PESSAC (33) : Un historien contre l’oubli

Article de Sudouest.fr du 1er novembre 2011
jeudi 3 novembre 2011
par  Philippe Landru

Des tombes remarquables racontent l’histoire de Pessac, mais Jacques Clémens redoute la disparition de certaines.

Ce n’est pas le Père-Lachaise, mais pour l’historien et voisin du cimetière de Pessac, Jacques Clémens, on peut faire plus qu’y poser son pot de chrysanthèmes le jour de la Toussaint : « Il y a beaucoup de personnalités enterrées ici, c’est instructif. » Par exemple, un rescapé du naufrage de la Méduse. Cette fois, il s’est penché sur un « chemin de croix » en trois « stations ». Deux renvoient à des noms de rue : Adrien Ducourt et Hector Domecq.

Le premier, en bon entrepreneur, s’est bâti une tombe monumentale : « Elle est représentative de l’école d’architecture néogothique très présente dans le Bordeaux du XIXe siècle. Un cimetière est un reflet de la société. Comme d’autres, cette tombe matérialise aussi la nostalgie de l’église, dans, où près de laquelle on se faisait autrefois enterrer. C’est Napoléon qui a créé cette notion de caveaux, conformément à sa vision de la famille. À Pessac, le transfert s’est fait vers 1820. Les plus riches se sont fait construire de véritables petites chapelles, rappelant le lieu de culte. »

Grandeur et abandon

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Jacques Clémens souligne l’intérêt du tombeau d’Adrien Ducourt

Très haut, surmonté d’une croix, le monument d’Adrien Ducourt comporte un cénotaphe, faux sarcophage, entouré de quatre colonnes qui soutiennent un toit de pierre. En ce 1er novembre, il est aussi là pour nous rappeler qu’on est peu de chose : lui, le bâtisseur, conseiller général qui a contribué à la modernisation du bourg avec le maire Herman Lemoine, qui a conçu le bâtiment de la musicale Saint-Martin, construit l’église de Martillac, nous laisse une tombe orpheline. « Elle est manifestement abandonnée. Il serait dommage qu’elle soit démolie pour faire de la place, s’inquiète Jacques Clémens. Avant de raser, il faut réfléchir, faire un inventaire et voir ce que l’on doit garder. »

On peut toutefois se demander s’il ne fait pas du corporatisme avec son deuxième exemple. Il a d’ailleurs du mal à retrouver l’emplacement. En fait, la dalle vaut par la dépouille qu’elle recouvre. «  Georges Radet fut professeur d’histoire ancienne à la faculté de Bordeaux de 1888 (avant, il était à Alger) à 1934. Il a fondé l’École des hautes études hispaniques, la Casa Velasquez et la Revue des études anciennes, encore publiée.  » Las, aucune fleur ne lui rend plus hommage et la rouille grignote la grille. L’oubli guette l’historien !

Leçon de vie

En revanche, la tombe d’Hector Domecq est toujours entretenue par la famille. Hector Domecq qui a donné son nom à la rue où habite… Jacques Clémens. Mais ce n’est pas son seul intérêt : «  Voyez la plaque qu’a fait graver sa mère ». Car Hector, lauréat de la faculté de droit est mort à 20 ans, en 1916 dans la Marne. Au champ d’honneur certes, mais… « Tu m’as pris un héros, tu me rends un cercueil », dit la maman à sa patrie qu’elle tutoie avec dignité. Hector n’avait pas moins de courage quand il écrivait peu de temps avant sa mort, à son cousin, élève à Saint-Genès qui venait de goûter des vacances ensoleillées : « J’en suis heureux pour toi. Puisque tu as le bonheur d’être loin de la guerre, profite du calme et de la tranquillité d’esprit que nos soldats t’assurent, en faisant ton devoir, c’est-à-dire en préparant avec soin tes examens futurs, tes succès de demain qui t’assureront plus tard, la victoire dans la lutte pour la vie […] non pas dans les tranchées, mais sur les marchés. »


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