LYON (69) : nouveau cimetière de la Croix Rousse

Visité en juillet 2013
mercredi 18 septembre 2013
par  Philippe Landru

Séparé de l’ancien cimetière de la Croix-Rousse par la rue d’Ypres, le nouveau cimetière est bien plus grand et, évidemment, plus récent puisqu’il n’ouvrit ses portes qu’en 1871. Son cadre est assez quelconque, mais un ensemble de tombeaux attirera néanmoins le visiteur curieux dans ses allées, en particulier plusieurs réalisations de facture moderne réalisées par des artistes locaux (Salendre, Renard...).


Curiosités


- Il existe à Lyon un jardin appelé « jardin Rosa Mir ». Il est composé d’un ensemble de colonnes et de traverses décorées de milliers de coquillages dispersés savamment en alternance avec des pierres qui tapissent l’ensemble des surfaces. Il n’est pas sans faire penser à l’oeuvre de Gaudi, mais également à celle du facteur Cheval. Ce jardin a été créé par Jules Senis (1913-1983), un artisan maçon carreleur, réfugié de la guerre d’Espagne qui a consacré les vingt dernières années de sa vie à la création de ce jardin « extraordinaire » dédié à sa mère Rosa Mir. Il repose dans ce cimetière. Subtil : sa stèle contemporaine reproduit le « style » de l’artiste.

  • Les oeuvres d’art :
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    Tombe de l’orfèvre Henry Nesme
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    Tombe Guillotte
    Réalisée par l’architecte Pierre Renard et le sculpteur Marcel Renard.

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    Tombeau Vetter
    Réalisation : Michel Roux Spitz (architecte), Raymond Delamare (sculpture de la Douleur), Marcel Renard (sculptures décoratives)
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    Sépulture Donat
    Douleur réalisée par Georges Salendre.
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    Tombeau Burband- Gay
    Bas-relief réalisé par le statuaire Henri Burban, inhumé dans cette tombe.

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    Cariatide de la tombe Milliet
    Oeuvre de Georges Salendre
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    Le conseiller municipal Henri Gorjus
    Médaillon par Léopold Renard.

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    Pierre Blanc


Célébrités : les incontournables...


- Tony GARNIER


... mais aussi


- L’avocat lyonnais Joannès AMBRE (1915-1984), qui assura la défense du gang des Lyonnais, et qui fut adjoint au maire de Lyon.

- Le sculpteur Yvan AVOSCAN (1928-2012), professeur à l’école des Beaux-Arts de Lyon, qui se fit remarquer pour ses sculptures monumentales. L’une des plus connues est sans conteste l’immense Porte du soleil, qui depuis 1989 trône sur l’autoroute A7, près de Montélimar. Il exposa dans le monde entier. Il repose sous l’une de ses oeuvres, réalisée pour sa fille décédée jeune.

- Le peintre Louis CARRAND (1821-1899), qui appartint à un petit groupe de peintres lyonnais proche de l’École de Barbizon. Considéré comme un précurseur directe des impressionnistes, il s’en distingua en préférant, aux atmosphères claires et lumineuses, les atmosphères brumeuses, les tonalités grises et argentées liées au printemps ou à l’automne, les effets de lumière à l’aube et au crépuscule. Il a principalement peint la campagne lyonnaise, les paysages de la Bresse et les Monts du Lyonnais. Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est de Georges Salendre.

- Jean-Baptiste CHÉPIÉ (1835-1909) : ancien tisseur et canut, devenu inspecteur du travail des enfants dans les manufactures de Lyon, il fut député du Rhône de 1888 à 1889, siégeant dans la majorité opportuniste. Il repose sous une dalle moderne pourtant totalement illisible.

- Francisque COLLOMB (1910-2009) : sénateur centre- droit du Rhône à partir de 1968, il fut maire de Lyon entre 1976 et 1989. Il dynamisa la ville (gare de Lyon-Part-Dieu, lancement d’Eurexpo, de la cité internationale et du palais des Congrès, l’installation dans la ville du siège d’Interpol...). En 1979, il devint député européen mais ne se représenta pas en 1984. Il n’a pas de lien avec l’actuel maire de Lyon, Gérard Collomb.

- Le cancérologue Marcel DARGENT (1908-1972).

- L’universitaire et l’homme de lettres Daniel DELAFARGE (1877-1949), qui fut l’ami de Péguy.

- Victor FORT (1865-1911) : Ouvrier typographe, il fut conseiller municipal et adjoint au maire de Lyon et député du Rhône de 1905 à 1910, inscrit au groupe socialiste. Son buste en pierre est de Léopold Renard.

