AMIENS (80) : cathédrale

mercredi 31 mars 2010
par  Philippe Landru

Comme toutes les cathédrales, celle d’Amiens possède son lot de tombeaux et de gisants, certains magnifiques comme ceux d’Evrard de Fouilloy et de Geoffroy d’Eu, des pièces uniques, seuls témoins des bronzes du XIIIe subsistant en France, et miraculeusement épargnés par le vandalisme révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle.

Comme dans toutes les cathédrales, ces tombeaux appartiennent à des évêques et des chanoines. Il ne s’agira pas ici de tous les présenter. Cet article se contentera de présenter trois témoignages funéraires intéressants notre sujet :

- Une relique constituée d’un petit « éclat » d’os crânien, présumé appartenir à saint Jean-Baptiste, est présenté dans une vitrine (un coffre en bois avec vitre) dans le transept nord. En outre, un crâne (seul rescapé des destructions de la Révolution) est conservé dans le « trésor » près de la sacristie, il est considéré comme étant celui de saint Jean-Baptiste : soupçon renforcé par le fait que sur ce crâne manque exactement un « éclat » de la taille de celui présenté comme étant une relique du saint dans le transept. Ce crâne fut ramené en 1206 lors de la Quatrième croisade par un chanoine de Picquigny, Wallon de Sarton. Le reliquaire est composé, d’une part de cristal de roche du XIIIe siècle, et d’autre part d’une pièce d’orfèvrerie reconstitution du XIXe, faite par l’orfèvre parisien Placide Poussielgue-Rusand, sur base de l’œuvre de Ducange du XVIIe, détruite à la Révolution.

- Juste derrière le chœur, face à l’entrée de la chapelle axiale, se trouve le mausolée du chanoine Guilain Lucas (mort en 1628), œuvre de Nicolas Blasset, sculpteur amiénois qui travailla pour la cathédrale de 1630 à 1659 et qui réalisa ce groupe en 1636. Au-dessous, le gisant du chanoine, mains jointes, est allongé dans un enfeu du soubassement. Dans la partie supérieure, le chanoine est représenté agenouillé face à une statue de la Vierge à l’Enfant.

Entre le chanoine et la Vierge, au centre du monument, figure le très célèbre Ange pleureur, qui symbolise le chagrin des orphelins dont le chanoine s’était occupé en créant une Maison de Charité en leur faveur, également appelée École des enfants bleus. Le petit angelot, encore bébé, s’appuie à droite sur un clepsydre, sorte de sablier, symbole de la brièveté de la vie, et à gauche sur le crâne décharné d’un squelette, symbole de la mort.

Cet ange devait servir par la suite de modèle à un nombre considérable de tombeaux dans le monde entier. Son succès lui vint également du fait que pendant la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de cartes postales, de médailles et autres objets furent fabriqués à l’effigie de cet ange et vendus notamment aux soldats qui les emmenèrent ou les envoyèrent aux quatre coins de la terre.

Les habitués des cimetières connaissent bien ce petit ange. Pour ne citer que quelques exemples, on le trouve sur sept tombeaux du cimetière de la Madeleine d’Amiens, mais aussi dans plusieurs cimetières parisiens, dont le Père Lachaise et le cimetière de Passy.

- Beaucoup plus discret, un académicien français repose dans le transept de cette cathédrale : il s’agit de Jean-Baptiste Louis GRESSET (1709-1777).

Jésuite, il publia en 1730 une Ode sur l’amour de la patrie, puis de la poésie badine, raillant et s’amusant de la vie des couvents. Son chef d’œuvre - dans le genre - fut le poème Vert-Vert. Le succès considérable qu’il connut en fit un véritable « phénomène littéraire », mais lui attira aussi des ennemis : il quitta la Compagnie de Jésus en 1735, sans avoir été ordonné prêtre.

Commença alors une vie mondaine : protégé de Madame de Pompadour, il fut en butte à la verve des chansonniers jaloux de la faveur dont il jouissait. Il fut élu à l’Académie française en 1748. Il eut l’insigne honneur d’être admis à l’Académie royale de Berlin, tout en déclinant l’offre du roi de Prusse de s’établir dans sa capitale. Il fonda en 1750 l’Académie d’Amiens, dont il fut nommé président perpétuel.

Sa présence est signalée par sa dalle funéraire, ainsi que par une plaque disposée sur une des colonnes.


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