MONTGOLFIER (de) Joseph (1740-1810) et Étienne (1745-1799)

Cimetière d’Annonay et de Davézieux (07)
mardi 3 septembre 2013
par  Philippe Landru

Issus d’une famille de papetiers du Vivarais comptant neuf enfants, Joseph et Étienne de Montgolfier sont indissociables dans l’invention du ballon à air chaud. Joseph, après d’assez médiocres études au collège d’Annonay, se passionna pour la physique, tout en rêvant de fabriquer une machine volante. Il entra dans la manufacture paternelle, près d’Annonay, qu’il abandonna bientôt pour fonder sa propre fabrique de papier à Voiron, en association avec son frère Augustin. Mais ses affaires végétaient et, marié en 1770, il abandonna la direction de l’entreprise à sa femme, préférant en assurer seulement la représentation commerciale.

Étienne, doué en mathématiques, étudia l’architecture avec Soufflot et pratiqua cet art jusqu’en 1772, avant de prendre la direction de l’affaire familiale. Il rénova la technique française de la papeterie, introduisant notamment les procédés hollandais et la fabrication du papier « vélin », encore inconnu en France.

En 1782, Joseph, en observant les mouvements qu’imprime la chaleur à une chemise tendue à sécher devant une cheminée, prit conscience de la force ascensionnelle de l’air chaud. Il construisit une pièce parallélépipédique de taffetas, la plaça au-dessus d’un réchaud et constata qu’elle bondissait vers le plafond. Désormais convaincu qu’une enveloppe remplie d’air chaud doit être capable de s’élever dans l’atmosphère, il s’employa à concrétiser ce projet avec son frère Étienne. Après une première expérience très concluante, les deux frères parvinrent à faire s’élever dans l’air un ballon d’environ 20 m3.

À l’occasion de l’assemblée des états du Vivarais à Annonay, le 4 juin 1783, les frères Montgolfier connurent un nouveau succès, avec un aérostat de 900 m3. Puis, mandés à Paris, ils lançèrent à Versailles, devant le roi et la cour, une de leurs « montgolfières » à air chaud, à laquelle fut suspendue une cage d’osier renfermant un coq, un canard et un mouton. L’aérostat atteint une altitude de 600 m et redescendit se poser à près d’une lieue de son point de départ, avec ses passagers sains et saufs. Louis XVI consentit alors à accorder son autorisation pour le premier vol humain, qu’accomplirent le 21 novembre 1783, au-dessus de Paris, Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes. Les vols se multiplièrent par la suite.

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L’expérience de Versailles.

Les deux frères abandonnèrent ensuite l’aéronautique. Étienne se consacra à l’entreprise familiale, dont il devint propriétaire en 1787. Il fut admis à l’Académie des sciences en 1796. Joseph s’illustra encore par plusieurs inventions, dont la principale est le « bélier hydraulique » (1792), une machine qui, grâce à des soupapes, permettait d’élever l’eau à plusieurs mètres. Après la Révolution, il se retira des affaires et s’établit à Paris. Il fut nommé sous l’Empire administrateur du Conservatoire des arts et métiers et élu à l’Académie des sciences en 1807.

On trouve des Montgolfier dans tous les cimetières de la région : cette famille est en outre liée à d’autres familles de notables, comme celle des Seguin par exemple.

Joseph de Montgolfier est inhumé dans le cimetière d’Annonay, dans un beau tombeau armorié, tandis qu’Etienne se trouve au cimetière de Davézieux, proche de leur maison natale. Il occupe la seule chapelle d’importance du cimetière, refaite postérieurement.

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La tombe de Joseph à Annonay

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Chapelle d’Etienne à Davézieux

Dans cette même chapelle repose le gendre d’Etienne de Montgolfier, Barthélémy BAROU de La LOMBARDIÈRE de CANSON (1774-1859). Il devint propriétaire de la fabrique de papier après la mort de son beau-père et y apporta de nouvelles améliorations. Lui aussi eut donc un patronyme devenu « nom commun » : qui n’a jamais manié les fameuses « feuilles canson » ? L’entreprise devient « Montgolfier et Canson », puis « Canson-Montgolfier » en 1807. Barthélémy de Canson développa les manufactures et mit au point de nombreux procédés techniques, dont le papier calque (ou papier végétal à calquer à l’époque). Le lien entre les Montgolfier et Canson est visible dans le logo de la marque : une montgolfière stylisée !

Canson fut nommé Pair de France le 11 octobre 1832 et siégea parmi les partisans du gouvernement jusqu’à la révolution de février 1848.


Source : Larousse


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