SAINT-MAURICE (94) : cimetière
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Jusqu’en 1842, la commune de Saint-Maurice était dénommée "Charenton-Saint-Maurice". Située entre le bois de Vincennes et la Marne, on a du mal à se croire si près de la capitale quand on chemine dans certaines de ses rues !
Proche de l’ancien hospice de Charenton, devenu l’hôpita Esquirol, il est vrai que les deux communes se télescopent en bien des points. Le cimetière de Saint-Maurice ouvrit ses portes en 1853 (il fut ensuite étendu en 1881, puis en 1892). Pour y aller, il vous faudra monter une pente assez raide (!). C’est un cimetière en terrasses d’où la vue porte loin.
Curiosités
Si les célébrités ne sont pas bien nombreuses à Saint-Maurice, le cimetière contient néanmoins plusieurs tombeaux ornés, dont deux tombeaux permettant d’évoquer des drames très oubliés de nos jours :
Le tombeau du docteur Pierre Jules Decorse (1842-1886), qui fut chirurgien, maire de Saint-Maurice de 1876 à 1886 et Conseiller Général de la Seine, fut édifié sur les plans de l’ architecte Georges Guyon par souscription publique. Il est ornée d’un médaillon en bronze par E. Capy.
Le tombeau de Jean-Joseph Moulin, second maître mécanicien, victime de la catastrophe du Pluviôse à Calais le 26 mais 1910. Il y avait à peine cinq ans que les sous-marins existaient quand le ministre de la Marine, Camille Pelletan décida la création à Calais d’une flottille sous-marine. Opérationnelle, elle réunit trois unités. L’une d’elles, le Pluviôse, appareilla le 26 mai 1910 pour des exercices au large, dont un simulacre d’attaque de navire. Le paquebot Pas-de-Calais venait de sortir des jetées quand il éventra accidentellement le sous-marin, qui disparut avec ses vingt-sept occupants. Aucun ne survécut. Le président de la République Armand Fallières assista aux funérailles des victimes, suivies par une foule considérable. Je retrouve régulièrement tout autour de la France des victimes de ce drame.
Le tombeau d’Abel Adrien Colas (1891-1911) , matelot cannonier, victime de la catastrophe du Liberté à Toulon le 25 septembre 1911, érigé par le sculpteur H. Vidal sur les plans de l’architecte Georges Guyon. Le Liberté était un cuirassé de la marine française qui explosa accidentellement dans le port de Toulon, le 25 septembre 1911. Un feu localisé près des munitions se propagea rapidement : le navire explosa emportant 200 hommes d’équipage et une centaine de marins des navires les plus proches. Là encore, les plus hautes autorités, dont le président Armand Fallières, participèrent aux obsèques.
Une curiosité jamais vue dans un autre cimetière : dans une jardinière, des fleurs... en bronze (!) portent l’identité des défunts.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
On ne saurait néanmoins présenter le cimetière de Saint-Maurice sans mentionner la personnalité de Donatien Alphonse François, comte de SADE (1740-1814), le fameux divin marquis. Le fait est connu : obèse et malade, il mourut à l’hospice de Charenton où il avait été enfermé durant treize ans. Ce n’est pas dans ce cimetière mais dans celui de l’hospice qu’il fut inhumé, sous une dalle qui ne dut pas exister très longtemps : l’histoire précise que contrairement à ses voeux, on avait placé sur cette tombe une croix. L’actuel conservateur du cimetière m’a indiqué que "selon la tradition", cet ancien cimetière de l’hospice, désaffecté depuis belle lurette, se trouvait en bas de la pente de l’actuel cimetière, en face de l’église, emplacement où se trouve désormais...une crèche ! Insouciants parents, confiant leurs bambins aux mânes du sulfureux marquis !!!
... mais aussi
Le compositeur et chef d’orchestre Marius KOWALSKI (1886-1963), dont la tombe est en reprise.
Charles MERYON (1821-1868) : peintre et graveur, il était atteint de daltonisme et se détourna de la peinture au profir de la gravure. Il fut l’auteur d’eaux fortes d’une intensité remarquable, qui furent saluées par Baudelaire ou Hugo. Atteint de troubles psychiatriques graves (dépression, délire de la persécution), il mourut à l’hospice de Charenton où il avait été interné.
Le peintre Raymond MOISSET (1906-1994), qui travailla essentiellement à Montmartre. Il exposa à partir des années 30 et fut également illustrateur.
Le vétérinaire et microbiologiste Edmond NOCARD (1850-1903), qui
étudia la médecine vétérinaire à l’École vétérinaire de Maisons-Alfort puis dirigea le Service Clinique de cette école. En 1876 il fut chargé de créer une nouvelle revue, Les Archives Vétérinaires, où il publia un grand nombre d’articles scientifiques concernant la médecine, la chirurgie, l’hygiène et la jurisprudence. Professeur de médecine vétérinaire clinique et chirurgicale à l’École Vétérinaire, il eut parmi ses élèves Camille Guérin, le codécouvreur du Bacille de Calmette et Guérin (BCG). En 1880, il entra comme assistant au laboratoire de Pasteur à Paris. Il y aida Pasteur et Roux dans leurs expériences de vaccination d’animaux contre le charbon. En 1895 il devint membre à part entière de l’Institut Pasteur. Ses travaux sur la bactériologie furent fondamentaux.
Le Général baron Jean-Pierre PIAT (1774-1862), qui participa aux grandes campagnes de la Révolution et de l’Empire. Rappelé à l’activité après la Révolution de 1830, il commanda le département du Var, puis celui des Hautes-Alpes. La révolution de 1848 lui fit entrevoir la possibilité d’une restauration bonapartiste qu’il appelait de tous ses vœux : il fonda de nombreux journaux populaires d’inspiration clairement bonapartiste. Il fut nommé sénateur en 1852 et siégea à la Chambre haute jusqu’à sa mort. Son tombeau, désormais illisible, est orné d’une sculpture représentant ses épées et ses épaulettes.
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