CAMBRAI (59) : cimetières
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Le 6 avril 1786, suivant l’ordonnance du Magistrat de Cambrai, deux cimetières sont créés hors des fortifications de la ville. Ils remplacent ainsi les dix-sept cimetières paroissiaux et communautaires qui n’ont plus de place pour accueillir les nouveaux défunts. Placés aux deux extrémités de la ville, les cimetières de la Porte de Paris et de la Porte Notre-Dame sont aujourd’hui des lieux patrimoniaux à part entière.
Le 25 avril 1786 se déroulent les deux premières inhumations : celle de Madame Roberti Pluvinage, âgée de 80 ans, au cimetière de la Porte de Paris et celle du petit Auguste Romain Beautemps, âgé de 15 jours, au cimetière de la Porte Notre-Dame. Très rapidement, le manque d’espace disponible dans ces cimetières oblige leurs agrandissements successifs, en 1844, 1859 et 1870 pour celui de la Porte Notre-Dame et en 1841, 1876, 1910 pour celui de la Porte de Paris.
La municipalité sait mener une vraie promotion de son patrimoine funéraire : non seulement on peut trouver des brochures très bien faites pour ces cimetières (et dont je me suis amplement servit pour cet article : voir biblio), mais les tombes dignes d’intérêt, dans les deux cimetières, sont signalées par des petits panneaux verts.
CIMETIÈRE DE LA PORTE NOTRE-DAME
Le cimetière de la Porte Notre-Dame, appelé également Saint-Géry, est situé entre l’avenue de Valenciennes et la rue de Solesmes. Il s’étend sur 1,69 hectare et comprend 2 641 sépultures. Il subit intensément les bombardements de mai 1944, mais conserve de nombreuses sépultures anciennes.
Curiosités
Le cimetière abrite la tombe des parents de Louis Blériot, dans deux tombeaux distincts.
Le 25 juin 1815, alors adjoint au maire, Jean Louis Joseph Cotteau reçoit le roi Louis XVIII de retour d’exil dans son hôtel particulier situé aujourd’hui rue Sadi Carnot. C’est là que le roi lance « son appel aux Français ». Cet hôtel devint ensuite la propriété de la famille Blériot où le futur aviateur vit le jour en 1872. La tombe de Joseph Cotteau subsiste dans ce cimetière.
Quelques tombes présentent un intérêt artistique. Les trois sont ornées de médaillons en bronze par l’artiste cambrésien Joseph Carlier :
- Retraité des chemins de fer, Achille Doucedame fut accusé d’espionnage par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Refusant de se laisser bander les yeux, il mourut fusillé à Maubeuge.
- Professeur de musique et de piano, Paul Devred (+1909) fut également organiste à la cathédrale.
- Louis Deflandre (+1911) était professeur de gymnastique au collège.
Ce cimetière possède une variante, sans le crane, du petit Ange pleureur de la cathédrale d’Amiens, si populaire dans la France du nord.
Célébrités : les incontournables...
les AFCHAIN : comment parler de Cambrai sans une histoire de bêtise !
Ne vous étonnez pas de tomber sur un tombeau Mauroy sur lequel est représenté un visage qui fait penser à Pierre Mauroy : il s’agit de son frère.
... mais aussi
Les personnalités qui reposent à Cambrai ont peu de renommée en dehors de la ville : pour l’essentiel, des maires qui furent parfois députés du Nord, ou des architectes qui œuvrèrent dans le Cambraisis.
Les architectes André (1804-1872) et son fils Louis (1827-1882) de BARALLE, qui œuvrèrent beaucoup à Cambrai, en particulier pour plusieurs tombeaux imposants des cimetières. Eux-mêmes reposent, comme c’est souvent le cas, dans un tombeau des plus modestes.
Les peintres Joseph (1797-1870) et son fils Abel (1826-1906) BERGER .
Paul BERSEZ (1857-1940) : maire de Cambrai de 1897 à 1912, député du Nord de
1898 à 1906, il exerça par la suite la fonction de sénateur pendant plus de 25 ans.
Le peintre Adolphe DELIGNE (1818-1876), qui fut directeur de l’école de dessin de
Saint-Quentin.
L’architecte Laurent FORTIER (1867-1923), très actif à Cambrai.
Henri MALLEZ (1892-1989) fut maire de Cambrai de 1941 à 1944, et député du Nord de 1946 à 1955.
