JOUVENEL des URSINS (famille)
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Nous ne reviendrons pas à la lointaine antiquité ; les liens entre les Jouvenel et la famille Juvenal des Ursins (qui donna un prévôt des marchands de Paris en 1388, un chancelier de France en 1445, ainsi qu’un évêque de Beauvais puis de Reims) étant complexes et pas certains (le qualificatif "des Ursins" fut récupéré un peu légèrement au XIXe siècle). Nous nous contenterons des individus contemporains de cette famille, essentiellement connue pour son ancrage dans les mondes politiques et journalistiques.
Dans le petit cimetière de Varetz, en Corrèze, se trouve le tombeau collectif ancien de cette famille. Y reposent :
Léon de JOUVENEL (1811-1886) : légitimiste, il fut député de la Corrèze de 1846 à 1848, de 1852 à 1863 et de 1871 à 1876. C’est lui qui adopta le titre de baron et le qualificatif "des Ursins".
Raoul Bertrand, baron de JOUVENEL (1844-1910), son fils, qui fut préfet (en particulier de la Marne).
Henry de JOUVENEL (1876-1935), fils du précédent, le plus connu de la famille. Journaliste, il devint rédacteur en chef au quotidien Le Matin. C’est là qu’il rencontra la romancière Colette, qu’il épousa en secondes noces en 1912, et avec qui il eut l’unique fille de la femme de lettres (voir plus loin). Après la guerre, Henry de Jouvenel commença une carrière politique. Sénateur de la Corrèze de 1921 à 1933, il fut nommé ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en mars 1924 avant de devenir haut-commissaire de la République française en Syrie et au Liban. C’est sous son administration que le Liban fut organisé en république. En 1923, Colette se sépara de lui après avoir entretenu une liaison avec son fils Bertrand de Jouvenel, issu de son premier mariage.
En 1927, il fonda La Revue des vivants, Organe de la génération de la guerre. En 1932 et 1933, il fut ambassadeur de France en Italie, où il renoua en quelques mois des relations amicales avec le régime de Mussolini. Il fut ensuite nommé ministre de la France d’Outre-mer, en 1934, et assura plusieurs fois la fonction de délégué de la France à la Société des Nations. Proche d’Aristide Briand, il milita pour la paix.
Robert de JOUVENEL (1882-1924), frère du précédent, journaliste et polémiste de droite, qui fut proche des milieux nationalistes. Il laissa des ouvrages satiriques sur la bureaucratie et le gouvernement de la Troisième République.
- Le tombeau familial de Varetz.
Henry de Jouvenel eut une descendance avec plusieurs femmes :
avec sa première épouse, Claire Boas, il eut un fils, l’écrivain et journaliste Bertrand de JOUVENEL (1903-1987). Penseur libéral, il fut l’un des pionniers et théoriciens de la prospective en France. Il fonda la revue Futuribles, et fut également un pionnier de l’écologie politique. Issu de la Gauche, il dériva progressivement vers le fascisme (il fut membre du PPF jusqu’aux accords de Munich). S’il conserva malgré tout une indépendance vis à vis de la sphère collaborationniste, il dut néanmoins se réfugier en Suisse après la Guerre. On se souvient surtout de lui parce qu’à dix-sept ans, il vécut une aventure amoureuse qui dura cinq ans avec la deuxième femme de son père, l’écrivaine Colette, qui s’inspira de cette relation pour écrire son roman Le Blé en herbe. Avec lui repose sa compagne et secrétaire Hélène Duseigneur (1917-1974) (vois plus de détails sur l’article sur Anserville).
Bertrand de Jouvenel repose au cimetière d’Anserville, dans l’Oise.
Il se maria à Marcelle Prat (1896-1971), avec laquelle il eut Roland de Jouvenel (1931-1946). Ce dernier mourut à l’âge de 14 ans d’une maladie inconnue. Pour échapper au désespoir, sa mère se lança dans l’écriture automatique, ou plus exactement la psychographie, phénomène paranormal. Elle rédigea plusieurs petits volumes de ses contacts paranormaux avec son fils !
Roland de Jouvenel reposa durant vingt cinq ans dans une chapelle de l’église Saint-Roch. A la mort de sa mère, tous deux furent inhumés dans la chapelle Hautoy, dans la 58ème division du Père Lachaise, à Paris. Sur la porte de cette chapelle figurent des extraits des "échanges" entre la mère et le fils. La chapelle, très ornée, l’est en particulier d’un médaillon représentant Roland par Albert Patrisse.
Avec sa maîtresse Isabelle de Comminges, il eut un fils, le journaliste Renaud de JOUVENEL (1907-1982). Proche du Parti Communiste, il prit ses distances par la suite. On retrouva son corps à Cannes quelques semaines après sa mort : les circonstances de cette mort n’ont jamais été élucidées. J’ignore où il repose.
Avec sa seconde épouse, l’écrivaine Colette, il eut une fille, Colette de JOUVENEL (1913-1981), la Bel Gazou de l’oeuvre de sa mère. Elle n’eut pas d’autre existence médiatique. Elle repose auprès de sa mère, dans la 4ème division du Père Lachaise.
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