LE CONQUET (29) : cimetière de Lochrist

visité en janvier 2018
samedi 29 octobre 2022
par  Philippe Landru

Plusieurs éléments attireront le taphophile dans le cimetière de Lochrist.

Il entoure la chapelle de Saint-Michel ou de l’Ange-Gardien, qui date sans doute du milieu XVIIIe. Récemment restaurée, elle renferme quelques statues.

On y trouve :
-  la stèle à la mémoire de la famille Reed, William le père, Margaret la mère, Alice la fillette, qui ont péri dans le naufrage du Drummond Castle le 16 juin 1896. Ce paquebot anglais pris dans la brume a heurté une roche aux Pierres-Vertes dans le Fromveur, entre Molène et Ouessant. Le drame fit 241 victimes et seulement trois survivants. L’obélisque porte la marque du sculpteur brestois Jules Poilleu.

- quatre petites tombes d’aviateurs abattus pendant la seconde guerre mondiale. Dans la nuit du 5 au 6 juillet 1943, un bombardier Wellington anglais qui revenait d’avoir largué des mines au large du Toulinguet, touché par la DCA ou en panne de moteurs, tomba dans la baie de Porsliogan, entre Saint-Mathieu et Le Conquet. Trois hommes gagnèrent le rivage à bord d’un radeau de survie, mais ils furent abattus par des soldats allemands, un quatrième chuta et se tua en essayant d’escalader la falaise. Le cinquième, le lieutenant Frank Darbyshire, ne fut jamais retrouvé. Avec l’autorisation de l’occupant, les corps du pilote, le lieutenant-colonel JJ Owen, anglais, du navigateur, le lieutenant E.H Swain, anglais, du radio, le sous-lieutenant A.M Long, canadien, du mitrailleur, le sous-lieutenant J.F Ray, anglais, furent inhumés à Lochrist en présence d’une foule recueillie, et d’un peloton de soldats allemands en armes, rendant les honneurs militaires.

Reposent également ici :

- Le grammairien et linguiste Jean-François LE GONIDEC de KERDANIEL (1775-1838), emprisonné un temps pendant la Terreur et qui aurait ensuite participé à la Chouannerie. Membre de l’éphémère Académie celtique créée en 1803 à Paris et qui fut le point d’orgue de la mode de la celtomanie, il publia en 1821 un Dictionnaire celto-breton qui fut enrichi et réédité en 1850 par La Villemarqué. Il rénova la langue bretonne en simplifiant son écriture et fut le premier unificateur de l’orthographe de la langue bretonne. Son grand souci fut de traduire la Bible en breton, car il connaissait l’effet positif que la traduction galloise avait eu sur le maintien du gallois. Cherchant l’accord de l’Église catholique romaine, il publia en 1821 un Katekiz historik qui fut approuvé. Mais, sa traduction du Nouveau Testament (Testamant nevez) ne put être publiée en 1827 qu’aux frais d’une organisation protestante anglaise, ce qui lui valut une mise à l’index de l’Église catholique. En 1837, il fit paraître un Dictionnaire français-breton et mourut l’année suivante à Paris. Il fut inhumé au cimetière Montmartre mais ses amis lancèrent une souscription pour lui élever un monument dans ce cimetière. Son corps fut ramené à Lochrist en 1845. Sa tombe fut érigée par des Gallois et des Bretons, en témoignage de reconnaissance. Elle est surmontée d’un monument portant des inscriptions, en gallois et breton, et une inscription plus brève en français. Le monument fut renversé par la foudre en 1846, mais relevé en 1851.

- François Benoît TISSIER (1803-1873) : chimiste-manufacturier, maire du Conquet de 1870 à 1873, conseiller général du Finistère, il lança en 1830 dans son usine du Conquet la production industrielle de l’iode créant une nouvelle population de gens de terre et de mer : « les goémoniers », selon le principe suivant : des « paysans-marins » récoltaient en bateaux les laminaires qu’ils détachaient du fond de l’eau avec une longue faucille emmanchée. Les algues étaient séchées sur les dunes côtières, puis incinérées dans des fours, les cendres compactées prenant le nom de « pain de soude » étaient amenées à l’usine Tissier. Différents traitements permettaient d’en extraire le précieux iode, qui en solution dans de l’alcool donnait la teinture d’iode, l’antiseptique universel dont les armées faisaient une très forte consommation. La famille s’enrichit grâce à cette production. Son fils Frédéric Alexandre (1827-1827) repose également dans la chapelle : maire du Conquet de 1876 à 1878, conseiller général du Finistère, il fut également propriétaire du journal Le Républicain du Finistère.



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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

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vendredi 14 février 2014

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