LAON (02) : Musée d’art et d’archéologie

Visité en novembre 2011
lundi 29 septembre 2014
par  Philippe Landru

C’est à l’entrée du musée que se trouve le plus ancien gisant-transi de France, celui de Guillaume de Harcigny (ca1310-1393).

Rappelons tout d’abord qu’un transi, dans l’art funéraire de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, est une sculpture représentant un mort. Contrairement au gisant représentant un personnage couché et endormi, dans une attitude béate ou souriante, le transi représente le défunt de façon réaliste, nu, voire en putréfaction.

Guillaume de Harcigny fut le médecin de Charles VI de France. Il fit ses études de médecine auprès d’un chanoine de la cathédrale de Laon et aussi à l’Université de Paris. Son diplôme obtenu, il partit pour l’Italie et en Orient. Lors de ses voyages, Guillaume de Harcigny apprit beaucoup sur la médecine de son temps. De retour en France, il s’installa dans sa ville natale de Laon où résident beaucoup de ses confrères. Il devint l’ami d’Enguerrand VII de Coucy qui le présenta au roi après la première crise de démence de Charles VI en la forêt du Mans, en 1392.

L’histoire de ce transi est bien connu : il fut réalisé, à sa demande, un an après sa mort. Le monument, en marbre noir, avait la forme d’un coffre carré sur lequel reposait la pierre sépulcrale supportant la statue blanche. Une plaque était scellée sur le cénotaphe sur laquelle était inscrite en lettres d’or l’épitaphe. Ce tombeau se trouvait à l’origine dans l’église des Cordeliers de Laon, près de la chaire du prédicateur.

Le tombeau fut détruit à la Révolution. La sculpture fut cependant sauvée et on autorisa ultérieurement la réinhumation des restes osseux et du transi dans la cathédrale Notre-Dame de Laon. En 1841, le transi fut exhumé mais on égara la boite de plomb contenant les ossements. C’est en 1853 que le conseil de fabrique de la cathédrale fit don du transi à la ville pour son musée. C’est au cours de ce transfert, en un premier temps dans la Chapelle des Templiers, que le nez et le bras droit furent cassés.

Le transi fut restauré à Versailles en 2003.


Commentaires

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LAON (02) : Musée d’art et d’archéologie
mardi 30 septembre 2014 à 15h19 - par  Axel Guillerand

Donc, si je comprends bien :
- Gisant : représentation idéalisée allongée,
- Transi : représentation réaliste allongée,
René de Chalon à Bar-le-Duc : faux-transi inclassable ?
Merci.

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mardi 30 septembre 2014 à 15h49 - par  Philippe Landru

Pas inclassable, mais plutôt évolution à une période charnière de l’histoire. Le transi de René de Chalon, qui date du XVIe siècle, est celui d’un artiste qui a reçu en héritage la connaissance anatomique pointue de la Renaissance. En cela, il est très moderne et veut « épater » son public par un transi qui relève davantage de l’écorché qui fera les belles heures de plusieurs autres (dont Fragonard). En revanche, ses références et sa symbolique sont plutôt médiévale : à l’origine, son transi tendait le bras car il portait son carditaphe (détruit à la Révolution). On a ici une symbolique offertoire plus proche du Moyen-Age que du réalisme qui suit. C’est le même type de dialectique artistique et symbolique qui se posa à St Denis, sensiblement à la même époque, pour le transi de Catherine de Médicis (finalement refusée par elle) et l’adoption de son sobre et quelconque gisant. (les deux sont visibles dans la basilique). Entre les transis médiévaux des ars moriandi et les gisants à fonction politique de la Renaissance, puis de l’époque moderne, l’évolution de la sculpture funéraire joue ici son rôle de témoin du passage de deux époques.

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vendredi 14 février 2014

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