VARENNE Alexandre (1870-1947) et Jean (1877-1927)

Cimetière des Carmes de Clermont-Ferrand (63)
mercredi 18 mars 2020
par  Philippe Landru

Avocat à la Cour d’appel de Paris et journaliste, il collabora à des journaux régionaux (Le Petit Clermontois, Le Stéphanois) avant de fonder en 1919 le journal La Montagne.
Il fut l’un des organisateurs du Parti socialiste dans le Puy-de-Dôme en 1897, et adhéra en 1901 au nouveau Parti socialiste français de Jean Jaurès. Appelé à L’Humanité par Jaurès après 1902, il en devint secrétaire de rédaction. Député socialiste du Puy-de-Dôme de 1902 à 1910, puis de 1914 à 1936, vice-président de la Chambre des députés en 1924, il fut nommé gouverneur général de l’Indochine française (1924-1928). Sa politique en faveur des indigènes (construction d’écoles, vaccination, accès aux emplois, inspection du travail) contraria cependant les colons qui obtinrent son départ. Toutefois, ces fonctions lui valurent d’être exclu de la SFIO, opposée à la politique coloniale de la France. Réintégré, il quitta définitivement ce mouvement lors de la crise néo-socialiste, en 1932, opposé qu’il était au refus des Socialistes de participer à un gouvernement « bourgeois ».

À la tête de La Montagne, Alexandre Varenne s’opposa à Pierre Laval, propriétaire du Moniteur depuis 1927, qui se fit élire sénateur du Puy-de-Dôme en 1935, et critiqua les régimes totalitaires, s’opposant également au régime de Vichy pendant l’Occupation. En raison de la censure, il suspendit la parution du journal en 1943. Le journal reparut après la Libération. Redevenu député, il siégea au groupe radical dans la première Assemblée nationale constituante puis dans celui de l’UDSR dans la seconde Assemblée et à l’Assemblée nationale. Il reconstitua le Parti républicain-socialiste qu’il fit adhérer au Rassemblement des gauches républicaines. Il fut alors un éphémère Ministre d’État en 1946. Une fondation, la fondation Varenne, porte son nom. Reconnue d’utilité publique en 1988, elle fait la promotion de la presse et de la communication.

Dans son caveau repose également son frère, Jean VARENNE (1877-1927), militant SFIO qui fut conseiller municipal du XVIIIe arrondissement de Paris et membre de la Commission du Vieux Paris. Son action à Montmartre fut très énergique : il obtint, en 1914, l’interdiction de la vente et de la consommation de l’absinthe à Paris après avoir démontré au Conseil « les ravages causés par l’alcoolisme et plus particulièrement par l’absinthe qui enlève à l’homme sa dignité, sa conscience, sa moralité et qui est une des causes les plus directes de la progression de la tuberculose ». L’action de Jean Varenne pour la sauvegarde des moulins et plus largement des espaces, des édifices et des œuvres à caractère historique de la butte fut incessante. Ainsi, des deux moulins de la galette, mais aussi du parc de la Belle-Gabrielle menacé par les promoteurs et dont il proposa l’acquisition par la Ville. Les seuls projets immobiliers qui trouvent grâce à ses yeux furent des projets utopistes accessibles aux populations les plus modestes. Il soutint ainsi le projet grandiose d’une « cité heureuse » avec des terrains de jeux, des espaces fleuris et des habitations salubres pour plus de 12 000 personnes boulevard Ney, au nord de la butte. Il proposa enfin d’utiliser le maquis de la rue Ordener pour y implanter un groupe d’immeubles comprenant des ateliers d’artistes, dans l’objectif d’y loger ceux de condition modeste et de leur permettre d’y travailler. On l’imaginerait inhumé au cimetière Saint-Vincent de Montmartre, mais c’est bien à Clermont-Ferrand qu’il repose. [allée 4, n°314]


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