SAINT-BENOÎT (974) : cimetière
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Si la partie gauche de ce cimetière est occupée par des tombeaux de très grande chapelles, la particularité de ce lieu est de présenter des centaines de tombes ou les croix habituelles ont été remplacées par des niches abritant crucifix, effigies ou fleurs. C’est le seul de l’île a présenter une telle concentration. On retrouve aussi, en faible quantité, des tombes comme en Guadeloupe, constituées de damiers de carrelage noir et blanc. Le cimetière musulman est dans la même enceinte mais séparée d’un mur.
On y trouve en particulier les tombes de :
Jean-Claude FRUTEAU (1947-2022) : professeur de lettres membre du Parti socialiste, il fut député de La Réunion entre 2007 et 2017 ; maire de Saint-Benoît de 1983 à 1999 et de 2008 à 2020. Il fut en outre député européen de 1999 à 2007 : en 2000, il soutint le projet gouvernemental de création d’un second département à La Réunion, projet finalement abandonné.
L’écrivain Daniel HONORÉ (1939-2018) : militant de cette langue au point de lui avoir consacré un dictionnaire en 2002, il écrivit surtout en créole réunionnais. Il s’attacha à recueillir et transmettre expressions, proverbes, légendes de cette langue d’abord orale. Avec Luis Rédona : in fonctionaire, écrit en 1980, on lui doit aussi le premier roman réunionnais entièrement écrit en créole.
Le botaniste et naturaliste Joseph HUBERT (1747-1825), qui fut le premier à expliquer le mécanisme des cyclones tropicaux, ayant acquis toutes ses connaissances en observant la nature, et notamment le Piton de la Fournaise, dont il assura une veille. Il a favorisé, à la Réunion, la culture du café et de la muscade. Il a par ailleurs introduit dans l’île l’ayapana, le safran oriental (curcuma). Sa plus grande gloire reste la multiplication d’un giroflier expédié par l’intendant Pierre Poivre : cette culture enrichit la Côte au vent durant un demi-siècle. Il fut le grand-oncle de Louis Henri Hubert Delisle, gouverneur de l’île de la Réunion.
Le chanteur Granmoun LÉLÉ [1] (Julien Ernest Philéas : 1930-2004), qui chantait dans les Kabars, ces lieux où, selon l’héritage malgache, les hommes et les femmes se réunissent pour danser au son des instruments traditionnels de l’île. Dans ces Kabars, l’on joue aussi du Maloya, cette musique héritée des ancêtres esclaves qui amenèrent depuis l’Afrique leurs percussions et leurs rythmes mystiques. Initié très jeune aux rites tamouls par son père, et aux cérémonies malgaches par sa mère, Gramoun Lélé conserva dans son Maloya une dimension spirituelle. Il s’inspira de ses rêves, de ses expériences et de la nature qui l’entourait. Il se fit accompagner par ses enfants.
Alexis de VILLENEUVE (1906-1946) : issu d’une une grande famille de l’industrie sucrière, il se lança en politique et devint maire de sa commune natale à 32 ans. Il devint une figure centrale du MRP gaulliste. En 1946, il fut abattu lors d’un meeting politique à Saint-Denis, dans une rue qui porte aujourd’hui son nom. Paul Vergès, fils de son adversaire politique Raymond Vergès, fut condamné par les assises à 5 ans de prison avec sursis, pour avoir « volontairement porté des coups et fait des blessures à Alexis de Villeneuve […] sans intention de donner la mort » ; il fut gracié par une loi d’amnistie en 1953. Une rumeur fit également porter la responsabilité des tirs sur Jacques Vergès, frère de Paul.
Merci à Nicolas Badin pour les photos.
[1] Le mot Granmoun est un terme du créole réunionnais désignant les personnes âgées.
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