ASTIER DE LA VIGERIE (d’) Henri (1897-1952)

Cimetière de Vaucresson (92)
mercredi 16 décembre 2009
par  Philippe Landru

Engagé volontaire en 1915, trois fois blessé et trois fois cité, il termina la guerre comme lieutenant et chevalier de la Légion d’honneur, à titre militaire. Dans la période qui suit, Henri d’Astier fut très engagé politiquement dans les milieux d’extrême-droite, particulièrement royalistes. Il appréciait peu le régime républicain et estimait que la France serait plus forte sous l’autorité d’un monarque. Il passa pour avoir comploté contre les pouvoirs en place, dans les Ligues, et peut-être même d’avoir trempé dans La Cagoule.

Mobilisé en 1939, en qualité de lieutenant de réserve, il entra dans la Résistance dès septembre 1940. Il fonda le réseau Orion, puis rejoignit l’Afrique du Nord où il organisa la préparation d’un débarquement allié. Cadre aux Chantiers de jeunesse, il bénéficiait d’ordres de mission qui lui permirent d’étendre son réseau. Le 8 novembre 1942, en pleine nuit, Henri d’Astier et ses comparses déclenchèrent l’opération qui donna à leurs 400 volontaires civils la maîtrise de tous les lieux stratégiques d’Alger et permit la capture de Juin, commandant en chef, et de l’amiral collaborationniste Darlan. Ce coup d’État neutralisa le XIXe Corps d’Armée vichyste d’Alger pendant 15 heures, permettant ainsi aux forces armées alliées de débarquer sans opposition, d’encercler Alger, et d’obtenir, le soir même, la capitulation de la ville avec son port intact.

Au terme de ce combat, Darlan, contraint et forcé de changer de camp, instaura à Alger un Haut Commissariat de France en Afrique et reprit la guerre, tout en maintenant en Afrique du nord les lois discriminatoires de Vichy et les déportés politiques dans leurs camps du sud. Henri d’Astier organisa alors avec l’aide de jeunes officiers anglais, écœurés de voir maintenu le régime de Vichy dans le camp allié, une force de choc, regroupant des volontaires du 8 novembre, force qui devint ultérieurement le Corps franc d’Afrique. C’est alors que Darlan, désireux de se l’attacher, lui proposa la direction de la police, en qualité de Secrétaire-adjoint à l’Intérieur du Haut-Commissariat. Henri d’Astier accepta cette proposition, mais avec la volonté bien arrêtée de mettre fin au pouvoir de Darlan. Il avait eu l’idée de remplacer l’amiral par le Comte de Paris, prétendant orléaniste au trône de France, qu’il avait fait venir à Alger. Il souhaitait que celui-ci prenne le pouvoir à la place de Darlan et unifie les autorités françaises de Londres et d’Alger, avec de Gaulle comme chef du gouvernement et Giraud comme chef des forces armées.

C’est alors que le jeune Fernand Bonnier de La Chapelle abattit Darlan. Le général Giraud, qui avait remplacé Darlan, ne lui accorda pas la grâce : une fois supprimé Bonnier, le principal témoin, Giraud fit ouvrir une nouvelle enquête sur le meurtre de Darlan. Il fit arrêter la plupart des chefs de la résistance algéroise, tandis que d’Astier était contraint de se cacher. Arrêté en janvier 1943, il ne fut libéré qu’après la constitution du Comité français de la Libération nationale (CFLN) et la prise du pouvoir à Alger par le général de Gaulle, en septembre de la même année.

En novembre 1943, Henri d’Astier fut nommé membre à l’Assemblée Consultative d’Alger et y entra à la Commission de la Défense Nationale. Il créa en avril 1944, les « Commandos de France » constitués uniquement de volontaires recrutés au sein des évadés de France. Lors du débarquement en Provence, il prit le commandement d’une équipe de 45 hommes destinée à précéder les troupes en opérant à l’intérieur des lignes ennemies. Les Commandos de France participèrent ensuite aux combats des Vosges et d’Alsace. Bien que Parlementaire, Henri d’Astier resta sur les champs de bataille et continua le combat jusqu’en Allemagne, après avoir pris en décembre 1944, le commandement de l’ensemble des Commandos de France.
Il décéda accidentellement à Genève.

Compagnon de la Libération, il était le frère de François (inhumé dans la 10ème division du Père Lachaise) et d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie (inhumé à Arronville, dans l’Oise), appartenant au même ordre.


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