Du chirurgien Gaudart, il est beaucoup question dans un livre récent, « Le Dernier Hiver du Cid », ouvrage que consacre Jérôme Garcin aux dernières semaines de Gérard Philipe, en 1959. Garcin a épousé sa fille Anne-Marie, et il narre les derniers jours du comédien, son illustre beau-père qu’il n’a pas connu. C’est Gaudart d’Allaines qui opère Fanfan la Tulipe, espérant lui ôter un abcès au foie : Il découvre un rare cancer, incurable. L’épouse de Philipe, Anne, organise une conspiration du silence qui fera que le Cid mourra, épuisé, d’une crise cardiaque, dans l’ignorance du caractère fatal de son mal ; enfin cela est supposé. Gaudart avait opéré avec succès Sacha Guitry ; lettré, il était fou de théâtre en général, et allait voir avec son épouse toutes les pièces où jouait Gérard Philipe, comme à Suresnes, en banlieue. C’est dire qu’il était mortifié de la fatalité qui lui tomba dessus...
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Autre époque, la veille d’être opéré, alors qu’il n’imagine pas ce que l’on va lui découvrir, Philipe rédige un testament ! On ne connait plus aujourd’hui cette prégnance de la mort, à l’idée que l’on vous ouvre le ventre ! A l’époque, les anesthésies étaient un peu aléatoires, la souffrance coutumière, et l’accident n’était pas rare. Philipe laisse tout à sa femme, mais aussi il lègue à son père réfugié en Espagne l’appartement de Barcelone qu’il a acheté pour ses parents. Le père condamné à mort pour collaboration, ancien du PPF de Doriot, n’a jamais été abandonné par un fils très engagé à gauche qui rallia les FFI à la libération de Paris. Il lui laisse aussi un dixième de ses liquidités du moment, 500 000 francs sur 5 millions. Le père est mort en 1973.
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