COLLEVILLE-SUR-MER (14) : cimetière américain

vendredi 28 octobre 2022
par  Philippe Landru

Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer (en anglais : « Normandy American Cemetery and Memorial ») est un cimetière militaire américain situé juste au-dessus de la plage dite d’Omaha Beach, sur l’un des sites du débarquement allié du 6 juin 1944. Inauguré officiellement en 1956 avec son mémorial, ce cimetière honore les soldats américains morts pendant la bataille de Normandie lors de la Seconde Guerre mondiale et compte parmi les 25 sites funéraires permanents des États-Unis sur sol étranger. Le cimetière en a remplacé un premier provisoire, dit de Saint-Laurent, établi à proximité dès le 8 juin 1944. Il est le premier cimetière militaire américain de la Seconde Guerre mondiale. Il a été conçu par les architectes Harbeson, Hough, Livingston & Larson.

Le territoire du cimetière est une concession perpétuelle faite par la France aux États-Unis, comme il est d’usage pour tous les cimetières militaires relatifs aux deux guerres mondiales. Il ne bénéficie pas de l’extraterritorialité : les États-Unis sont propriétaires du cimetière sur un territoire où s’applique le droit français. Le lieu est géré par l’American Battle Monuments Commission, agence indépendante du gouvernement américain créée dans les années 1920.

Mémorial


Si les allées de services permettent d’accéder au cimetière en de multiples endroits, les accès principaux guident généralement le visiteur à entrer par la face est et son mémorial d’où se dresse une statue en bronze de sept mètres de haut, œuvre de Donald De Lue, qui occupe le centre d’une colonnade semi-circulaire honorant les troupes aéroportées et leur rôle de bouclier qu’elles ont assuré aux deux extrémités du front du débarquement amphibie lors de l’opération Neptune. Orientée vers l’ouest, son regard embrasse les nombreux alignements de sépultures. Elle symbolise « L’esprit de la jeunesse américaine s’élevant des flots ».

La « Taps » (sonnerie aux morts de l’armée américaine), peut s’entendre après que le carillon a exécuté The Star-Spangled Banner ainsi qu’à la descente des drapeaux.

Les extrémités du mémorial sont composées de grandes loggia sur les murs desquelles se trouvent quatre cartes d’opérations militaires.

Jardin des Disparus

Depuis le mémorial, s’éloignent en forme de rayons plusieurs allées qui scindent en le traversant, le « Jardin des Disparus ». Le jardin est bordé d’un long mur en arc de cercle constitué d’une multitude de plaques de pierres sur lesquelles sont inscrits, séparés par des feuilles de laurier, les noms, le grade, l’unité et l’État d’origine des 1 557 disparus (classés par ordre alphabétique), dont les restes n’ont pu être identifiés ou simplement retrouvés, comme plus de 800 hommes de la 66e division d’infanterie qui ont péri lors du torpillage en 1944 du paquebot belge Léopoldville alors qu’il faisait route vers Cherbourg.

Chapelle

Depuis le mémorial, passé le bassin aux nénuphars symbole de la plage, le sentier nous guide jusqu’à une intersection centrale où se trouve la chapelle. On peut lire sur le flanc extérieur de la chapelle : « Cette chapelle a été élevée par les États-Unis d’Amérique en souvenir reconnaissant de leurs fils qui tombèrent au cours des débarquements sur les plages de Normandie et pendant la libération de la France septentrionale. Leurs tombes sont le symbole éternel de leur héroïsme et de leur sacrifice à la cause commune de l’humanité. » À l’intérieur de la chapelle, des drapeaux français, américain, britannique et canadien encadrent un autel sur lequel sont gravés ces mots : Je leur donne la vie éternelle et ils ne périront jamais.

L’autel est surmonté d’un vitrail orné d’étoiles symbolisant les états composant les États-Unis, ainsi que d’une étoile de David en son centre.

À l’extrémité ouest du cimetière, deux statues de granit veillent un petit espace semi circulaire agrémenté de bancs propices à la méditation et au souvenir. La première, Columbia, porte un aigle et représente les États-Unis tandis que l’autre, Marianne, porte un coq et représente la France. Ces deux allégories, tenant chacune une branche d’olivier, symbolisent l’amitié franco-américaine

Sépultures

Dix blocs, séparés par l’allée centrale en deux groupes de cinq, forment l’espace dédié aux tombes où reposent les corps de 9 386 personnes, dont 307 inconnus et quatre femmes. Ces personnes sont principalement décédées le jour du débarquement ou dans les semaines suivantes en Normandie, principalement au combat. 14 000 dépouilles, d’abord inhumées en Normandie, ont été rapatriées aux États-Unis, à la demande de leurs proches.

