DIANE de POITIERS (1499-1566)

Chapelle du château d’Anet (28) - Coeur dans la cathédrale de Rouen (76)
lundi 2 février 2015
par  Philippe Landru

Fille aînée du comte Jean de Saint-Vallier, seigneur de Poitiers (ce nom n’a rien à voir avec la capitale du Poitou ; il désigne un ancien marquisat de Provence, Peytieu, Poitiers en langue d’oïl !). Elle fut mariée à 16 ans au grand sénéchal de Normandie Louis de Brézé, de 40 ans plus âgé qu’elle. C’est sous le nom de Diane de Brézé qu’elle fut dès lors connue de ses contemporains, le nom de Diane de Poitiers lui ayant été attribué bien plus tard par le romancier Alexandre Dumas. Veuve à 32 ans, c’est une femme d’une grande culture et à la beauté épanouie qui fut affectée aux fils du roi François 1er.

Le second, Henri, trouve du réconfort auprès de cette femme supérieure et de dix-neuf ans plus âgée que lui. Diane va jusqu’à arranger son mariage avec Catherine de Médicis en 1533. En 1536, Diane devint la maîtresse d’Henri, qui ne craignit pas d’afficher sa relation lorsqu’il parvint sur le trône. Il la fit duchesse de Valentinois et lui offrit le château de Chenonceau, sur le Cher

Diane s’entoura d’une cour brillante et protégea les artistes de son temps. Elle fit construire à l’ouest de Paris le château d’Anet, oeuvre de l’architecte Philibert Delorme, décoré par le sculpteur Jean Goujon. D’une vigueur hors du commun, elle montait régulièrement à cheval, se baignait chaque jour dans une rivière et, dans l’espoir de prolonger sa jeunesse, se soignait avec une décoction d’or, remède qui lui fut fatal. Femme de pouvoir, également âpre au gain, la duchesse de Valentinois se fit cependant beaucoup d’ennemis à la Cour. Les revers survinrent après le fatal tournoi qui coûta la vie à son royal amant. Catherine de Médicis, devenue régente du royaume, prit sa revanche après de longues années d’effacement. L’ancienne favorite fut exilée dans son château d’Anet. C’est là qu’elle mourut.

Louise de Brézé, seconde fille de Diane de Poitiers, fit ériger un monument avec sa statue dans l’église du village, qui fut transféré dans la chapelle sépulcrale du château en 1576. Son coeur fut placé dans le tombeau de son ex-époux dans la cathédrale de Rouen (76), où se trouve le somptueux mausolée qu’elle lui avait fait construire.

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Le tombeau de Louis de Brézé.
Cathédrale de Rouen.

Le 18 juin 1795 lors de la Révolution, son sarcophage de marbre noir fut profané. Deux commissaires de la Sûreté générale de Dreux, à la tête d’un groupe de patriotes, font état de son corps parfaitement conservé ainsi que deux cadavres correspondant à deux de ses petites-filles mortes en bas âge (âgées l’une de 5 à 6 ans et l’autre d’environ 2 ans). Leurs corps exposés à l’air libre se dégradèrent rapidement si bien qu’ils furent déplacés dans une fosse creusée à côté de l’église, à l’exception de la chevelure de Diane qui se détacha de sa tête lorsque deux membres du comité révolutionnaire la basculèrent dans la fosse (l’un la tenant par la tête, l’autre par les pieds). Ils se partagèrent alors ses mèches en souvenir, l’une étant par la suite donnée au propriétaire du château d’Anet où elle fut conservée depuis dans un médaillon. Son sarcophage fut converti en auge, et le socle en plomb utilisé par les révolutionnaires.

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Les restes de Diane furent inhumées contre l’église.
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Cimetière d’Anet : à l’emplacement où furent jetés les restes de Diane de Poitiers...
Une composition lourde et composite (réemploi d’ancien débris et colonnes) fut édifiée par les habitants en 1884. Elle se compose...
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... d’un sarcophage surmonté du blason de Diane...
Dessus, bien dans l’esprit des Ars moriendi de l’époque, est écrit : « O Voyageur arrête un peu ici et médite / Cette Diane qui était puissante par sa race et par ses richesses / Est maintenant enfermé sous ce marbre froid / Sous lequel elle gît exposée en pâture aux vers / La terre à la corps mais l’âme s’élève aux cieux / Elle est morte l’an 1566 le 23 février / Elle a vécu 66 ans 3 mois et 16 jours »

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Le tombeau de Diane au musée des Monuments français.
Source : Tombes et sépultures.

Le tombeau lui-même fut préservé grâce à Alexandre Lenoir qui le fit transférer au musée des Monuments Français qu’il avait créé. Il le « reconstitua » à son habitude, c’est-à-dire de manière « composite ». Après la fermeture de ce musée, le tombeau, désormais cénotaphe, fut remis en place au centre de la chapelle, après avoir été conservé à Neuilly puis à Versailles. De 1959 à 1967, celle-ci fut entièrement rétablie dans son état d’origine et le tombeau remis en place.

En 2008, une équipe multidisciplinaire retrouva le squelette de la favorite (l’identification fut fondée, notamment sur une fracture de jambe) et découvrit que les os avaient une concentration en or beaucoup plus élevée que la normale. Ils l’expliquèrent par le fait que Diane, obsédée par le désir de l’éternelle jeunesse et l’éclat d’une beauté surnaturelle, aurait bu chaque jour comme élixir de longue vie une solution « d’or potable » qui lui aurait donné son teint extrêmement pâle, comme l’a rapporté Brantôme.

Le 29 mai 2010, après 213 ans passés au cimetière communal, les restes de Diane de Poitiers furent de retour dans son tombeau au cours d’une cérémonie célébrée par une grande fête de style Renaissance.

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Le tombeau dans la chapelle

Commentaires

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DIANE de POITIERS (1499-1566)
mercredi 4 février 2015 à 11h47 - par  sauvage

Férue d’histoire et grande visiteuse des cimetières, je vous remercie pour ces précisions sur Diane de Poitiers.

Site web : Diane de Poitiers