NEW YORK : Green-Wood cemetery

visité en avril 2016
samedi 28 octobre 2017
par  Philippe Landru

Créé en 1838 sur les hauteurs de Brooklyn, le Green-Wood cemetery s’ouvre avec un monumental portail gothique à deux arches, dont les tympans sont ornés de reliefs évoquant la mort et la résurrection, dû à Richard M. Upjohn. Cette porte à la particularité d’abriter une colonie de perruches : on dit qu’elles se sont initialement échappées de l’aéroport JFK en 1980.

Inspiré du cimetière du Mont Auburn de Cambridge dans le Massachusetts où un cimetière dans un parc paysager à la mode anglaise avait été créé, Green-Wood réussit à tirer avantage de sa topographie, un terrain vallonné par les moraines glaciaires. Battle Hill (du nom de la bataille de Long Island qui se déroula ici, voir plus bas), le plus haut point de Brooklyn avec 66m, se trouve dans le cimetière.

Cette nécropole fut l’équivalent du Père Lachaise pour New York à la fois un lieu où les familles notables se devaient de finir, mais également un lieu de promenade et d’édification dès le milieu du XIXe siècle dans un site paysager. Il comprend environ 600 000 tombes réparties sur 1,9 km² et est encore aujourd’hui en activité.

C’est un magnifique cimetière américain, qui annonce dans son style la transition entre cimetières européens (d’inspiration bien plus latine qu’anglo-saxonne : mausolées imposants souvent d’inspiration antique) et cimetières américains (plaques discrètes, importance des zones gazonnées).

L’environnement créé par les collines ondulantes, les vallons, plusieurs étangs, une belle végétation, des animaux en liberté et la présence d’une chapelle en font toujours un lieu de visite encore prisé des habitants de la ville qui s’y promènent volontiers. Il fut un lieu touristique dès le XIXe siècle, et on lit qu’en 1860, avec 500 000 visiteurs par, il était le second site visité du pays après les chutes du Niagara ! Il est vrai qu’il était à l’époque le poumon de la ville, Central Park n’ayant pas encore été aménagé.

Les vues sur la ville sont très ciné géniques, et on aperçoit d’ailleurs ce cimetière dans un très grand nombre de films et de séries américaines.

Etats-Unis obligent, des visites sont organisées en « trolley historique ».


Curiosités


-  Sur ce site eut lieu en août 1776 la bataille de Long Island, également connue sous le nom de la bataille de Brooklyn. Elle opposa les insurgés américains aux Britanniques, qui furent victorieux, et conservèrent la ville jusqu’en 1783. C’est aujourd’hui évidemment un site patrimonial de l’histoire américaine, dominée par une haute statue de 2 mètres représentant Minerve.

- La chapelle est une version plus modestes de la tour Wren d’Oxford.

- Les collines du cimetière sont creusées en catacombes et en mausolées troglodytes.

- Sur les stèles, notamment celles de la communauté italienne, sont souvent posées de très nombreux témoignages de visiteurs : bougies, petits objets, photos, pierres avec inscriptions...

- Les mausolées, appartenant le plus souvent à des familles fortunées, sont richement décorées et ornées de tout ce que l’artisanat d’art comptait à l’époque : vitraux art déco, ferronneries, sculptures...

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Le mausolée Stewart, troglodyte et orné de bas-relief d’Augustus de St Gaudens.
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Le mausolée Van Ness Parsons
Inspiration éclectique : à coté d’un sphinx veillant une pyramide, la fille de pharaon porte Moïse bébé à coté de Jésus tenant un agneau !

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L’étonnante tombe de William Holbrook Beard (1825-1900)
Sur la tombe de ce peintre animalier, en particulier des ours, se trouvent un ours en bronze grandeur nature !

Célébrités : les incontournables...


Il ne s’agira pas ici de présenter toutes les « célébrités » du cimetière : grands industriels et figures de la vie culturelle sont pour la plupart inconnus en France. De nombreux membres de la Mafia y reposent également, et on dit que le jeune habitant de Brooklyn Martin Scorsese y puisa lors de ses promenades une partie de son inspiration pour ses futurs films. Pour les puristes, il sera facile de trouver des listes les plus exhaustives possibles, que ce soit sur la page Findagrave du cimetière ou sur la page wikipedia américaine (plus riche)... Comme d’habitude pour les cimetières étrangers, je me bornerai à présenter celles qui ont une notoriété en France.

- Jean-Michel BASQUIAT (1960-1988) : artiste avant-gardiste, pionnier de l’art contemporain par l’importance et l’abondance de son oeuvre, ce peintre grafitteur au style percutant et original avait été remarqué par Warhol qui l’avait poussé sur le devant de la scène. Il mourut à seulement 27 ans d’une overdose.

- Le compositeur et chef d’orchestre Leonard BERNSTEIN (1918-1990), l’auteur de la partition de la célèbre comédie musicale West Side Story, qui fut durant onze années le directeur de l’Orchestre philharmonique de New York.

