PERGAUD Louis (1882-1915)

mardi 21 novembre 2017
par  Philippe Landru

Louis Pergaud n’a pas de tombe ! Disons le de suite : il fait partie des innombrables victimes sans sépulture de la Première Guerre mondiale. C’est donc par d’autres biais que l’on envisagera le personnage : promenade dans une micro-région du Doubs, à l’est de Besançon.

Né à Belmont (25), orphelin à 18 ans, il devint instituteur, suivant en cela la profession de son père. Il fut nommé enseignant à Durnes (Doubs), son premier poste, pour la rentrée d’octobre 1901. En 1903, il épousa Marthe Caffot, institutrice à La Barèche, un village voisin.

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Le cimetière de Durnes, autour de l’église.
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Pergaud s’inspira-t-il des noms locaux pour ses personnages ?
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Le monument aux morts témoigne des ravages de la Première Guerre mondiale

En avril 1904 Pergaud avec l’aide d’un ami poète, Léon Deubel, fit paraître son premier recueil de poésies, L’Aube. En 1905, lors de la séparation de l’Église et de l’État, Pergaud fut muté à Landresse, toujours dans le Doubs. C’est ce village qui devint le modèle de Longeverne dans La Guerre des boutons, tandis que le village voisin de Salans devint celui de Velrans.

Pergaud travailla ensuite à Paris comme clerc puis comme maître d’école, consacrant tout le temps qu’il pouvait à sa plus grande passion : l’écriture. Sa première publication en prose parut dans le Mercure de France en 1910, le recueil de ces nouvelles s’intitulant De Goupil à Margot (Prix Goncourt 1910). En 1911 sortit son deuxième recueil de nouvelles sur le thème des animaux, dont La Revanche du corbeau. En 1912, ce fut La Guerre des boutons, puis un an plus tard Le Roman de Miraut, chien de chasse.

La Guerre des boutons raconte les rivalités belliqueuses entre garçons de deux villages voisins à chaque rentrée scolaire. Cette guerre prend une forme un peu particulière : en plus des coups et des injures, les « vaincus » se voient confisquer leurs boutons en guise de trophées, avant d’être renvoyés chez eux. Le roman commence avec humour et innocence, mais devient de plus en plus sinistre au fur et à mesure que la frontière entre jeu et réalité est brouillée. On trouve aussi dans ce roman plusieurs thèmes relevant de la vie sociopolitique de la Troisième République française : le conflit entre l’Église et le mouvement anticlérical, l’esprit revanchard, l’instruction civique à la Jules Ferry...

En août 1914, Louis Pergaud fut mobilisé dans l’armée française comme sous-lieutenant à Verdun. Il servit en Lorraine sur le front Ouest, pendant l’invasion allemande. Le 7 avril 1915, son régiment lança une attaque contre les lignes allemandes : Pergaud, piégé dans les barbelés, est blessé par balles. On croit maintenant que plusieurs heures plus tard, les soldats allemands seraient venus à son secours, et l’auraient emmené avec quelques-uns de ses camarades dans un hôpital provisoire. Ce bâtiment, situé à Fresnes-en-Woëvre (55), fut détruit par un tir de barrage de l’armée française. Son corps et ceux de ses camarades ne furent jamais retrouvés.

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Sa fiche militaire

Le 4 août 1921, Louis Pergaud fut déclaré « mort pour la France ». On remarque que son identité est portée sur plusieurs monuments aux morts de la région.

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Monument aux morts de Belmont, son village natal.

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... mais aussi à Landresse ! Guerre des boutons commémorative ?
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A Marchéville-en-Woëvre (55) où il fut blessé, une stèle rappelle sa mémoire.

Sa première épouse Marthe Caffot fut enterrée à Doubs (tombe Laithier). Sa seconde femme, Delphine Duboz, qui avait épousé par la suite un ami de Louis, E. Chatot, est inhumée avec celui-ci à Landresse.


Merci à Nicolas Badin et à Jules R. pour les photos.


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