- L’architecte moderniste René GAGÈS (1921-2008), auteur d’une œuvre inspirée du Bauhaus (il participa d’ailleurs à la reconstruction de Berlin). On lui doit notamment la cité de Bron-Parilly, construite entre 1954 et 1960, la piscine de Caluire-et-Cuire et le Centre d’échange de Perrache, construit au début des années 1970, très décrié par la suite. Membre de l’Académie d’architecture, il fut professeur aux Beaux-Arts.

- La tragédienne lyrique danoise Louise JANSSEN (1863-1938), qui se fit connaître en tant que chanteuse wagnerienne.

- La journaliste Françoise KRAMER (1946-1984), qui travailla à Europe 1, puis sur Antenne 2 où on put la voir dans le journal de la mi-journée. Elle présenta le journal de la nuit fin 1982 début 1983, puis changea de chaîne. En février 1983, elle coprésenta le journal de 20H sur TF1 avec Jean-Claude Narcy. Elle fut l’épouse du journaliste Hervé Claude. Elle mourut tragiquement dans un accident de voiture.

- Philippe KRAUSS (1861-1904) : militant républicain, il fut conseiller municipal de Lyon en 1896 et député du Rhône de 1898 à 1904, inscrit au groupe des socialistes parlementaires. Son monument a été réalisé par Léopold Renard.

- Pierre MONTEL (1896-1967) : ancien résistant, député du Rhône durant toute la IVe République, il fut à quatre reprises, à cette époque, secrétaire d’Etat, en particulier à l’Air. Sa tombe rappelle que trois de ses enfants furent déportés et moururent dans les camps nazis.

- Auguste PINTON (1901-1984) : cet ami d’Herriot (qui fut son professeur de latin) fut un précurseur de la Résistance, et le cofondateur de Franc-Tireur. C’est lui qui, en 1944, rétablit la légalité républicaine à l’hôtel de ville de Lyon et remis en place les institutions. Radical socialiste, il fut à partir de 1946 élu du Rhône, au Conseil de la République puis au Sénat au sein du Groupe du rassemblement des gauches républicaines et de la Gauche démocratique. Il fut, entre 1956 et 1957, secrétaire d’État aux Travaux publics, au Transports et au Tourisme.

- L’ingénieur Tobie ROBATEL (1850-1935), qui se distingua par la fabrication d’omnibus à vapeur et d’appareils pour l’industrie chimique.

- Le sculpteurGeorges SALENDRE, qui travailla essentiellement à Lyon et dans sa région (Givors). Son engagement politique (communiste) lui valut d’être chargé de commandes à forte connotation symbolique et politique. Il fut l’auteur de son très sobre tombeau.

- la danseuse étoile du ballet de Lyon Ruth SCHICKENDANTZ (1941-1982) repose sous un monument en verre reproduisant le « R » initiale de son prénom de taille notable, garni de galets, de bouts de bois,de coquillages et de plantes qui varient selon les saisons. Cette pièce originale a été réalisée par l’Ecole des Beaux-Arts.

- Joséphin SOULARY (1815-1891) : fonctionnaire travaillant à la préfecture, puis bibliothécaire au palais des arts, il est connu comme poète ayant publié plusieurs ouvrages dont les Sonnets humoristiques en 1862. Baudelaire et Sainte-Beuve l’appréciaient et lui ont consacré des études élogieuses. Un premier buste en marbre, par Charles Textor, orna sa tombe. Dégradé, il fut déposé et remplacé par un autre en bronze, du même auteur. Le socle rappelle les titres de ses principaux recueils poétiques.

- Irène TUNC (1934-1972) : Miss France 1954, elle se lança dans le cinéma et sa carrière démarrait lorsqu’elle mourut dans un accident de voiture. Mariée au réalisateur belge Ivan Govar, elle fut ensuite la compagne du cinéaste Alain Cavalier (avec lequel elle tourna, et qui lui consacra en 2009 un film).


Bibliographie : on ne manquera de consulter un excellent ouvrage, récent de surcroît, paru sur les cimetières de Lyon. Il est riche à la fois dans la présentation des principales personnalités de la ville (même s’il est plus discret pour les personnalités contemporaines) et pour son iconographie. Il s’agit de :

BERTIN Dominique, Lyon et ses cimetières - découvrir la ville autrement, Editions lyonnaises d’Art et d’histoire, 2013


Commentaires

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LYON (69) : nouveau cimetière de la Croix Rousse
mardi 5 avril 2016 à 12h06 - par  cerise

Sur la tombe de la belle Irène Tunc (on peut la voir entre autres dans « la Chamade » ou dans « Léon Morin, prêtre ») une photo avec lune citation de Baudelaire : « A la très chère, à la très belle. Qui remplit mon coeur de clarté, A l’ange, à l’idole immortelle, Salut en l’immortalité ! »
Alain Cavalier lui a en effet consacré un film étrange, « Irène », véritable mausolée cinématographique.

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