TOULET Paul-Jean (1867-1920)

cimetière Saint-Nicolas de Guéthary (64)
lundi 2 janvier 2012
par  Philippe Landru

Qui est Toulet quand il vient s’installer à Guéthary ? Né à Pau le 8 juin 1867, ce grand noctambule a vécu à l’île Maurice, à Alger, et à Paris depuis 1898, fréquentant les salons mondains et les boudoirs demi-mondains, écrivant pour des revues, travaillant beaucoup, mais abusant de l’alcool et de l’opium. Auteur de romans comme Mon amie Nane qui mettent en scène des femmes de mœurs légères, il n’est pas encore considéré comme un écrivain important, même si des poètes qualifiés de « fantaisistes » (Tristan Derême, Jean-Marc Bernard, etc.) revendiquent son influence.

En 1916, quatre ans avant sa mort, Paul-Jean Toulet vint habiter Etcheberria, maison du XVIIIe siècle avec balcon en ferronnerie, surmontée d’une lucarne en pierre, qui s’élève toujours au bout d’une allée de platanes doublée d’une haie d’hortensias. Elle ne manque pas de charme mais Toulet la trouvait très sombre et « aussi délabrée par l’âge que l’empereur d’Autriche ». À vrai dire, c’est surtout la santé du poète qui était délabrée. Après quatre années passées au château de la Rafette, entre Libourne et Bordeaux, il venait d’épouser Marie Vergon, fille d’un restaurateur de Guéthary, un amour de jeunesse, semble-t-il, mais qui lui servit surtout de garde-malade.

À Etcheberria, « il recevait dans un grand encombrement de livres et de bibelots ses amis parisiens ou provinciaux », écrit Pierre-Olivier Walzer dans un livre sur Toulet paru chez Seghers en 1954, dans la collection « Poètes d’aujourd’hui ». « Presque constamment alité, il lit, travaille un peu, griffonne de rapides épîtres dans lesquelles il réclame invariablement des cartes postales illustrées, des catalogues de musée ou les "Gazettes des Beaux-Arts" qui manquent à sa collection, sans s’interdire d’ailleurs de parler littérature ou de pester contre la misérable politique du gouvernement". C’est dans sa villa Etcheberria que Toulet meurt brutalement d’une hémorragie cérébrale le 6 septembre 1920. Il avait 53 ans.

Les années Toulet à Guéthary peuvent paraître courtes, mais c’est durant cette période qu’il polit et repolit Les trois impostures, étincelantes maximes pleines d’amertume dans la grande tradition des moralistes français, et surtout son chef-d’œuvre, Les contrerimes, recueil de poèmes au système rythmique original, alternant l’humour et le désenchantement, l’ironie et la nostalgie. Les deux livres paraîtront après sa mort. Même s’il n’est pas encore très connu du grand public, Toulet a toujours un petit club d’admirateurs parmi lesquels Michel Déon, Jean d’Ormesson, et Frédéric Beigbeder, autre Guéthariar.

Au cimetière à terrasses de Guéthary qui, comme l’église Saint-Nicolas qu’il enserre, domine de loin et de haut l’océan, il faut aujourd’hui se frayer un chemin à travers les herbes folles pour parvenir jusqu’à la tombe de Paul-Jean-Toulet. Un beau médaillon de bronze, à l’effigie du poète, est incrusté sur cette large plaque de pierre grise, mais les titres de ses livres, gravés à l’origine, s’effacent avec le temps. La tombe a été réalisée par Georges Clément de Swiencinsky, sculpteur d’origine polonaise qui vivait, lui aussi, à Guéthary où il se lia d’amitié avec Toulet. C’est ce dernier qui l’incita à abandonner la médecine pour se consacrer à la sculpture.


Biographie librement inspirée d’un article de Sudouest.fr du 15 juillet 2011.


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