MALLET-STEVENS Robert (1886-1945)

Passy - 11ème division
vendredi 27 mai 2011
par  Philippe Landru

Après de brillantes études à l’École spéciale d’architecture, prônant une orientation plus rationaliste que les Beaux-arts, Robert Mallet Stevens construisit essentiellement des villas pour de riches mécènes. Les plus connues furent celle du couturier Paul Poiret (1921), le gigantesque complexe culturel et sportif privé de mille huit cents mètres carrés pour Charles et Marie-Laure de Noailles, ou encore l’édifice réalisé pour l’industriel du textile roubaisien Paul Cavrois (1929).

Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, Mallet-Stevens défraya la chronique en présentant, dans son Pavillon du tourisme, des arbres d’allure cubiste, sculptés en ciment. A la même époque, l’architecte produisit des décors de films pour Marcel l’Herbier ; principalement ceux de L’Inhumaine (1923-24) et Le Vertige (1926).

En 1929, Mallet-Stevens co-fonda – avec Le Corbusier, Eileen Gray, Francis Jourdain, Charlotte Perriand et Jean Prouvé – l’Union des Artistes Modernes (UAM). L’organisation prônait l’industrialisation, le modernisme et la démocratisation de l’art. Il se vit attribuer la construction de cinq pavillons pour l’Exposition internationale des arts et des techniques de 1937 : ceux de la Solidarité nationale, de l’Hygiène, le palais de l’Électricité et de la Lumière, le Pavillon de la Régie des tabacs et celui des Cafés du Brésil. On lui attribue également, au cimetière de Puteaux, la tombe cubiste de l’architecte Charles Plumet.

Avec lui repose sa grand-mère, Jeanne THILDA (Mathilde Kindt : 1833-1886). Épouse d’Alfred Stevens, elle ne vécut que pour la littérature et la politique. Elle rédigea, dans le Gil Blas, des articles corrosifs sur les écrivains, les peintres et les hommes politiques les plus en vue, en particulier tous les tenants de la peinture académique, Gérôme en tête. Elle défendit, avec virulence, les écrivains qu’elle admirait et que refusait de reconnaître l’establishment, Zola, Barbey d’Aurevilly mais aussi Maupassant et George Sand. Elle fut l’auteur de romans sous le nom de plume de Jeanne Thilda. Elle ne tarda pas à apparaître comme une égérie et tint un salon sur lequel elle régna. Son salon était fréquenté par les écrivains et musiciens français et européens de son temps, dont les plus critiqués, Baudelaire, Barbey d’Aurevilly, Flaubert, pour les plus célèbres, Gautier, Renan, Tourgueniev, Verlaine, Offenbach, Rimski-Korsakov. Amie de Maupassant, et peut-être plus qu’une amie, l’écrivain a immortalisé Jeanne Thilda dans son célèbre roman « Bel Ami », sous les traits de Mme Forestier, la séductrice, l’égérie des hommes politiques, la femme de tête, capable de faire et de défaire l’avenir d’un jeune loup. Jeanne, la fille du couple, épousa le collectionneur d’art Maurice Mallet : tous deux, qui reposent dans ce caveau, furent les parents de Robert Mallet-Stevens.

Pour un tel parangon de modernité, sa tombe est finalement très classique.


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Commentaires

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MALLET-STEVENS Robert (1886-1945)
samedi 8 février 2014 à 17h32 - par  HolyvieR

La vraie photo :-|

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vendredi 22 décembre 2017 à 21h37 - par  alfredo

juste pour vous signaler que la mère de RMS était Juliette Léopoldine stevens

Site web : mere de rms
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MALLET-STEVENS Robert (1886-1945)
samedi 8 février 2014 à 17h31 - par  HolyvieR

Je voudrais relever une petite erreur. La photo ci-dessus ne représente pas Jeanne THILDA décédée en 1883 mais Jane THYLDA, qui n’est pas du tout la même personne. Cette Jane THYLDA était une comédienne de la Belle Epoque réputée pour ses spectacles de pantomimes. Erreur que l’on retrouve aussi sur le site « Autour du père Tanguy ».