CASTRES (81) : cimetière Saint-Roch
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Bien qu’il soit assez peu connu, le cimetière Saint-Roch de Castres est un très beau cimetière urbain (la ville compte 14 cimetières, dont 12 ruraux), riche de nombreuses tombes dignes d’intérêt. Sur un terrain totalement plat (merci pour les jambes du serial-taphophile !), il se présente tout en longueur sous la forme de divisions, carrés similaires, séparées par des allées en angles droits.
Le façadisme est de mise : les bordures sont constitués des tombeaux les plus anciens (et il en demeure beaucoup, souvent imposants) tandis que les intérieurs sont lotis de sépultures plus récentes. Le cimetière Saint Roch s’est développé au XIXe siècle. à l’origine, d’une superficie de 6 400 m², il a connu plusieurs extensions. Il dispose également de deux carrés militaires comportant 384 emplacements destinés à rendre hommage aux morts pour la France.
A l’entrée, une borne permet de localiser rapidement les sépultures recherchées. Le carré 30 est en réalité constitué de toutes les tombes qui s’alignent tout autour du cimetière contre le mur d’enceinte.
Curiosités
Une particularité qui étonne et interroge lorsque l’on entre au cimetière Saint-Roch : une grande tour « muette » bâtie en 1970 constitue un ossuaire central qui préserve ici 130 ossuaires : ceux des 130 familles de défunts (devenus anonymes après que le registre a disparu) rassemblés là après que les concessions ont été reprises en 1968-1969 pour faire de la place.
Le 8 février 1916, le capitaine de frégate Charles Causse, Commandant du cuirassé « Amiral Charner », disparut en mer avec le bâtiment torpillé par le sous-marin U21. Une rue de Castres a proximité du cimetière porte son nom.
Le capitaine de frégate Ernest Prat victime de la catastrophe du Pluviôse à Calais le 26 mais 1910. Il y avait à peine cinq ans que les sous-marins existaient quand le ministre de la Marine, Camille Pelletan décida la création à Calais d’une flottille sous-marine. Opérationnelle, elle réunit trois unités. L’une d’elles, le Pluviôse, appareilla le 26 mai 1910 pour des exercices au large, dont un simulacre d’attaque de navire. Le paquebot Pas-de-Calais venait de sortir des jetées quand il éventra accidentellement le sous-marin, qui disparut avec ses vingt-sept occupants. Aucun ne survécut. Le président de la République Armand Fallières assista aux funérailles des victimes, suivies par une foule considérable. Je retrouve régulièrement tout autour de la France des victimes de ce drame.
La « sainte locale » de Castres est une carmélite Sœur Marie-Bernard (Marie Rouyer : +1935). Décédée très prématurément à l’âge de 30 ans, on raconte que de nombreuses années après sa mort, il fallut rouvrir sa tombe pour y enterrer sa sœur jumelle. Lors de l’exhumation du corps, celui-ci était resté intact, retrouvé en robe blanche et en odeur de sainteté. Sa tombe blanche et simple est garnie de fleurs et de plantes, et on y trouve de très nombreux ex-voto (carré 14).
- Tombeaux des ecclésiastiques de Castres
L’atypique tombe « champignon » Dumont.
Le cimetière contient un assez grand nombre de témoignages artistiques.
Très belle chapelle Testasecca
- Chapelle Testasecca - la porte
- œuvre de Jean Magrou
- Sépulture Salvan
- Œuvre signée Georges Crouzat
- Sépulture Chabbert
- Œuvre signée Pierre Varnier.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Mathieu François Maxence AUDOUARD (1776-1856) : médecin en chef de la Grande armée en 1813, il s’est opposé à Nicolas Chervin, connu pour avoir voué sa vie à établir la non-contagion de la fièvre jaune, alors que lui même l’affronta à Barcelone en 1821.
Le peintre Jean-François BATUT (1828-1907), connu pour ses portraits de notables (carré 30).
- Jean Jaurès par Jean-François Batut.
Les architectes Georges (1889-1971) et Maurice BENNE (1921-2004).
