BOURGUIBA Habib (1903-2000)

Mausolée et mosquée Bourguiba de Monastir - Tunisie
vendredi 1er janvier 2010
par  Philippe Landru

Issu de la petite bourgeoisie tunisienne, Habib Bourguiba suivit des études de droit en France avant d’adhérer, à son retour en Tunisie en 1927, au Destour (« Constitution »), parti de l’indépendance tunisienne. Il fonda la même année le journal l’Action tunisienne, qui prônait la laïcité. Cette position originale au sein du Destour conduisit en 1934 à une scission du parti en deux branches, l’une islamisante, le Vieux Destour, et l’autre plus moderniste, le Néo-Destour.

Opposant à la colonisation française, il fut arrêté à plusieurs reprises par les Français entre 1934 et 1942. Libéré par les Allemands – qui occupaient Bizerte et Tunis après le débarquement allié en Afrique du Nord (novembre 1942) –, Bourguiba fut mis en résidence surveillée par les autorités françaises dès la libération de la Tunisie (1943). Il parvint toutefois à quitter clandestinement la Tunisie en 1945. De nouveau arrêté (1952), il fut élargi en 1954. Dans le cadre de la politique de décolonisation menée par Pierre Mendès France, Bourguiba s’imposa comme le seul interlocuteur tunisien de poids. Ce fut ainsi qu’il participa aux conversations qui débouchèrent sur l’autonomie (1955), puis sur l’indépendance (1956).

Après avoir été président du Conseil (1956) et fait destituer le bey (juillet 1957), il fut élu président de la République tunisienne (8 novembre 1957). Il instaura un régime de parti unique, qui mena une politique de laïcisation de la société traditionnelle. Il engagea la Tunisie dans la voie de la modernité. Son action à l’extérieur fut marquée par une volonté d’apaisement (entre Israël et les pays arabes dans les années 1960). Pourtant, le long règne de Bourguiba s’acheva dans une atmosphère de crépuscule alimentée par une une grave crise économique et une véritable paranoïa du chef de l’Etat, engagé dans une lutte sans merci contre la montée de l’islamisme menée par le général Ben Ali, qui finit par le destituer en 1987. Il fut par la suite assigné à résidence à Monastir.

De son vivant, dans les années 60, il a décidé la construction du mausolée destiné à recevoir sa dépouille, ainsi que celles de sa famille. Ce mausolée, en marbre blanc, a une architecture tunisienne traditionnelle, et possède un grand dôme doré entouré de deux minarets d’une hauteur de 25 mètres. L’entrée se fait par une grande porte de bronze sur laquelle sont gravés, selon les instructions de Bourguiba, trois maximes qu’il pensait résumer sa vie politique : « Le combattant suprême », « Le bâtisseur de la Tunisie moderne » et « Le libérateur de la femme ». Près du mausolée se trouve un grand cimetière datant du 12ème siècle, ainsi que la marina de Monastir.


Photo 2 : Bertolucci sur www.trekheart.com


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