VIENNE (38) : cimetière de Pipet
par
Soyons honnête : je n’étais pas bien pressé de visiter ce cimetière. En premier lieu parce que je ne m’attendais pas à y trouver grand chose, en second car je savais son site peu praticable (il est le cimetière le plus en pente qu’il m’ait été donné de visiter). Le cimetière du Pipet fut pourtant une très bonne surprise, au point que je le considère comme l’un des plus intéressants du quart sud est de la France.
- Sépulture de famille Pascal-Valluit.
De cette ville industrieuse (on pense en particulier aux draperies de Vienne), le cimetière, schéma classique, épouse les différents aspects de l’histoire : les tombeaux massifs du bas de la nécropole abritent les vieilles familles viennoises s’étant illustrées dans la confection ou le négoce. Dans la partie haute, des reprises plus fréquentes indiquent la présence du "petit peuple" de la ville.
Curiosités
Le site du cimetière est sa première curiosité : les parties basses sont parmi les plus anciennes, même si on trouve des sépultures vénérables dans le haut du cimetière également.
Zigzaguant dans les divisions, l’allée centrale monte en pente raide sur le sommet de la colline d’où la vue embrasse toute la ville.
- La colline du Pipet
- Cette colline fut aménagée par les Romains : on y trouvait temple, théâtre et Odéon. Au sommet se dresse une chapelle.
- La vue est belle sur le mont Salomon (à droite) et les ruines du château de la Bâtie, seul élément survivant des fortifications médiévales de la cité.
J’ai visité d’autres cimetières de ce type en France (je songe à celui de Montélimar par exemple), mais aucun n’a une telle déclivité.
Malgré une importance relative au regard de la hiérarchie des communes de France, et du peu de notoriétés qui y reposent, ce cimetière possède une assez riche "collection" d’œuvres (en marbre, en bronze...), établies sur les tombeaux de notables locaux. Cela s’explique par une forte densité de sculpteurs viennois (Claude Grange, Joseph Bernard...), dont on retrouve également les œuvres dans toute la région (Lyon, Grenoble...), voire dans toute la France.
- Sépulture du docteur Louis Orcel.
- Buste de Gustave Silvestre
- Le philanthrope Marius Combes
La très belle dalle sculptée du colonel Charles Naudet (+1839) : y figurent ses armes, des lances, des sangles, mais également son chapeau.
On trouve dans ce cimetière, récemment rénovée, la tombe d’Adèle Berlioz (+1860), sœur d’Hector, et son époux Marc Suat, un notaire de Saint-Chamond.
Le 4 janvier 1966, La raffinerie de Feyzin, dans le département du Rhône, explosa. L’accident avait débuté par une fuite de propane sous une sphère de stockage mal conçue. L’incendie se déclencha par le contact de la poche de gaz avec un véhicule. Cet incendie entraîna les explosions successives des sphères de stockage de propane. Cette catastrophe fit 18 morts, dont 11 pompiers et 77 blessés. Au-delà de la raffinerie, les dégâts matériels incluèrent des toitures endommagées jusqu’à 2,2 km, et des vitres brisées à plus de 8 km. L’explosion fut perçue jusqu’à 16 km en aval de la raffinerie. Parmi les victimes figuraient quatre pompiers de Vienne appelés en renfort. Un obélisque rappelle leur souvenir dans ce cimetière.
Célébrités : les incontournables...
Aucun.
On cherchera en vain, fort malheureusement, la sépulture du père de Guignol, le marionnettiste Laurent MOURGUET (1769-1844). Même si c’est à la ville de Lyon que ce dernier est irrémédiablement attaché, c’est bien à Vienne que mourut le créateur de la célèbre marionnette, mais également de son épouse Madelon et de son indissociable Gnafron. L’actuel cimetière n’existait pas encore : les sources sont muettes mais il semble qu’il ait été inhumé dans un cimetière paroissial dans le bas de la ville, désormais disparu. Reste ici son souvenir. Ses descendants, mais également d’autres célèbres marionnettistes qui reprirent sa suite au Théâtre de Guignol, sont inhumés au cimetière de Brindas (69).
