Le vieux cimetière d’Annonay se trouve sur les hauteurs de la ville. Il se présente d’ailleurs sous la forme d’une pente assez raide. Sa partie centrale est dominée par un imposant monument aux morts. Il possède encore un grand nombre de tombeaux souvent familiaux du XIXe siècle, certains assez ruinés.
Là encore, ce sont toutes les composantes socio-économiques de la ville qui se trouvent mêlées dans le cimetière de cette ville à forte tradition manufacturière et marchande, en particulier dans la fabrication du papier. On relève ainsi un grand nombre de tombes de mégissiers. La nécropole est à l’image de la cité : industrieuse et assez austère. Ce ne sont ni les bustes, ni les monuments grandiloquents qui dominent, mais plutôt les sombres et massives tombeaux d’une bourgeoisie qui réussit dans le négoce ou l’artisanat.
Les maires de la commune
Ils sont quasiment les seuls à posséder un monument signalés par un médaillon. Parmi eux, on remarquera la présence de
– Jean-André Tavernier (1777-1850), qui fut maire d’Annonay de 1830 à 1848 mais également député centre-droit de l’Ardèche de 1831 à 1846.
– L’obélisque avec médaillon de Auguste Riboulon (1814-1880), qui fut maire de la commune de 1878 à sa mort.
– Un autre obélisque avec médaillon pour François-Henri, dit Franki, Kramer (+1894), lui aussi maire de la commune de 1882 à 1888.
Il est intéressant de noter que toutes ces familles (ainsi que les Mignot, les Seguin...) sont liées entre elles par des liens généalogiques.
Les célébrités
On ne saurait, pour commencer, oublier l’un des deux frères Montgolfier, Joseph, inhumé ici.
Le hasard a voulu que deux personnalités inhumées ici soient quasiment systématiquement portées au Père-Lachaise.
– Marc SEGUIN (1786-1875),
neveu de Joseph et d’Etienne Montgolfier par sa mère (il épousa en outre en seconde noce une Montgolfier), il fut l’inventeur de la chaudière tubulaire et le constructeur du premier bateau à vapeur en France. Il mena ses recherches en corrélation avec George Stephenson, avec qui il eut de nombreux contacts.
Il perfectionna également le système de pont suspendu pour permettre la traversée de grandes rivières. Le premier fut sur la Cance (Annonay). Il concrétisa l’ensemble de ces inventions dans la construction du pont de Tournon en 1825. Il participa avec ses frères Camille, Jules, Paul et Charles, à la construction d’un grand nombres d’ouvrages (65 identifiés) en France, mais aussi en Italie, et en Espagne.
Il fut à l’origine de la deuxième voie de chemin de fer française, Lyon-Saint-Étienne. Sur cette ligne roulèrent les premières locomotives françaises que Seguin construisit sur une base de locomotive de George Stephenson mais équipée de son invention, la chaudière tubulaire qui sextuplait la puissance développée par ces machines. Il fut élu correspondant de l’Académie des Sciences en 1845.
Il repose bien au cimetière d’Annonay, alors que de nombreux guides l’inhument au Père-Lachaise. S’il existe bien un caveau Seguin dans la 36ème division du Père-Lachaise, il s’agit en réalité du tombeau de trois des frères de Marc, Jules (1796-1868), Paul (1797-1875) et Charles (1798-1856), ainsi que certains de leurs descendants.
– François-Antoine BOISSY-D’ANGLAS (1784-1850), qui fut préfet et conseiller d’Etat repose bien à Annonay. Il hérita de la pairie et mourut sans descendance. Son père, le célèbre Boissy d’Anglas (1756-1826), repose dans la 28ème division du Père-Lachaise, mais son cœur fut transféré ici en 1906, pour les 150 ans de sa naissance.
Signalons enfin la présence de François Christophe Malleval (1785-1845), qui fut "proviseur du collège Louis le Grand à Paris".
Commentaires
Bonjour,
Le cimetiere d’Annonay contient au moins une autre personne célèbre : le Général Arthur Guyot d’Asnière de Salins, "le vainqueur de Douaumont" par ailleurs co-fondateur des Scout de France, sa tombe, où repose également son épouse originaire de la région, porte l’insigne scout de cette association. Il est décédé en 1936.
Il serait sympathique qu’une personne de la ville mette sur ce site une photo de la tombe.
Cordialement,
Thierry LE CAM.