Le peintre et sculpteur Marcel BRIGUIBOUL (18371892). Ancien élève de Léon Cogniet et de Charles Gleyre, il entra à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1859. Il fréquenta l’atelier du 6 rue Furstemberg. En 1861, il exposa au Salon : sa peinture s’avère influencée par l’Espagne, l’orientalisme autant que par l’impressionnisme d’Auguste Renoir et le symbolisme. Par décisions successives du peintre puis de son fils unique (1893) et de sa veuve (1927), la ville de Castres hérita de toute son œuvre ainsi que de ses biens et de sa fortune. C’est ainsi que, dès 1893, trois toiles de Goya achetées par Marcel Briguiboul à Madrid devinrent le point initial de la collection d’art hispanique du musée Goya de Castres. Ce musée possède aujourd’hui la plus grande collection de peintures espagnoles en France après celle du Louvre (carré 30).
Le sculpteur Jean-Jules CAMBOS (1828-1917), qui reçut de nombreuses commandes de l’État, en particulier des bustes en marbre.
Le pharmacien et homme d’affaires Pierre FABRE (1926-2013), fondateur de l’un des trois plus grands groupes pharmaceutiques français, les Laboratoires Pierre Fabre. En 1998, Pierre Fabre se diversifie dans le secteur des médias en créant la holding Sud Communication, ainsi que dans le rugby en faisant l’acquisition en 1989 du club Castres olympique. Il fut un temps la personne la plus puissante de la région Midi-Pyrénées en faisant travailler directement environ 10 000 salariés, dont 4 000 en France. Fidèle à sa région, la plupart de ses usines et de ses centres de décision étaient situées dans le département du Tarn (carré 9).
Charles Eugène GALIBER (1824-1909) : vice-amiral, il prit une part active aux opérations de Crimée et se distingua au siège de Sébastopol. De juillet 1867 à septembre 1870, il exerça la fonction d’aide de camp auprès du ministre de la Marine, l’amiral Charles Rigault de Genouilly. Ses qualités diplomatiques empêchèrent de nombreux incidents entre pêcheurs anglais et français. Entre 1885 et 1886, il fut un éphémère ministre de la Marine et des Colonies (carré 4).
La femme de lettres Arlette HOMS (née en 1937, toujours vivante), auteure d’une trentaine d’ouvrages qui concernent l’Histoire locale Tarnaise et Ariégeoise.
Le vice-amiral Louis JAURÈS (carré 14).
Alexandre LECAMUS (1807-1886) : Après un séjour au Pérou, de 1830 à 1834, il créa une filature à Castres. Il fut député du Tarn de 1871 à 1876, siégeant au centre gauche.
Gabriel MONTOYA (1868-1914) : docteur en médecine peu passionné le jour, il était interprète et parolier de nombreuses chansons la nuit particulièrement au Chat noir dont il fut un pilier à Montmartre. Il enregistra en 1907 et 1908 une douzaine de chansons. Il écrivit aussi pour le théâtre. Il repose dans le grand tombeau des industriels du textile Lasbordes, sous un bas-relief de Gaston Toussaint.
Frédéric THOMAS (1814-1884) : avocat, il s’intéressa surtout à la littérature. Lauréat de l’académie des jeux floraux, il collabora à la Revue du Midi, ainsi qu’à des journaux politiques. Critiquant la Monarchie de Juillet, il se retrouva en cour d’assises pour délit de presse. Il s’installa en 1840 à Paris, où il écrivit dans différents journaux. Il fut président de la société des gens de lettres de 1868 à 1870. Préfet du Tarn en 1870, il fut député du département de 1881 à 1884, siégeant avec la gauche.
Le peintre Joseph-Charles VALETTE (1813-1888) : élève de Paul Delaroche, professeur de dessin dans plusieurs écoles de Castres, il faisait partie de la Société littéraire et scientifique de la ville. Il fut présent au salon de peinture et de sculpture à partir de 1859 et pendant dix ans, et remporta une dizaine de médailles dans les salons de province. Utilisant fusain et mine de plomb, il créait peintures, dessins et aquarelles. Il aimait réaliser des paysages hors de son atelier (carré 30).
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