POTIN Félix (1820-1871)

Père-Lachaise - 68ème division
lundi 25 mai 2020
par  Philippe Landru

Je vous parle d’un temps que les moins de quarante ans… Pour les moins jeunes, Félix Potin évoquera les petites épiceries et le fameux slogan qui passait en boucle à la radio « Félix Potain, on y revient », ou encore les collections Félix Potin, réunies sous le titre Célébrités contemporaines, séries d’images publicitaires offertes avec les tablettes de chocolat Félix Potin entre 1898 et 1952 constituant quatre albums photographiques prisées des collectionneurs aujourd’hui... Pour les plus jeunes en revanche, il n’aura pas plus d’écho que d’aller prendre une glace chez Tortoni ou une absinthe chez Guerbois. Il en est ainsi de toutes les marques disparues.

Fondateur de l’enseigne française de distribution qui portait son nom, sa conception novatrice du métier d’épicier fit son succès. Il ouvrit sa première épicerie en 1844 dans le 9ème arrondissement, et y appliqua quatre principes qui furent la clé de son succès : vente à bon poids, produits de qualité, marge bénéficiaire réduite et prix affichés en magasin.

En 1860, Félix Potin laissa sa boutique à son beau-frère et ouvrit une épicerie sur le nouveau boulevard de Sébastopol, au numéro 103, à l’angle de la rue Réaumur. Pour approvisionner son magasin et celui de son beau-frère, il ouvrit en 1861 une fabrique à la Villette où il transforma les produits qu’il recevait directement de province.

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Un monoprix occupe désormais la maison mère du Bd Sébastopol

Lors du siège de Paris en 1870, Félix Potin se distingua en refusant la spéculation sur les produits alimentaires. Il maintint des prix bas dans son magasin où il organisa le rationnement et il mit de la nourriture à disposition des cantines nationales. Il fut cependant calomnié comme accapareur, mais fut innocenté par la suite.

Les héritiers de la marque poursuivirent le développement et la transformation de l’enseigne jusqu’à sa cession après la Seconde Guerre mondiale. À partir des années 1980, confrontés à la concurrence des autres enseignes de la grande distribution, les magasins perdirent en rentabilité, et l’enseigne disparut en 1995.

Alors à la tête de la plus grande entreprise d’épicerie de Paris, Félix Potin mourut à Champigny-sur-Marne, dans sa maison de campagne.

Félix Potin jour à cache-cache avec le taphophile au Père Lachaise : il fut tout d’abord inhumé dans un caveau provisoire le 21 juillet 1871. Exhumé en décembre de la même année, il fut inhumé dans la 67e division. De nombreux membres de la famille, dont son épouse en 1890, vinrent le rejoindre.

Il fut finalement inhumé dans un imposant mausolée en bordure d’allée de la 68ème division.

On lit souvent n’importe quoi sur le net à son sujet : j’aimerai donc remettre un peu d’ordre dans tout cela. L’observation de l’arbre généalogique de sa descendance permet d’y voir plus clair :

- Son premier tombeau, dans la 67ème division, existe toujours et abrite certains de ses descendants. On y lit ainsi le nom de deux de ces gendres, Ansbert Labbé et Edouard Massicot (rectification au passage d’une erreur colportée : Guillaume Massiquot [1], l’inventeur de la « machine à couper » qui porte son nom, n’était nullement son beau-frère). L’erreur a été alimentée en partie par la présence d’un gendre de Félix portant ce nom.

- Un tombeau Potin se trouve dans la 65ème division : Félix n’y reposa jamais (contrairement à ce que dise certains) mais son buste en marbre d’y trouve ! Il s’agit du caveau de son fils, Paul Potin (marié à Jenny Christophe).

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Buste de Félix Potin dans la chapelle de son fils

- Le mausolée de la 68ème, où Félix repose finalement.


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[1On trouve régulièrement les deux orthographes.


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