MENTON (06) : Les personnalités oubliées des cimetières de Menton
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Il connaît les oubliés des cimetières mentonnais. L’ancien marbrier, Olivier Oliviero est un livre ouvert, dont chaque page fourmille de détails et d’anecdotes. Car, dès 1989, le Mentonnais participe à la restauration du cimetière du Vieux-Château. Il découvre de nombreuses personnalités enterrées dans l’ombre. Il parcourt les encyclopédies pour décoder les énigmes que renferment ces tombes silencieuses.
Et, en zigzaguant entre les dalles de marbre, le conteur fait revivre les morts du Vieux-Château : « Sous cette tombe repose Louis de Partouneaux. Un général qui, au départ, a combattu aux côtés de Bonaparte ». Et, il livre une histoire étonnante : « Alors que Partouneaux assure l’arrière-garde de l’opération de la Bérézina, il est fait prisonnier par les Russes. Napoléon l’accuse à tort d’avoir fui en abandonnant sa division. Et ce n’est qu’en 1815, que le général Partouneaux a pu rétablir la vérité ! »
Il parcourt le cimetière et s’arrête soudainement en faisant crisser les gravillons sous ses chaussures. « Au Vieux-Château, sont également enterrés Auguste Massa et Charles Trenca, à l’origine de la révolution mentonnaise ! », clame-t-il.
Il s’attache aux personnages historiques, mais aussi aux anonymes dotés d’un cœur héroïque. « Le recteur John Jeayes s’occupait de deux enfants. Un jour, il les a emmenés à Sainte-Agnès, près d’un grand bassin. L’un des enfants est tombé à l’eau et le recteur a tenté de le sauver. Ils sont finalement morts tous les deux et le recteur est enterré au Vieux-Château ». Olivier Oliviero dévoile un autre secret : « Cette histoire tragique, Guy de Maupassant l’a écrite à l’une de ses amies ! En effet, un paysan a relaté ce drame à l’écrivain qui était de passage à Menton pour voir sa mère convalescente. »
Puis, le maître des lieux se dirige vers le cimetière du Trabuquet, à quelques mètres plus en hauteur. Il lève son bras vers un tombeau et prononce le nom de la princesse indienne « Rahmeh Teodora ». Ses yeux bleus fixent la mer et le retraité se remémore : « Une blanchisseuse presque centenaire. Elle venait déposer des fleurs sur la tombe de famille et m’a appris que la princesse Rahmeh, qui a vécu à Menton, a été enterrée au Trabuquet… Mais sa tombe est totalement abandonnée ! ».
Dans son élan, il enchaîne en élevant la voix : « Et le professeur Pierre Lépine. Qui sait qu’il est enterré avec sa famille ? ». Pourtant, il a mis au point le vaccin contre la polio et son grand-oncle n’est autre que le créateur du fameux concours !
Un voyage surprenant avec les fantômes du passé.
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