... mais aussi
Le journaliste et écrivain Jean BOUVARD (1910-1993).
la journaliste Danielle BREEM (1921-2014).
Le peintre André BREUILLAUD (1898-1994).
L’avocat Marc-Antoine BRILLIER (1809-1888), ancien maire de la ville, qui fut préfet de l’Isère en 1870. Député de ce même département aux élections de 1848, il le redevint en 1872, puis fut sénateur de 1876 à 1879. Son médaillon en bronze fut réalisé par Etienne Pagny.
Le compositeur Jules BUISSON (1866-1923). Le médaillon en bronze est de Claude Grange.
Thomas-Claude DELORME (1787-1856) : archéologue et historien, il fut bibliothécaire et conservateur du musée de Vienne et inspecteur des monuments historiques du département de la Vienne. Il laissa de nombreuses publications sur la région.
Victor FAUGIER (1801-1867) : maire de Vienne de 1848 à sa mort, il fut également élu député de l’Isère (Majorité dynastique) de 1852 à 1867. Il repose sous un médaillon par Joseph-Hugues Fabisch.
Le poète Prosper GIEN (1910-1973).
Lucien HUSSEL (1889-1967) : maire de la commune de 1944 à 1959, député du département de 1932 à 1951, il faisait partie des 80 parlementaires ayant voté contre les pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940. Durant son mandat de maire, il rénova la ville, assaini des quartiers et restaura des ponts et des quais. On lui doit en particulier le dégagement du théâtre romain. Un buste en bronze en alcôve orne sa tombe, assez bavarde sur ses fonctions et ses actes.
Le peintre Henry JACQUIER (1878-1921), qui se spécialisa dans la peinture militaire, et particulièrement celle des chevaux. On lui doit le portrait de Joffre qui est exposé au château de Versailles. Le médaillon qui orne sa tombe est de Claude Grange.
Le sculpteur Antonio Della LANNA (+1856) reposait sous un monument par lui-même en restauration depuis fort longtemps.
Ennemond PAYEN (1881-1932), qui fut député de l’Isère de 1928 à sa mort.
Le peintre néoclassique Jacques PILLIARD (1811-1898), sous un buste du sculpteur viennois Joseph Bernard.
Le cuisinier Fernand POINT (1897-1955), qui reprit le restaurant de son père à Vienne, La Pyramide. Son attrait pour les produits simples mais de qualité, son attention aux modes de cuisson et son accueil jovial attirèrent très vite l’attention. Trois ans plus tard il gagna ses deux premières étoiles au guide Michelin, puis, la troisième en 1933 (il fut l’un des 23 premiers chefs à obtenir cette distinction). A cheval sur deux périodes phares de la gastronomie, son restaurant fut un des premiers relais gastronomique mais aussi un lieu d’avant-garde. Maître des frères Troisgros et de Paul Bocuse, il est considéré comme le père de la cuisine moderne.
L’académicien français François PONSARD (1814-1867). Poète dramatique, il fut le chef de l’école du bon sens qui tint le milieu entre les classiques et les romantiques. Sa première pièce de théâtre Lucrèce, jouée en 1843, obtint un très grand succès. Il est désormais très oublié.
Le poète et dramaturge André RIVOIRE (1872-1930), à qui l’on doit également des pièces musicales.
Le compositeur Ernest SCIUPI (1873-1953).
Le peintre coloriste Tony ZACHARIE (Antoine Zacharie : 1819-1899), représentant de "l’école de Vienne". Le buste en bronze qui orne sa tombe est du sculpteur viennois Claude Grange (qui repose au Père Lachaise).
Photos Hussel et Ponsard : Geneanet
Commentaires