MEAUX (77) : ancien cimetière
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Ouvert en 1800, ce qui fait de ce cimetière l’aîné du Père Lachaise de quatre ans, on ne vient pas ici pour les personnalités qui y sont inhumées (pour l’essentiel des militaires très oubliés), ni même pour la statuaire, très modeste. En revanche, son cadre a tout pour séduire : l’ancien cimetière de Meaux, sur un sol sablonneux duquel la végétation n’est pas absente, a conservé une bonne partie de ses tombes anciennes. C’est, dans toute l’Ile-de-France, Père Lachaise inclus, l’un des endroits où l’on imagine le mieux à quoi pouvait ressemblés les cimetières au XIXe siècle. Vieilles pierres, stèles branlantes, épitaphes larmoyantes : rien n’est oublié pour les amateurs de romantisme. On ne négligera pas non plus toute la société meldoise du XIX siècle qui s’y fit inhumer et qui apparaît sur les plaques funéraires : négociants, notaires, artisans, et même ce savoureux « fabricant de vermicelle » ! Pas étonnant que ce cadre si photogénique serve régulièrement pour le cinéma et la télévision. Encore récemment, il devint le cimetière de Loudun pour les besoins de la fiction créée autour de Marie Besnard, avec Muriel Robin dans le rôle titre.
Curiosités
Comme nous l’avons mentionné, la production artistique est bien modeste.
A l’entrée, la tombe du notaire royal Ange François Dumont, mort en 1803, passe pour être la plus ancienne du cimetière.
Ce cimetière contient plusieurs tombes Viollet-Leduc. Cette famille de Meaux comptait des négociants et des notaires, mais elle n’a pas de liens proches avec la lignée parisienne du célèbre architecte.
Chaque cimetière à ses particularités : l’une de celles de Meaux est l’utilisation généralisée de petites plaques en fonte ou en cuivre portant l’identité des défunts. Cela à l’avantage de résister au temps. Néanmoins, certaines, détachées de leur tombeau initial, se retrouvent perdues au milieu des concessions. Un dépositoire pour ces plaques existe également dans le cimetière.
Célébrités : les incontournables…
… mais aussi
Le peintre orientaliste Théodore Claude Félix de LIGNY (1798-1863). Ancien élève de Guérin et de Fleury, il exposa au Salon de 1831 à 1845. Son identité est quasiment illisible sur la stèle détachée déposée sur sa tombe.
Le général François-Charles Du BARAIL (1820-1902), qui se signala lors de la conquête de l’Algérie (il fut décoré pour sa conduite à la prise de la smala d’AbdelKader), mais également lors de l’expédition mexicaine. De mai 1873 à mai 1874, il fut ministre de la Guerre. On lui doit notamment la loi sur l’organisation générale de l’armée. La chute de Mac Mahon signifia sa retraite.
Charles Stanislas L’ÉVEILLÉ (1772-1833) : Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, il participa aux travaux de construction du canal de l’Ourcq et ses fit connaître par ses études sur les premiers ponts suspendus français.
Jules Georges LUGOL (1864-1950), ancien maire de la ville, qui fut député puis sénateur du département. Il fut en outre Sous-secrétaire d’État aux Régions Libérées entre 1921 et 1922.
Le général Pierre PAULTRE de LAMOTTE (1774-1840), qui servit sous la Révolution et l’Empire, fut blessé à Wagram. Il était baron d’Empire.
Le général Noël RAOULT (1810-1870) se distingua sur de nombreux champs de bataille, en Afrique, en Orient, en Italie, puis en 1854 en Russie, lors de la bataille de Sébastopol. De retour en France, il poursuivit sa carrière comme chef d’état-major de la Garde Impériale, prenant part aux batailles de Magenta et de Solferino. Il mourut tué lors de la guerre franco prussienne. Le lendemain, les honneurs militaires lui furent rendus par les officiers et soldats allemands qui occupaient la ville. En raison de l’état de guerre et de l’instabilité politique en France, le corps du général ne fut rapatrié à Meaux que le 9 mai 1871. Ses restes furent déposés dans un caveau provisoire puis inhumés lors d’une cérémonie solennelle, le lundi 6 novembre 1871. Son sarcophage indique ses décorations, en particulier l’Ordre du Bain britannique et l’Ordre du Medjidié de Turquie.
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