolat de Suisse, puis en 1828 le Hollandais Coenraad Johannes van Houten créa le chocolat en poudre, tandis qu’en 1830, le Suisse Charles-Amédée Kohler inventait le chocolat aux noisettes.
Il repose dans la 26ème division du Père Lachaise.
2nde génération
Son fils Emile-Justin (1826-1881) reprit l’affaire paternelle. Il voyagea, en particulier en Amérique centrale, pour visiter puis acheter des plantations de cacao, à une époque la culture du cacao était encore marquée par une production insuffisante de la matière première. Ayant une vision sociale de ses activités
- Le moulin Saulnier
- Premier bâtiment au monde à structure métallique apparente, il devint de 1996 à 2020
le siège de Nestlé France.
industrielles, il s’investit dans la vie intellectuelle et politique : auteur de plusieurs ouvrages économiques, il devint maire de Noisiel en 1871 et député de Seine-et-Marne en 1876, mandats qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il mit en œuvre une partie de ses convictions politiques en créant à Noisiel une cité ouvrière, modèle d’entreprise paternaliste, en ouvrant, avant la loi Ferry, une école laïque, gratuite et obligatoire pour les enfants des ouvriers de son usine. Il décida de se recentrer l’activité chocolatière, abandonnant la branche pharmaceutique.
À la mort d’Émile-Justin, en 1881, ce sont ses fils, Henri, Gaston et Albert qui assurent les destinées de l’entreprise familiale.
3ème génération
Henri (1853-1913) : en tant qu’aîné de la famille, il fut nommé dirigeant de l’affaire
familiale, bien que l’essentiel de la gestion de cette entreprise soit assurée par son frère Gaston. Maire de Noisiel de 1881 à sa mort, il consacra une grande partie de son temps et de son argent à ses deux passions qu’étaient le yachting et la course automobile. En 1895, il acheta l’île d’Anticosti dans le golfe du Saint-Laurent au Canada pour en faire une réserve privée de chasse et de pêche et y fonda Port-Menier. En avril 1913, il acquit le domaine et le château de Chenonceau qui, à sa mort, fut transmis à son frère Gaston, qui revendit l’île d’Anticosti à une compagnie forestière canadienne.
Gaston (1855-1934) : dans la lignée de son père, il s’investit aussi en politique au
sein du Parti radical : maire de Lognes entre 1884 et 1892, puis maire de Bussy-Saint-Martin, député de Meaux en 1898 puis sénateur à partir de 1909, il succéda à la mort de son frère Henri à la mairie de Noisiel.
Albert (1858-1899) : troisième fils, il joua rôle de second plan, mais il est vrai qu’il .
mourut prématurément en 1899 des suites d’une fièvre typhoïde. Sa fortune colossale lui permit de se consacrer à ses passions : le sport hippique, la chasse à courre, le yachting et l’automobile.
Durant la gouvernance des fils, les campagnes publicitaires furent développées : peinture murale, affiche avec la petite fille (1893), objets...
4ème génération
Pour les héritiers de Gaston, l’usine ne sembla plus être une priorité.
Georges (1880-1933), premier fils de Gaston, fut associé à l’entreprise mais mourut avant son père.
Jacques (1910-1959) : second fils de Gaston. Pilote de guerre fait prisonnier durant la Première Guerre mondiale, il prit à la mort de son père la direction de l’entreprise aidé par ses neveux Antoine et Hubert. Maire de Noisiel en 1934, la victoire du Front Populaire en 1938 fit perdre la mairie à la famille Menier qu’elle détenait depuis 1871.
5ème génération
Frappé par la crise de 29, mal adapté à la concurrence étrangère, l’entreprise déclina dans les années 30.
Antoine (1904-1967), fils aîné de Georges, s’intéressa peu aux affaires et ne
poursuivit pas d’études supérieures. Lui aussi utilisa sa richesse pour poursuivre une vie d’activités sportives. Passionné de course automobile, il établit de nombreux records au volant de véhicules Alfa Romeo dans des épreuves de course de côte. Il fut maire de Lognes de 1933 à 1945, puis remplaça son oncle Jacques, à la mort de ce dernier, à la mairie de Noisiel de 1945 à 1959. Depuis 1871, les membres de la famille Menier étaient maire de de Noisiel et Antoine remplaça son oncle Jacques comme maire de Noisiel. Il fut le dernier Menier a avoir occupé ce poste. À la suite du testament de son grand-père Gaston Menier, Antoine Menier hérita en 1935 du château de Chenonceau dans la vallée de la Loire. À la mort d’Antoine, son domaine fit l’objet d’une bataille judiciaire et le château fut finalement acquis par sa belle-sœur. À sa mort en 1975, son fils Jean-Louis Menier en hérita et fit de Chenonceau l’une des attractions touristiques majeures de France.
Hubert (1910-1959), fils de Georges.
Jean (1913-1944) , fils de Georges.
- Hubert
- Jean
Après la Seconde Guerre mondiale, incapable de se reconvertir, la firme déclina, concurrencée par les barres chocolatées venues des États-Unis. Avec la mort d’Hubert Menier, l’entreprise déficitaire fut rachetée par Cacao Barry. Antoine Menier fut donc le dernier des Menier à diriger la firme. L’entreprise fut rachetée en 1965 par le groupe Perrier, puis par Rowntree en 1975 et par Nestlé en 1988. La marque Menier subsiste encore grâce à ses tablettes de chocolat pâtissier, ainsi qu’au chocolat en poudre, mais elle n’est plus guère mise en avant, notamment parce que la marque n’est connue que sur le marché français. La multinationale lui préfère donc son produit « Nestlé dessert ».
A partir de la 2ème génération, tous les membres de la famille furent inhumés dans la grandiloquente chapelle qui se dresse, telle une proue de navire, à l’une des extrémités de la 67ème division du cimetière. Edifiée sur le modèle de l’architecte Paul Parent, elle est surmontée d’un buste de Emile Justin par François Gilbert. L’entrée est encadrée par deux figures sculptées, allégories du Travail et de l’Industrie.
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