COGNACQ Ernest (1839-1928) et JAY Marie-Louise (1838-1925)
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Même si cela ne dira plus grand chose aux plus jeunes, nous sommes plusieurs générations pour qui Cognacq-Jay évoque tout autre chose que la Samaritaine, la philanthropie ou les collections de peintures. L’évocation des fameux studios de télévision ("à vous Cognacq-Jay") replonge chacun dans une genèse, celle de la télé des années 70-80 en particulier.
Commis d’un magasin de nouveautés à La Rochelle, il partit tenter sa chance à Paris à l’âge de 15 ans. D’abord employé dans différents magasins, il se mit à son propre compte en 1867 en fondant un magasin dénommé Au petit Bénéfice dans la rue de Turbigo. Mais il fit de mauvaises affaires et dut fermer et s’installa dans la corbeille de la seconde arche du Pont-Neuf, à l’emplacement de l’ancienne pompe de la Samaritaine. À l’abri d’un parapluie, il vendait des tissus sur des caisses tendues d’andrinople rouge, gagnant le surnom de « Napoléon du déballage ».
Peu avant la guerre de 1870, Ernest Cognacq créa un nouveau magasin qu’il appela La Samaritaine, du nom de la fontaine située dans le quartier qui représentait la Samaritaine des Évangiles. En 1872, il épousa Marie-Louise Jaÿ, qui était alors première vendeuse au rayon confection du magasin Le Bon Marché. Progressivement, le couple fit fortune et quatre vastes magasins de style Art nouveau furent ouverts de 1905 à 1910 côte à côte rue de Rivoli en bordure de Seine.
Entre 1900 et 1925, Ernest Cognacq et Marie-Louise Jaÿ réunirent une importante collection d’œuvres d’art du XVIIIe siècle, destinée à être exposée dans leur magasin La Samaritaine de luxe, ouverte en 1917. En 1928, cette collection fut donnée à la ville de Paris et devint le musée Cognacq-Jay. C’est par une donation similaire que fut créé le musée municipal Ernest Cognacq dans la commune natale de celui-ci à Saint-Martin-de-Ré. En 1916, le couple créa la Fondation Cognacq-Jay. Cette institution - toujours en activité - gérait un pouponnat, une maison de convalescence, une maison de retraite situés à Rueil-Malmaison, un centre d’apprentissage à Argenteuil, une maternité à Paris, un orphelinat, une maison de repos en Haute-Savoie, et un ensemble de logements à Levallois-Perret. La fondation est aussi restée actionnaire minoritaire de la Samaritaine. En 1920, ils créent le Prix Cognacq, géré par l’Institut de France, pour récompenser les familles nombreuses.
Sans descendance, c’est leur neveu adoptif, Gabriel COGNACQ (1880-1951) qui prit leur succession. Ayant collaboré durant la Seconde Guerre mondiale, il fut écarté de la direction après 1945. Il s’était fait élire en 1938 à l’Académie des Beaux-Arts. Il repose également dans ce tombeau.
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