Le Vésinet (78) : le cimetière abandonné de l’hôpital va devenir un jardin
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Le cimetière de l’hôpital du Vésinet passera bientôt au rang de légende urbaine. Dans le cadre de la construction du nouvel écoquartier dans le parc de l’établissement, il devrait en effet devenir un espace vert tel qu’un square ou un jardin. « Mais il serait bien d’en garder une trace, comme une stèle ou une statue, indique le maire (DVD) Bernard Grouchko. Ne serait-ce qu’au titre du souvenir. »
Aujourd’hui, l’endroit n’a rien à envier aux plus lugubres décors de films d’épouvante. Caché au fond du parc impérial, ce cimetière offre un spectacle désolant avec ses croix tombées au sol, ses pierres tombales éventrées où des arbres ont pris racine et ses épitaphes d’une autre époque. Comme cette sépulture de nouveau-né sur laquelle on déchiffre péniblement quelques lignes gravées dans la pierre : « Ici repose Henri Jahier, né le 17 juillet 1926, décédé le 13 août 1926. Regretté de ses parents ». Ici, rien n’a bougé depuis plusieurs décennies. A croire que les aïeux qui reposent là sont tous de grands oubliés.
Pour la grande majorité, il s’agit de patients et de membres du personnel de l’hôpital, du temps où celui-ci, sous le nom de l’Asile, accueillait un flot régulier d’ouvrières en convalescence. Entre le 29 septembre 1859, date de son inauguration par le Duc de Padoue, et 1866, 27 000 femmes ont ainsi été mises au repos dans ce coin reculé d’un Vésinet alors pas encore reconnu en tant que commune. Lors de la Première Guerre mondiale, l’Asile sert également d’hôpital auxiliaire pour les blessés du front. « D’où la présence aussi de nombreux militaires dans ce cimetière, précise Alain-Marie Foy, ancien maire et président de la société d’histoire du Vésinet. Mais beaucoup ont été exhumés. On ne sait toutefois pas combien de personnes ont été enterrées là, car les Allemands ont détruit les archives pendant l’Occupation. Faute de moyens, le cimetière a peu à peu été laissé à l’abandon par les directeurs successifs de l’hôpital. » Ce qui, selon l’actuel maire est « difficilement acceptable d’un point de vue moral ». D’autant qu’il est ouvert à tous les vents. « On sait que depuis longtemps, il est régulièrement visité, que des jeunes viennent jouer à s’y faire peur, explique Alain-Marie Foy. Mais s’il s’est dégradé, c’est bien par manque d’entretien. »
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