Le peintre Georges MARONIEZ (1865-1933). Magistrat de formation, passionné de photographie, il inventa en 1891 un appareil photo « le Sphinx », et démissionna de la magistrature pour se consacrer à la peinture et aux voyages. D’abord peintre de la campagne et de la vie rurale, au style naturaliste, très classique, voire académique, il évolua ensuite vers les marines, plus précisément les paysages et scènes de bords de mer. Il fut le peintre d’un ruralisme pacifique opposé, tant artistiquement que politiquement, à la modernité. Il fut conservateur du musée de Cambrai.
L’avocat Napoléon MOUTON (1805-1875), député du Nord de 1848 à 1849, siégeant comme républicain modéré.
Edouard PARSY (1829-1876), maire de Cambrai de 1871 à 1874, fut député républicain du Nord de 1874 à sa mort.
CIMETIÈRE DE LA PORTE DE PARIS
Le cimetière de la Porte de Paris est le plus important de la ville. Il couvre 3,91 hectares et comprend 6 751 sépultures. Bien qu’il ait le même âge que le cimetière précédent, il semble plus récent, et moins pittoresque. L’essentiel des tombeaux qui présentent un intérêt son sur le devant de la nécropole.
Curiosités
Le cimetière abrite la tombe de l’arrière-grand-père de Louis Blériot (toutes les sources, même celles de Cambrai, indiquent qu’il est son grand-père).
Chaque commune à "son" clochard plus ou moins institutionnalisé qui, faisant partie du décor quotidien, finit par devenir une mascotte communal. Celui de Cambrai s’appelait Bouboule (Emile Charlot de son vrai nom). Mort en 1985, il possède sa tombe au cimetière qui est indiqué dans les brochures.
Quelques -rares- tombes présentent un intérêt artistique :
- Tombeau de Gustave Demeuldre.
- Ce pionnier de l’aviation commerciale s’écrasa le 17 septembre 1932 à l’approche de Londres.
- Tombeau Durieux, conservateur du musée de Cambrai.
- Sa tombe est ornée d’un médaillon en bronze...
- ... et d’un bas-relief, tous deux réalisés par le sculpteur cambraisien Gustave Guillemin.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Pas mal de célébrités locales mises en avant par les très bonnes brochures éditées par la ville. Nous mettrons l’accent sur celles dont la notoriété peut dépasser la ville de Cambrai, pour l’essentiel des députés du département.
Pierre-Joseph BERTRAND-MILCENT (1812-1879) : éphémère maire de Cambrai en 1870-71, il fut député de la Gauche républicaine entre 1876 et 1879.
Jules BRABANT (1814-1891) : maire de Cambrai, cet industriel fut député du Nord de centre droit de 1871 à 1876.
Le militant socialiste Maurice CAMIER (1884-1933), qui fut député du Nord de 1932 à 1933.
Ernest DELLOYE (1814-1898) : journaliste à « L’Emancipateur », journal de tendance royaliste, il fut l’auteur de nombreuses recherches sur la commune.
Raymond GERNEZ (1906-1991) : député socialiste du Front populaire en 1936, il entra en résistance en 1940 et participa à la reconstitution de la SFIO clandestine. Redevenu député en 1944, il le demeura jusqu’en 1973, tout en étant maire de Cambrai de 1945 à 1977. Très marqué par les combats anticommunistes, Raymond Gernez était hostile à l’Union de la gauche, et démissionna du Parti socialiste en octobre 1976.
Lionel B-F MORRIS (1897-1916) : Ce soldat britannique fut une des premières victimes du célèbre aviateur allemand von Richthofen surnommé le « Baron Rouge ». Son avion s’écrasa en 1916 : il fut transporté à Cambrai au collège Notre-Dame, transformé en hôpital, où il mourut de ses blessures.
Yvonne PAGNIEZ (1896-1981) : écrivaine, auteur de deux romans avant la Guerre (Ouessant en 1935, puis Pêcheurs de goémon en 1939) ; son appartenance à la Résistance à partir de 1940 lui valut la déportation. De cette époque elle tira l’inspiration de trois livres successifs : Scènes de la vie du bagne, Évasion 44 (qui reçut le Grand prix du roman de l’Académie française) et Ils ressusciteront d’entre les morts. Après la Guerre, elle servit comme correspondante de guerre en Indochine, puis en Algérie, qui lui inspirèrent de nouveaux récits. Avec elle repose son père, Philippe PAGNIEZ (1873-1947), qui fut membre de l’Académie de Médecine.
François-Joseph PEINTE (1810-1891) fut un artiste qui réalisa de nombreux dessins, plans et relevés de travaux de fouilles, notamment ceux de l’ancienne cathédrale gothique de Cambrai. Avec lui repose son fils Henri-Emmanuel (1845-1912) qui fut sculpteur et statuaire.
Source : on viendra visiter ces cimetières avec cette intéressante brochure.
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