Avant, il y avait la partie pour les miséreux, en allant à gauche à l’entrée. Les tombeaux furent repris dans les années 1980 et 1990. Le tiers-état (ou les prolétaires) reposent en deux gros blocs : un à l’ouest, et l’autre à l’est. La noblesse et l’aristocratie (négociants en draps, entrepreneurs) à de grands et beaux tombeaux, plus à l’écarts, en partant du centre, et en allant vers le haut, ils rejoignent la bourgeoisie.
Le clergé est trés présent dans le haut, et les soeurs ont une rangée.
Les parties propres au tiers-état sont sans âmes : grosses plaques colorées, plaques souvenirs, et fleurs artificielles. Les Tiers-états n’ont généralement pas de caveaux, et restent cloués au tombeau environ 45 ans. Les concessions sont de 15 et 30 ans, fini pour les perpetuelles. On ne se mélange pas : chaque catégorie sociale à son secteur. Il y a un petit carrré Musulman, avec le nouvel espace pour le tiers-état. "qui s’assemble se ressemble" qu’il est dit à Annonay.
Oui, c’est vrai, ce cimetière reflète bien les catégories sociales : dans la vie, on se croise, mais on ne se parle pas. Nous restons entre groupes sociaux, et on ne s’aime pas. C’est les nouvelles ethnies du XXIème siècle, et bientôt, même le langage va être différent...
Oui, tu as raison , aprés le rascisme Etnique, le racisme social, peut-être le plus méchant...à chacun de voir, et méditer... Tout comme nous pouvons nous tromper...
:-O Le cimetière d’Annonay ouvrit en 1808. Avant , il était situé à l’emplacement de l’actuelle place des cordeliers, jouxtant l’ancien emplacement de l’ancienne église Notre-dame, qui se situait actuelle place liberté. en 1912, travaux, et ancienne église Notre-Dame déplacée plus haut (actuelle place des forges), ouverture vers 1930. Entre 2012 et 2014, travaux place actuelle Liberté, et redécouverte de vestiges ancien cimetière. 2007-2013 : reprise par Mairie d’anciens tombeaux abandonnés de aristocratie et bourgeoisie, et autres. Maintenant, le cimetière est composé de tombes biens modernes.
:’-(Les nouvelles tombes du cimetière sont plutôt de styles Design et modernes, et colorées. C’est ici l’occasion de rendre un hommage au tailleur de pierres local, Pierre Gay (1966-2015) qui nous a quitté prématurément en ce début Janvier 2015.
:-( le cimetière est désormais plus grand, se composant en trois grandes parties.
:-O C’est exact. Le cimetière à bien ouvert en 1808, son premier nom était cimetière de la placette. Il était beaucoup plus petit au départ, d’ou son nom d’origine. Il va s’agrandir vers 1850, avec l’aquisition de terrains plus vastes. L’un des frères Montgolfier fut l’un des premiers inhumés en 1810. En fait, le cimetière devait déjà ouvrir vers 1780-1785, à l’époque d’une politique nouvelle pour hygiène et salubrité des cimetières (comme partout en France). Le projet va avoir une vingtaine d’années de retard. Le cimetière , à l’actuel emplacement place des cordeliers, est fermé en 1808 (dans les faits il l’était depuis au moins 1805), et les alentours de l’ancienne église notre-dame, à actuelle place de la liberté son aménagés en rues piétonnes, avec un marché autour au moins 2 fois par semaine. En 1912, l’église est détruite, reconstruite et déplacée plus haut.
;-) Exact. Le nom "cimetière de la placette" est guère usité de nos jours. Sinon, des travaux de 2011-2013 ont bien confirmés la présence de l’ancien cimetière, à l’actuel emplacement de la place des cordeliers, un cimetière dont les débuts seraient à situer au XIIème siècle, mais ou le type des inhumations était différent en comparaison à aujourd’hui. La création du cimetière de la placette répond à une volonté plus générale d’organiser les cimetières,et de les aménager, en France, sous Louis XV. Les catacombes à Paris découlent de cette politique. Il y a, ou il va y avoir certainement un article à cet escient.
Marc Seguin est bien inhumé au cimetière du père Lachaise. En fait, c’est son coeur qui est inhumé au cimetière d’ Annonay, le reste du corps étant inhumé à Paris. C’était une pratique très répandue chez les gens aisés avant 1950. de grandes familles aristocratiques et bourgeoises d’ Annonay étaient ainsi liée à d’autres villes : Neuilly sur Seine, Saint-Cloud, Nice, Monaco, Lyon, écully, etc...