Les stèles de marbre blanc sont en forme de croix latine ou d’étoile de David. Chaque année, lors des commémorations du 6 juin 1944 ainsi que du Memorial Day, deux drapeaux américains et français sont plantés au pied de chacune d’entre elles tandis que des associations se chargent de fleurir les tombes afin de faire perdurer la mémoire intergénérationnelle.

Lors de leurs visites, les proches et familles des disparus peuvent ramasser du sable de la plage en contrebas et l’appliquer sur les lettres gravées des croix ou étoiles, afin de leur donner un aspect doré.

Parmi ces milliers de sépultures, quelques soldats avaient une certaine notoriété :

- le général Lesley McNAIR (1883-1944), qui en 1944 succéda à George Patton à la tête du 1er groupe d’armée des États-Unis, unité fictive créée dans le cadre de l’opération Quicksilver. Il se rendit en France pour observer le lancement de l’opération Cobra, et fut tué par une bombe qui atterrit sur son abri près de Saint-Lô (50). (bloc F, rangée 28, tombe 48)

- le premier lieutenant Jimmie W. MONTEITH : le 6 juin 1944, il guida, sans se soucier de sa propre sécurité, des blindés alliés à travers un champ de mines, puis à la tête de son unité enlève le WN 61 et tint sa position malgré un feu ennemi nourri. Il reçut la Medal of Honor. (bloc I, rangée 20, tombe 12)

- Deux des frères NILAND (Preston (1915-1944) et Robert) (1919-1944). Sur les quatre, deux survécurent au conflit, mais on pensa pendant un moment qu’un seul, Frederick Niland, avait survécu. Frederick fut alors retiré du front de Normandie et renvoyé aux États-Unis pour terminer sa période militaire. Il apprit seulement après la guerre que son frère Edward, présumé mort, était en fait interné par les japonais dans un camp de prisonniers en Birmanie. Cette histoire familiale inspira à Steven Spielberg le scénario du film Il faut sauver le soldat Ryan. (bloc F, rangée 15, tombes 11 et 12)

- le sergent Frank D. PEREGORY, qui le 8 juin 1944 prit seul d’assaut un réseau de tranchées menant à un nid de mitrailleuse ennemi et obtint la reddition de plus de 30 Allemands, permettant à son unité de libérer le village de Grandcamp. Il reçut la Medal of Honor. (bloc G, rangée 21, tombe 7)

- le général Theodore ROOSEVELT Junior (1887-1944), fils ainé du président des États-Unis Theodore Roosevelt et cousin du président Franklin Roosevelt). Après avoir servi durant la Première Guerre mondiale, il fut secrétaire adjoint à la Marine (1921-1924), gouverneur de Porto Rico (1929–1932), puis gouverneur général des Philippines (1932–33). À quelques jours du Jour J, n’en pouvant plus d’être confiné dans un bureau, il écrivit une lettre officielle au général Barton présentant sa requête de pouvoir accompagner les hommes de la division lors de leur débarquement sur la plage. C’est aidé d’une canne pour surmonter la douleur d’une forte arthrite que le général Roosevelt débarqua à la tête de ses hommes le 6 juin 1944 sur la plage d’Utah Beach. Il mourut emporté par une crise cardiaque au terme d’une très éprouvante journée de contre-attaques allemandes lors de la bataille de Normandie. Dans le film Le Jour le plus long, son rôle est interprété par Henry Fonda. Il reçut la Medal of Honor, plus haute distinction militaire états-unienne (bloc D, rangée 28, tombe 45)

- Quentin ROOSEVELT (1897-1918), plus jeune fils du président des États-Unis Theodore Roosevelt et frère du précédent, aviateur lors du premier conflit mondial et abattu en juillet 1918. C’est à la demande de la famille Roosevelt que son corps a été exhumé de Chamery (02) et transporté à Colleville afin qu’il repose aux côtés de son frère cité précédemment. (bloc D, rangée 28, tombe 46)

- Roy U. TALHELM (1927-1944), parachutiste de la 101st Airborne, tué le 8 juin à Carentan, âgé de seulement 17 ans. Il avait modifié son certificat de naissance pour s’engager. (bloc C, rangée 9, tombe 32)


Source : Wikipedia
Photos : Simon Tiron et Wikipedia


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samedi 29 octobre 2022

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vendredi 14 février 2014

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