RIVA Emmanuelle (Paulette Riva : 1927-2017)

Cimetière de Charonne de Paris
dimanche 5 février 2017
par  Philippe Landru

Elle fut l’actrice, à plus de cinquante ans d’écart, de Hiroshima mon amour d’Alain Resnais (1959) et d’Amour de Michael Haneke (2012), qui lui valut un César et une nomination aux Oscars. Pendant cinquante ans, elle déploya son jeu dépouillé et sa voix modulée au théâtre, à la télévision, et au cinéma. Une génération se rappelle de son rôle marquant dans Kapò de Gillo Pontecorvo, ou l’agnostique éprise d’un homme d’église, interprété par Jean-Paul Belmondo, dans Léon Morin, prêtre de Jean-Pierre Melville. En 1962, elle fut couronnée à la Mostra de Venise pour son interprétation dans Thérèse Desqueyroux de Georges Franju.

Elle disparut ensuite progressivement des écrans, refusant de nombreux projets, mais exerçant son métier d’actrice au théâtre, en toute discrétion, auprès de metteurs en scène de renom : Jacques Lassalle, Roger Planchon ou encore Claude Régy.

Dans les années 1980, elle réapparut au cinéma. Elle tient en particulier un second rôle remarqué dans Trois Couleurs : Bleu de Krzysztof Kieślowski en 1993 où elle interprètait la mère de Juliette Binoche. Très active jusqu’au bout, elle porta au cinéma comme au théâtre de nouvelles écritures, comme celle de Marguerite Duras.

En 2014 elle décrochait encore le prix Beaumarchais de la meilleure comédienne pour la pièce de Marguerite Duras Savannah Bay, au Théâtre de l’Atelier.


Commentaires

Logo de cp
RIVA Emmanuelle (Paulette Riva : 1927-2017)
dimanche 24 février 2019 à 15h22 - par  cp

Quinze jours avant sa disparition, Emmanuelle Riva répondait, sur France Inter, à Laure Adler, faisant preuve 53 minutes durant d’une étonnante fraîcheur pour quelqu’une de 90 ans que l’on savait malade. Pas une hésitation, débit sans marque de l’âge, intelligence du propos… Et on apprend sa mort. Surprenant.
Enterrement entre chiens et loups, et personne de notable à la cérémonie, on s’interroge. Jusqu’à ce que quelques mois plus tard, dans une interview, Jean-Louis Trintignant, pas du genre langue de vipère pourtant, laisse entendre qu’il avait détesté tourner avec Emmanuelle Riva ! Elle avait était désagréable durant tout film ! Le sinistre et mortifère « Amour » de Haneke, film couvert de lauriers, notamment à Cannes. Il lui reprochait de rejeter la faute sur les autres lors de ses défaillances pendant des prises de vue… Comme quoi, il y a parfois des raisons aux cortèges maigrichons suivant certains enterrements. Je vois souvent ici des gens s’émouvoir de pareilles scènes, signes d’abandon, mais souvent il y a des motifs à ça...

Logo de cp
mardi 26 février 2019 à 01h10 - par  cp

Me revient à l’esprit un vieux film de Wim Wenders, « Nick’s Movie », dans lequel il filmait la mort au travail sur le grand réalisateur Nicholas Ray, en train de succomber à un cancer pulmonaire : Il doit y avoir une sorte de tropisme germanique à se délecter des moments ultimes de leur contemporains. Lors d’un stage professionnel (Aux Mureaux), me rappelle avoir suivi seul dans la salle de distractions (!) un documentaire allemand (Oeuf Corse) sur Arte (Re-oeuf corse !), diffusé vers minuit, et dans lequel le réalisateur filmait l’agonie de sa mère nonagénaire, jusqu’au râle ultime. Quand le teuton tâtonne, il en fait parfois des tonnes...

Logo de Frédéric Petit
lundi 25 février 2019 à 13h18 - par  Frédéric Petit

Le film Amour n’était nullement « sinistre et mortifère ». Moins sinistre, en tout cas, que les cancans rase-bitume et les lambeaux d’anecdotes qui n’expliquent rien…

Logo de a. Leduc
RIVA Emmanuelle (Paulette Riva : 1927-2017)
dimanche 24 février 2019 à 13h29 - par  a. Leduc

Emmanuelle Riva interpréta également au cinéma la femme de Jacques Brel dans le film d’André Cayatte, les risques du métier en 1967.