RENOUVIN Pierre (1893-1974)
par
Historien français, ses rapports à sa discipline, sa méthode, son champs d’étude et ses innovations méritent d’être contés dans la mesure où ils sont tous interdépendants.
C’est parce qu’il fut chargé par le ministre de l’Instruction publique André Honnorat de mener une vaste enquête sur les origines de la Première Guerre [1], guerre durant laquelle il avait perdu un bras au chemin des Dames, que de moderniste il alla vers l’histoire contemporaine, et qu’il devint l’un des plus grands historiens de cette guerre.
C’est parce que, pour réaliser ce travail, il avait besoin d’un nombre important de brochures, d’images et documents sur différents pays qu’il fonda, à partir d’un fond privé, la bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) à Vincennes dont il fut nommé conservateur en 1920.
C’est parce que, pendant cette recherche, il constata que les archives diplomatiques étaient insuffisantes à rendre compte d’un phénomène complexe et « qu’au-delà des actions des diplomates, il fallait chercher les forces sous-jacentes », qu’il s’éloigna de la Diplomatique "à l’ancienne" pour fonder une discipline nouvelle : l’histoire des Relations internationales. Influencé par l’École des Annales, il privilégia ainsi l’analyse des « forces profondes » des événements.
Après la Seconde Guerre mondiale, la collection Hachette lui demanda une Histoire des relations internationales depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Professeur d’histoire des relations internationales à la Sorbonne, membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1946 et président de la Fondation nationale des sciences politiques de 1959 à 1971, sa personnalité et son travail ont eu une grande influence sur plusieurs générations d’historiens, notamment sur Jean-Baptiste Duroselle qui prit sa suite. Encore aujourd’hui, l’histoire des relations internationales, privilégiée par les contemporéanistes, est encore dominée par la stature de Pierre Renouvin.
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[1] demande du gouvernement non neutre : dans le cadre des réparations, l’Allemagne cherchait à démontrer qu’elle n’était pas la seule responsable de la guerre ; la France espérait bien que Pierre Renouvin démontrerait le contraire.
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