- Le compositeur Eliott CARTER (1908-2012), qui travailla à l’École normale de musique de Paris (1932-1935) avec Nadia Boulanger, et réalisa une synthèse entre les diverses tendances de la musique du XXe siècle et entre des conceptions musicales appartenant à des époques ou à des cultures très différentes. Les orchestres les plus renommés et les plus grands solistes, de même que de nombreux ensembles, lui ont commandé des partitions. Au total, Elliott Carter a composé plus de 150 œuvres d’une très grande variété. Au cours de sa carrière longue de huit décennies, il remporta deux fois le Prix Pulitzer de musique Il mourut à 103 ans.

- William COLGATE (1783-1857) : après avoir travaillé dans la plus importante fabrique de chandelles de la ville, il créa en 1806 sa propre entreprise et commença la production d’amidon. C’est vers 1841, que Colgate se lança dans la production de savon, peu après la découverte par Eugène Chevreul des principes de la saponification. Ce furent les débuts de ce qui est désormais un empire, entreprise de savons, détergents et de produits d’hygiène, dont les fameux dentifrices.

- Peter COOPER (1791-1883) : industriel, inventeur et philanthrope, ili fut candidat à la présidence des États-Unis d’Amérique en 1876. Cooper a joué un rôle majeur dans l’histoire de la ville de New York, notamment par la création en 1859 de la Cooper Union, en faveur du développement de l’art et des sciences. Il conçut et construisit la première locomotive à vapeur des États-Unis, la Tom Thumb (Tom Pouce).

- Louis Moreau GOTTSCHALK (1829-1869) : compositeur et pianiste virtuose né d’un père juif anglais de Londres et d’une créole blanche dominicaine, il fit le tour du monde pour interpréter ses propres œuvres. Il fut l’un des premiers compositeurs américains et le précurseur du ragtime et du jazz.

-  Elias HOWE (1819-1867) : moins connu que son compatriote Isaac Merritt Singer ou le Français Barthélemy Thimonnier, c’est pourtant ce mécanicien qui mit au point la machine à coudre dans le principe qui subsiste aujourd’hui. Ce n’est qu’après plusieurs recours que l’antériorité de Howe fut reconnue, lui apportant, grâce à d’intéressants pourcentages sur les ventes de machines Singer qui avaient adapté son système de deux fils dont la boucle se fait par le biais d’une aiguille à chas d’un côté et d’une navette rotative de l’autre, des revenus substantiels. Parmi les autres membres de la famille qui repose autour de lui se trouve la stèle de son chien !

- Lola MONTEZ

- Samuel MORSE (1791-1872) : s’il n’inventa pas le télégraphe, contrairement à ce qu’indique la plaque scellée sur sa tombe (invention de Chappe), le génie de Morse fut de concevoir une machine simple, pratique, efficace, bon marché et robuste. Il fut en revanche l’inventeur de l’alphabet qui porte son nom, et qui est toujours utilisé par l’armée.

- Samuel Chester REID (1783-1861) : officier de la marine des États-Unis, il fait partir du patrimoine étatsunien pour avoir conçu le drapeau du pays en 1818, légèrement différent de l’actuel : treize rayures pour les treize anciennes colonies britanniques, mais une étoile pour chaque état américain postérieur. Assez naturellement, son tombeau est ombragé par le drapeau des Etats-Unis.

- Henry STEINWAY (1797-1871) : allemand immigré aux Etats-Unis, il fut le fondateur avec ses fils de l’entreprise de pianos Steinway & Sons. Sa tombe est l’une des plus massive du cimetière.

- Louis Comfort TIFFANY (1848-1933) : artiste américain célèbre pour ses œuvres en verre teinté dans le style Art nouveau, il fut le créateur de plusieurs entreprises. Il a également peint, conçu des bijoux et des meubles. Son style se caractérise naturellement par l’emploi du verre (mosaïques, vitraux…) ainsi que d’un goût pour l’orientalisme.


Commentaires

Logo de MARRY Ghislain - EVIGNY (Ardennes)
NEW YORK : Green-Wood cemetery
dimanche 29 octobre 2017 à 19h40 - par  MARRY Ghislain - EVIGNY (Ardennes)

Remettons les pendules à l’heure :
Claude CHAPPE a inventé le télégraphe optique en 1794.
Samuel MORSE, quant à lui, a inventé le télégraphe électrique en 1832.

Logo de cp
NEW YORK : Green-Wood cemetery
samedi 28 octobre 2017 à 21h12 - par  cp

Marrant cette histoire de perruches échappées de JFK Airport car dans les parages d’Orly existent aussi des colonies de perruches (A collier) qui hantent par leurs cris nocturnes les songes des honnêtes gens cherchant le sommeil du côté du parc de Sceaux. Une cage éventrée sur le tarmac, lors d’un transfert d’avion de provenance exotique, et acclimatation sous nos cieux. La petite dame (Exotique elle aussi) qui me renseigna (Exotiquement) à Thiais sur Jean Cassou, s’interrompit croyant entendre une perruche chanter, et tenta de me servir (L’exotique ment ? Je déconne !...) l’histoire d’Orly mais je la devançais, « Te fatigue pas Totote, on est du même monde » comme disait Delon à Dora Doll, dans « Mélodie en Sous Sol ». Le bulletin municipal d’Antony l’explique aussi. La perruche est méchante, elle déloge l’écureuil. Tout ça pour remarquer que cette histoire de JFK à Orly existe peut-être aussi partout dans le monde...

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

Qui est derrière ce site ?

vendredi 14 février 2014

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