Souvent, on oublie comment fut inhumé tel défunt d’une grande famille, pour retrouver ensuite des documents.
c’est exact. Il voulait reposer auprès de ses frères. à l’époque, coeur et corps étaient indisosciables, c’était comme considéré qu’il était inhumé en deux endroits distincts.
Jean-Pierre Mocky avait tourné le film "Litan" à Annonay, ou il avait reconstitué un cimetière en 1981.
à l’époque, il n’avait pas eu le temps de visiter le cimetière. Vers la fin du film, il trouva le temps.
Il fut alors émerveillé par les vieilles tombes du milieu XIX ème, début XXéme qu’il y avait alors, avec une fabuleuse statuaire, et un athmosphère particulier. Il regretta de ne pas avoir tourné se scènes en ce lieu, et prolonger son film. Entre 2001 et 2003, il tenta de retourner un film fantastique à Annonay, mais il y renonça, car entre temps, le cimetière avait changé : entre 1982 et 1990, un grand nombre de concessions furent reprises, détruites, le reste l’étant avec la tempête de 1999.
C’est dommage, car avant 1990, ce cimetière était spécial, ce n’était pas parler de beau, mais trouver le temps arrêté, suspendu. En bref, c’était vraiment particulier, et déjà, j’ai le souvenir de quelques rares touristes à l’époque, enchantés, et médusés. Mais ce temps n’est plus. il ne reste plus rien, sauf quelques restes reflets. il reste sans doute, toutefois, des photos.
j’aimerais savoir en quelle allée est enterré le grand comédien Roger Dumas, natif d’Annonay, et décédé début juillet 2016 (?)
Les restes de François Antoine Boissy d’Anglas furent transférés au cimetière d’Annonay en 1906, à l’occasion de son 150 ème anniversaire, et sa tombe à Paris fut laissée en l’état. L’accord avait été donné par le ministère Combes. C’était l’époque de la séparation de l’église et de l’état. Le symbole François Antoine Boissy d’Anglas était important, à l’époque ou Annonay était partagée entre idées progressistes, et conservatrices. C’est pas très connu, mais une plaque blanche le rappelait. le transfert fut fait en partie du fait de la section des Francs Maçons d’Annonay, comme ils sauvèrent aussi en 1943 la statue en bronze de Boissy d’Anglas, comme d’autres monuments en bronze du nord Ardèche, car les Allemands fondaient le bronze pour la guerre. ils rappellent aussi que le lien social était important, et qu’il était nécessaire de faire parler et communiquer les gens en petits groupes, en effaçant les barrières sociales, pour faire avancer les idées progressistes.
Le terrain de ce cimetière était une partie des terres exploitées par des métayers aux ordres des seigneurs Seguin et de Montgolfier. Une partie des productions agricoles et bétail devait être remise au chef des métayers, dont il subsiste des ruines sur la route allant vers Vanosc, le chateau des Seguin étant plus haut. Non loin de la porte d’entrée principale du cimetière, derrière une cabine d’arret de bus, un mur et les restes d’une forêt cachent l’ancien chateau Seguin, incendié par une révolte de métayers, ou "gueux" sous la révolution, entre 1789 et 1793, comme de nombreux autres chataux en France . Le cimetière ouvrira avant la restauration de 1815, entre 1802 et 1808.
à noter aussi, que en 1905, lors du transfert des restes du grand Boissy d’Anglas (1756-1826), du père Lachaize à Annonay,étaient aussi commémorés les 140 ans de présences des loges et clubs Maçonniques à Annonay, et qui remontaient à 1765, ou Boissy d’Anglas sera membre ainsi que ses proches. Ce transfert visait peut-être à ramener un symbole au bon endroit, au moment de la loi de la séparation de l’église et de l’état.
Non loin du cimetière d’Annonay, vous avez des propriétés qui étaient autrefois d’anciens couvents religieux. Par exemple, non loin du cimetière, vous avez la clinique Psychiatrique Joseph Chiron,Avant les années 1980, c’était un ancien couvent de religieuses. Si vous entrez dans la propriété de la clinique Joseph Chiron, vous y découvrirez deux petits cimetières qui renferment les restes de religieuses, et qui sont restés sur place, après 1980. Il y a aussi des petites chapelles sur place.